"La vérité n'est pas le contraire du
mensonge, trahir n'est pas le contraire de servir, haïr n'est pas
le contraire d'aimer, confiance n'est pas le contraire de méfiance,
ni droiture de fausseté." La première phrase de Saint-Germain
ou la négociation de Francis Walder (voir notre sélection
d'ouvrages) donne le ton. L'art
de la négociation se pratique dans l'entre deux, loin du monde manichéen,
quelque part entre le bien et le mal.
Du
point de vue scolaire, négocier, c'est discuter dans le but de trouver
un accord. Une démarche qui suppose de reconnaître la valeur
de l'autre et d'être prêt à faire des concessions. Autant que possible,
le négociateur cherche à donner des contre-parties intéressantes
aux yeux de l'adversaire, mais qui sont en réalité peu importantes
pour lui. "Le but n'est pas de convaincre par tel ou tel argument,
mais de convaincre de l'importance d'une concession pour obtenir
ce que l'on souhaite", explique Patrick Audebert-Lasrochas, directeur
du département négociation au sein du Groupe HEC (lire l'interview).
Négocier, c'est également - peut-être surtout -
une aventure humaine. La négociation suppose même de la confiance
entre les deux parties. C'est l'une des grandes difficultés qu'a
rencontrée Dominique Laurent, DRH d'ElcoBrandt lors d'une négociation
avec des syndicats (lire le témoignage).
"Les syndicats avaient l'impression d'être mis au pied du mur sur
un sujet très technique. Pour eux, notre empressement cachait quelque
chose, ce qui les rendait très méfiants", explique-t-il.
La confiance passe par l'attitude, en sachant par exemple surprendre
ses interlocuteurs, et par une relative sincérité.
"Il faut par exemple être capable de dire non, c'est finalement
très rassurant pour le client", explique Thomas Martin, directeur
du département forces de ventes chez Ajilon (lire le témoignage).
Mais qui dit sincérité, ne dit pas transparence. Le
négociateur doit savoir garder des cartes en main pour maintenir
un rapport de force.
Au jeu du rapport de force, il faut également comprendre
l'autre, l'épier et, parfois, l'infiltrer. Dans les grandes
négociations, la moindre information peut s'avérer déterminante.
Dans le cadre de la vente d'un ERP en Espagne, Alexandre Rambaud
(lire le témoignage) a par
exemple mobilisé toute son entreprise, pour connaître son client
dans les moindres détails. "Nous avons établi une cartographie complète
du groupe industriel grâce à des informations fournies par des salariés
et des partenaires", raconte-t-il, pas peu fier.
La négociation est donc un combat qui se prépare.
Cinq étapes sont incontournables avant de "se mettre
à table" : définir les objectifs, étudier la partie
adverse, se replacer dans le contexte, préciser la stratégie et
prévoir un scénario (voir les cinq principes).
Autant d'éléments qui conditionneront l'issue de la négociation.
Mais attention aux feuilles de route trop étroites et aux
retournements de situation. Car, comme le dit Monsieur d'Ublé, l'un
des négociateurs dans Saint-Germain ou la négociation,
"rien n'est fait, rien n'est dit qu'au tout dernier moment." On
vous l'aura dit.
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