13/09/2005
Le CDI au banc d'essai Le
point sur le contrat nouvelles embauches
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A qui s'adresse-t-il ? Comment l'employeur peut-il le rompre
? Avec quel préavis ? Quelle indemnité ? Les caractéristiques
de ce nouveau contrat, entre CDI et CDD. |
Mis en place
par une ordonnance du gouvernement Villepin dans le cadre de sa "bataille
pour l'emploi", le contrat "nouvelles embauches" (CNE) est entré
en application le 4 août dernier. Officiellement, plus de 30.000 signatures
ont été recensées pour son premier mois d'existence.
Le
CNE a été créé pour faire face à la rigidité
des contrats classiques. Il vise à faciliter l'embauche et la séparation
de nouveaux collaborateurs. Qu'il soit le signe d'une avantageuse souplesse pour
les employeurs ou d'un certain type de précarité pour les employés,
ce nouveau contrat pourrait bien remodeler le paysage de l'emploi en France.
Réservé aux entreprises de moins de vingt salariés,
mais aussi aux associations, c'est avant tout une nouvelle catégorie
de contrat à durée indéterminée (CDI).
Le signataire est un salarié à part entière :
il bénéficie des dispositions relatives au Smic, aux
congés (congés payés, congés pour événements
familiaux, etc.), à la durée légale du travail
et aux heures supplémentaires. Il se plie également
aux dispositions de la convention collective éventuellement
applicable dans l'entreprise.
Le CNE est par ailleurs considéré comme
un "super CDD" au regard de la période de deux ans durant laquelle
la rupture du contrat peut être faite sans avis motivé de la part
de l'employeur et de l'employé. Cette période spécifique
dite de "consolidation de lemploi" doit notamment permettre à
un employeur de mesurer la viabilité économique et les perspectives
de développement de son entreprise.
Durant les deux ans suivant sa signature, le CNE prévoit
donc des "règles de rupture aménagées".
Lorsque la rupture est à l'initiative de l'employé,
il adresse à son employeur une lettre recommandée
avec avis de réception lui notifiant sa décision
de rompre le contrat, qui sera effectivement rompu dès
la première présentation de la lettre recommandée.
Il en va de même lorsque la rupture est à l'initiative
de l'employeur, mais la présentation de sa notification
fait courir un préavis dont la durée varie en
fonction de lancienneté du salarié. Le préavis
sera de deux semaines si le salarié justifie dune
ancienneté comprise entre un et six mois et dun
mois si lancienneté est supérieure à
six mois.
Afin d'éviter tout abus, la rupture à linitiative
de lemployeur au cours des deux premières années empêchera
la conclusion dun autre CNE entre le même employeur et le même
salarié pendant trois mois, à compter de la date de rupture. Si
la notification de rupture na pas à être motivée, il
convient cependant de faire particulièrement attention aux abus de droits
et aux ruptures discriminatoires. La rupture dun CNE conclu avec un salarié
protégé (représentant du personnel, délégué
syndical...) impose lautorisation de linspection du travail.
Côté
indemnisations, le salarié percevra une indemnité égale à
8 % du montant total de la rémunération brute due depuis la
conclusion de son contrat (contre 10 % dans le cas d'un CDD). Cette indemnité
nest soumise ni à limpôt ni aux cotisations sociales.
Il pourra de plus bénéficier de lassurance chômage selon
les règles en vigueur.
Si un salarié ayant travaillé moins de quatre
mois démissionne, il ne disposera daucune allocation
chômage. Sil a travaillé de quatre à
six mois, il touchera de lEtat une indemnité forfaitaire
de 16,40 euros par jour pour une durée d'un mois seulement.
Pour prétendre à lindemnisation classique
de lUnedic, il faudra donc avoir atteint une durée
de travail en CNE de six mois à deux ans.
Christian
Charpy, directeur de l'Agence national pour l'emploi (ANPE) estime le nombre de
contrats "nouvelles embauches" signés d'ici deux ans à
300.000 ou 400.000. Si aujourd'hui plus de 70 % des contrats de recrutement
sont des CDD (selon le ministère de l'emploi), ce chiffre pourrait rapidement
diminuer. Les employeurs risquent en effet d'opter pour la souplesse du CNE dans
des cas où, auparavant, ils auraient choisi le CDD. Un arbitrage qui se
fera aussi sans doute au détriment du CDI "classique".
"Je
pense que les contrats de CDI seront des CNE et que beaucoup de CDD seront des
CNE parce que c'est objectivement les meilleurs (contrats) pour tout le monde",
a déclaré Jean-Louis Borloo, ministre de l'emploi, le 23 août
dernier. Meilleur ou non, l'émergence du CNE ouvre objectivement une nouvelle
ère dans le monde de l'embauche.
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