Pas une étude, pas un livre consacrés aux ressources
humaines n'osent aujourd'hui mettre le sujet de côté.
Le sujet ? Le nouveau paradigme qui imprègne la relation salarié-entreprise.
On imaginait volontiers les cadres surmotivés, impliqués,
aux dents longues et voici qu'on les découvre de plus en
plus distants de leur entreprise et de leur travail. Selon l'Apec,
46 % des managers avouent aujourd'hui entretenir une relation
lointaine avec leur entreprise (lire l'article).
Que
s'est-il passé ? "Une rancoeur accumulée
après les plans de licenciement et l'effondrement des stock-options,
estime Marc Pagezy, président du cabinet de recrutement Eurosearch
(lire l'interview). Les cadres
sont devenus très lucides, ils ont pris du recul. Ils attendent
de la part des entreprises des avantages immédiats et très concrets,
pas des beaux discours ou des promesses." Mais attention, ces
avantages concernent tous les aspects de la vie : le salaire,
bien entendu, mais aussi le nombre de jours de congé payé, les cadeaux
offerts à Noël aux enfants des salariés, les
activités proposées par le CE...
La recherche de la qualité de vie est ainsi devenue omniprésente
pour les nouveaux cadres. Puisque le travail ne peut procurer un
enrichissement rapide, il doit offrir un environnement agréable
et, en prime, un intérêt intellectuel et des valeurs
cohérentes. "Tout comme une marque avec sa promesse
produit, une entreprise doit instaurer une promesse salarié, en
adéquation avec ce qui se passe réellement en interne, illuste Eric
Piétrac, DRH de Deloitte France (lire l'interview).
Les individus sont de plus en plus exigeants sur la promesse produit
: iI n'y a aucune raison pour que les salariés de demain se comportent
différemment avec l'entreprise."
En attendant cette "promesse salarié", les lignes
de fracture sont nombreuses entre les managers et leur univers professionnel.
D'après une enquête de l'Observatoire du travail de
BVA, 28 % des cadres supérieurs estiment que leur confiance
dans la direction de leur entreprise se dégrade (lire l'article).
Sur le plan de la gestion des ressources
humaines, la sanction est encore plus lourde. Selon l'enquête
en ligne réalisée par Le Journal du Management,
67 % des cadres jugent que la gestion RH de leur entreprise est
"passable" voire "médiocre" (lire l'enquête).
Dans ce contexte, les entreprises qui souhaitent à la fois
se préparer au départ massif des "baby-boomers"
et à la fidélisation des cadres à fort potentiel
n'ont que peu de temps pour s'adapter aux nouvelles attentes des
salariés, au risque de voir leur gestion RH tomber en panne.
Certains grands comptes comme L'Oréal (lire l'article),
ont d'ores et déjà pris conscience du problème
en lançant un vaste chantier afin que leur pyramide hiérarchique
ne se retrouve pas avec des trous dans les années à
venir.
Mais pour la très grande majorité des entreprises,
ce travail de fond sur leur relation avec les salariés n'a
pas encore été entrepris. Du coup, tous les spécialistes
de ressources humaines tirent la sonnette d'alarme : dès
que le marché de l'emploi repartira, la compétition
risque d'être rude pour attirer et garder les talents.
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