DOSSIER 
(décembre 2003).
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Des managers pas comme les autres...

Fonction : Chef d'orchestre
Nom : Paul Ramirez

Paul Ramirez a fait le Conservatoire de région de Marseille en percussions et jazz. C'est sous la baguette de chefs d'orchestre américains qu'il a appris son métier, grâce à l'observation. Jusqu'au jour où un artiste a eu besoin de lui pour diriger un orchestre… Il a consacré sa carrière à la scène et a fait des tournées dans le monde entier. Il accompagne des artistes de music-hall et du show business, comme Demis Roussos, Jacques Higelin ou encore Bernard Lavilliers.

Avez-vous le sentiment de faire du management ?
Paul Ramirez. J'ai l'impression de faire du management 24 heures sur 24, surtout lorsque je suis en tournée avec les artistes. En tant que chef d'orchestre, je dois être à l'écoute et rappeler l'artiste à sa fonction s'il se disperse. Je dois m'imprégner de ses volontés et lui servir sur un plateau. Vis-à-vis du groupe, je dois être un catalyseur. Je suis le médiateur entre les souhaits de l'artiste et le bon déroulement musical sur scène.

Quelle est votre définition du "management" ?
Le management passe par l'écoute, la souplesse, la flexibilité et la simplicité. Un bon manager sait obtenir un résultat avec le sourire, en alliant élégance et savoir-faire.

Comment gérez-vous votre équipe ?
Je suis sélectif dans le choix des musiciens, qui sont d'ailleurs très fidèles à l'équipe. Il y a en moyenne un départ tous les huit ans. Et lorsqu'ils partent, c'est souvent pour des raisons familiales. Au sein de la formation, j'essaie d'avoir un ou deux jeunes, qui poussent un peu la machine, et des anciens, qui ont les meilleurs résultats. Notre formation de base comprend six musiciens. Dans certains cas, nous pouvons être une quarantaine. Lors des répétitions, je suis à l'écoute de leurs suggestions et j'essaie de les orienter vers les souhaits de l'artiste. En dernier lieu, je tranche.

Faites-vous des "débriefings" après les concerts ?
Rarement. Si un musicien a eu un problème, je préfère le voir en aparté. Les artistes de métier sont très sensibles, il faut savoir leur parler, surtout pas d'une manière autoritaire. Si un musicien joue vraiment mal, et qu'ils sont plusieurs à jouer du même instrument, je lui demande d'arrêter. Sinon, je lui fais comprendre qu'il doit jouer de façon plus simple. Au pire, je le renvoie.

Et si la formation entière joue mal ?
Cela n'arrive jamais. Elle est, dans le pire des cas, à moins 10 % de ses capacités ! Je sens les mauvais jours au moment des "balances" et je peux alors insister sur certains points. Je dois faire preuve de psychologie.

Pendant le concert, quels sont vos rapports avec l'artiste ?
Je suis à l'écoute et je sens son état d'esprit. Je dirige l'orchestre en fonction de lui. S'il est stressé, je lui parle avec calme, comme à un enfant.

Quel langage utilisez-vous pour diriger les musiciens ?
Je dirige avec les mains et le visage en faisant par exemple des clins d'œil. C'est un langage très précis. De plus, on se connaît comme dans un couple, les mécanismes et réflexes nous permettent de communiquer sans parler.

Vos musiciens vous tutoient-ils ?
Oui. Sauf parfois à l'étranger, ceux que je ne connais pas me vouvoient. Dans certains cas, ils m'appellent maître ou maestro, mais je n'aime pas ça.

Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Un manager se doit d'être à l'écoute et d'abolir le "moi je". Il faut être particulièrement attentif aux jeunes friands de conseils. Les solutions sont souvent dans la bouche des nouveaux venus.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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