Jean-Claude Giampino
"Travailler dans deux domaines différents est enrichissant"

Embaucher en multisalariat

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Le concept

Depuis presque sept ans, Jean-claude Giampino travaille en multisalariat à Clermont-Ferrand en Auvergne. Aujourd'hui, il est responsable administratif et financier dans une entreprise de services, plus précisément de recouvrement de créances mais également dans une entreprise industrielle qui fabrique des moules à fromages.

Qu'est-ce qui vous amené à choisir le multisalariat ?
Jean-Claude Giampino. Auparavant j'ai travaillé à temps plein pour une banque et dernièrement j'étais indépendant. En juin 1999 j'ai commencé à chercher du travail. A l'époque je ne savais pas ce qu'était le multisalariat ou le temps partagé, jusqu'à ce que je découvre l'association Compétences en temps partagé Auvergne. J'ai trouvé facilement du travail alors que le marché de l'emploi est difficile en Auvergne.

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Comment s'organise votre temps de travail entre vos deux employeurs ?
Je passe 70 % de mon temps dans l'entreprise de services et 30 % dans l'entreprise industrielle. Au début mes employeurs voulaient organiser mon temps de travail par demi-journées ce qui s'est révélé inefficace, notamment dans le traitement et le suivi des dossiers. Nous avons donc décidé que je passerais la première partie de la semaine chez l'un et la fin chez l'autre. Mes deux employeurs sont très proches géographiquement, dix minutes à peine en voiture.

Comment vos employeurs font-ils lorsque vous n'êtes pas là et qu'ils ont besoin de vous ?
Ils font preuve d'une grande souplesse. L'un sait que je travaille chez l'autre et ils sont flexibles. Cependant, il peut m'arriver d'échanger un jour ou une heure de l'un au profit de l'autre pour régler des affaires urgentes. Il faut aussi pouvoir répondre à des questions même si on n'a pas les dossiers avec soi. En terme de rémunération par rapport au temps de travail cela pourrait poser problème, mais mes employeurs restent vigilants. Et d'ailleurs à ce stade là, mieux vaut qu'ils se connaissent et soient en contact. Mon poste est stratégique tout autant que les informations qui me sont confiées. C'est pourquoi mes employeurs ne sont pas dans des activités concurrentes. Il faut néanmoins rester vigilant et ne pas se laisser happer par les deux activités jusqu'à faire deux temps pleins. C'est un peu caricatural, mais on a tendance à faire plus d'heures supplémentaires quand on a deux emplois plutôt qu'un seul. Il faut quand même mettre des barrières.

Il faut prendre en compte des législations et organisations différentes"

Est-il difficile de faire la coupure entre vos deux activités ? De ne pas tout mélanger ?
C'est très particulier car les deux entreprises ne font pas du tout la même chose et il faut savoir jongler entre les deux. Il faut être plus ordonné et rigoureux qu'à l'accoutumée, et faire une certaine gymnastique d'esprit pour sauter de l'un à l'autre. Savoir où on a stoppé un dossier, avoir des repères, tenir et suivre son planning. Surtout, j'évite de laisser des choses en plan. Je suis un certain ordre de marche. Sans organisation, cela devient problématique.

Etre responsable administratif et financier dans une entreprise de services est-il si différent que dans une entreprise industrielle ?
Ce n'est pas la même manière de travailler, ni les mêmes contraintes. Il faut prendre en compte des législations et organisations différentes, comme par exemple les systèmes de calcul de coûts. D'un côté, il y a des matières et de l'autre des personnes. Du reste, ce sont les mêmes problèmes que l'on rencontre dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur activité.

Comment se passe les relations avec vos collaborateurs dans ces deux entreprises ?
Dans l'entreprise de services, nous ne sommes que six, et trois dans l'entreprise industrielle. Franchement, je ne vois pas de différence. Bien qu'ils ne le fassent pas souvent, mes collaborateurs peuvent comme mon patron me contacter dans l'autre entreprise.

Selon vous quels sont les points forts du travail partagé ?
Il est clair que ce système limite les risques en cas de perte d'emploi. Il vous en reste toujours un, et il est plus facile de chercher un nouveau travail lorsque l'on est en poste que lorsque l'on est demandeur d'emploi. On rebondit plus facilement. Etre en temps partagé me permet également de faire un peu de formation en gestion à la chambre des métiers, sous forme de missions épisodiques, ce qui serait impossible avec un temps plein classique. J'ajouterai que, lorsque je travaillais dans la banque, j'avais une vision restreinte de la réalité économique car on était protégés dans un système. Travailler dans deux domaines différents est enrichissant. De plus, j'apprécie le changement et c'est plus vivant.

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