"La recherche en neuromarketing donne un aperçu sans précédent de la pensée du consommateur. Les résultats seront une augmentation des ventes, une préférence pour certaines marques, ou encore le fait d’obtenir que les consommateurs se comportent de la façon que l'on désire." Cette vision du neuromarketing par Adam Koval, ancien Chief Operating Officer de BrightHouse - société précurseur du neuromarketing, basée à un jet de pierre du siège de Coca-Cola - peut faire froid dans le dos. Les uns crient au contrôle de la pensée, les autres au délire paranoïaque. Et entre dangers pour la démocracie et raccourcis faciles, faute éthique et progrès scientifique, les arguments fusent.

 

Alors... le neuromarketing manipule-t-il ?

 

Gary Ruskin
 
Gary Ruskin, directeur de Commercial Alert
 

"Cette manipulation

se fait complètement

à l'insu des consommateurs."

OUI : Gary Ruskin (Commercial Alert)

Le neuromarketing examine la réaction du cerveau d'un sujet à la vue de tel ou tel produit, pour prédire quand le consommateur va acheter. On utilise ces conclusions pour les réutiliser sur l'ensemble des consommateurs, dans le but de les influencer. Cette manipulation se fait donc complètement à leur insu : la recherche en neuromarketing donne aux entreprises les clés de nos processus de prise de décision.

 

Cela pose de plus une question éthique pour les médecins. Ils prononcent le serment d'Hippocrate, donc leur première obligation est de ne pas faire de mal au patient, ni à la société. Il n'est donc pas éthique qu'un médecin fasse de la recherche en neuromarketing.

 


Cécile Guerel
 
Cécile Guerel, directeur d'En Tête
 
"Le neuromarketing peut justement servir à mieux respecter le cerveau du consommateur."

NON : Cécile Guerel (En Tête)

D'abord, on ne peut pas manipuler le cerveau des gens comme ça... et il n'y a pas dans nos têtes de "bouton achat" qu'il suffirait de pousser. Le neuromarketing n'est qu'une autre méthode de mesure de la qualité d'une publicité, plus précise que les études de marché qualitatives : au lieu de demander aux gens ce qu'ils pensent d'un produit, on va regarder leur réaction dans leur cerveau. Cela sert à expliquer plus scientifiquement comment marche le marketing. Certes, le neuromarketing a aussi les travers du marketing. Mais ce ne sont que des outils : tout dépend ensuite de ce que l'on en fait. On pourrait, de façon tout à fait similaire, accuser le progrès en général. Pourtant, on ne le fait pas.

 

Ensuite, le neuromarketing peut justement être utilisé pour mieux respecter le cerveau du consommateur. Par exemple, les enfants n'ont pas la structure cérébrale nécessaire pour distinguer une publicité télévisée du monde réel. Vendre des petits gâteaux en montrant un enfant terrasser un monstre est donc, contrairement à ce que l'on imagine, très problématique. Le marketing est, incontestablement, dangereux pour les enfants. Le neuromarketing pourrait précisément aider à mieux comprendre leur cerveau… pour mieux le respecter.

 

 

 
QUI SONT-ILS ?
 
 

Gary Ruskin est le directeur exécutif de Commercial Alert, organisation américaine à but non lucratif "combattant les dangers de la société de consommation".

Cécile Guerel est directeur d'En Tête, cabinet de conseil français en neuromarketing.

 

 


 

Réalisé par Flore Fauconnier 20/02/2007

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