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18/01/2006
Philippe Eyraud (Mixel)
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Nicolas Mazeaud (Asytec) |
Pour créer une entreprise, il faut un bail, mais pour avoir un bail, il faut une entreprise..." |
Que reprochez-vous aux sites que vous avez visités à Tianjin ?
Certaines usines sont en étages, ce qui n'est pas possible pour mon matériel. D'autres sont de véritables taudis ou bien avec des surfaces inadéquates. Les PME ne sont pas courantes en Chine. Les petites surfaces sont donc peu répandues ou se résument à la taille de deux garages. Sinon, il y a bien les anciennes entreprises nationales, mais elles ont d'énormes surfaces.
Avez-vous dû vous plier à certains contrôles ?
Effectivement, en tant qu'entreprise étrangère, on nous impose des audits, des contrôles des produits polluants et une surveillance accrue avant le lancement de la production. A titre de comparaison, cela ne m'est arrivé qu'une seule fois en neuf ans dans mon usine à Lyon. C'est très chronophage.
Avez-vous rencontré d'autres difficultés ?
Oui. Pour créer une entreprise en Chine, il faut un bail, mais pour avoir un bail, il faut une entreprise qui existe ! Heureusement, le responsable de la zone industrielle de Pékin m'a fait une dérogation pour pouvoir obtenir le bail. Je ne pouvais rien payer non plus, ni bail, ni loyer, avant d'avoir déposé les statuts de mon entreprise. Finalement, j'ai eu trois mois gratuits avant de prendre réellement possession du bâtiment en septembre 2005.
Et sur le plan financier ?
Le projet total - recrutement, loyer,
fonds
de roulement, business
plan à trois ans... - revient à 350.000 euros.
L'opération devrait être bénéficiaire
dans le courant de la troisième année. Par contre,
j'ai effectué plus de dépenses que prévues
pendant les six derniers mois compte tenu des frais complémentaires
à l'installation, des audits, du matériel normalement
loué mais que j'ai dû acheter cash faute de
locations (voitures, chariots élévateurs), des frais
de recâblage de l'usine en corrélation avec la puissance
de mes machines ou encore l'installation de la climatisation qui
n'était pas encore faite. Finalement, j'ai dû sortir
du cash plus tôt mais je reste dans mon budget.
Sur les cinq machines que j'ai envoyées en Chine, deux ont été refusées par les autorités locales" |
Tout ce qui relève de la finance, comptabilité
ou fiscalité reste problématique. Il faut absolument
se faire accompagner d'un cabinet
d'expertise comptable dirigé par un Français.
L'ouverture et la gestion de comptes en banque sont difficiles.
Il faut sans cesse montrer patte blanche, justifier les transferts
de fonds et leur utilisation. Nous n'avons pas le droit de mettre
de l'argent sur le compte comme on veut. Si j'octroie 150.000 euros
de capital social, je ne peux prêter qu'environ 64.000 euros
en fonds de roulement. Avec 300.000 euros de capital
social, j'aurais donc toujours la moitié d'immobilisée.
Conséquence : je suis à court de trésorerie
en Chine, alors que j'ai l'argent en France mais il n'est pas transférable.
Le processus va peu à peu se débloquer, mais on perd
vite un mois.
Quels ont été vos relais en Chine pour la mise en route de l'usine ?
J'ai fait appel à un chasseur de tête francophone sur place et, dès fin juin, j'ai recruté une directrice générale adjointe pour diriger l'entreprise. Elle est chinoise et parle français. Elle s'est tout d'abord formée trois semaines en France, pour ensuite retourner en Chine s'occuper de la mise en place de l'usine.
Vous avez renouvelé votre parc de machines en France et transféré les anciennes en Chine. Comment s'est déroulé le déménagement ?
Sur les cinq machines que j'ai envoyées en Chine, deux ont été refusées par les autorités locales car trop vieilles d'un an et d'un type non autorisé là-bas. Je m'étais pourtant renseigné auparavant à ce propos et j'avais eu l'aval des Chinois... Le transfert a demandé plus de deux mois pour un coût de 15.000 euros, alors que les machines valent 50.000 euros.
Quel bilan tirez-vous aujourd'hui de cette opération ?
Je suis ravi et rassuré. Nous sommes en avance sur le projet et nous avons trouvé plus de fournisseurs et de sous-traitants que prévu. L'équipe chinoise devrait atteindre six salariés d'ici mars. La production démarre en février et nous avons trois commandes pour le mois suivant. Et puis, nous sommes en phase avec l'activité en France qui devrait progresser de 17 %.
Nicolas Mazeaud (Asytec) |
Parcours
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En 1990 : Philippe Eyraud rachète Mixel et en fait une société anonyme dont il est depuis le PDG |
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