Tic-tac. Il file, s'accélère, se ralentit, mais ne
s'arrête jamais... Le temps est une valeur constante et permanente
dans la vie professionnelle. Il régit la productivité,
le retour sur investissements, le cycle commercial, les coûts
ou encore la masse salariale. De quoi lui donner beaucoup de valeur.
De valeur, justement, parlons-en : ces dernières années,
la "denrée temps" est devenue de plus en plus précieuse,
de plus en plus rapide. La culture du numérique, qui applique
un rythme à la seconde près, est en passe d'imposer
le temps comme l'étalon absolu, en lieu et place du baril
de pétrole.
"Il
y a vingt ans, à la Cegos, nous envoyions une proposition aux clients
trois semaines après les avoir rencontrés, se souvient Jean-Louis
Muller, responsable de l'offre management et développement des personnes
et auteur d'un ouvrage sur le temps (voir notre sélection
de livres). Aujourd'hui, les clients nous demandent de recevoir
un e-mail dès le lendemain de l'entretien." Car de la notion
de rapidité est né un culte : celui de l'urgence.
Et à la réponse "C'est pour quand ?", il n'est pas rare
que les cadres se voient répondre "pour hier...".
Ce culte de l'urgence, le monde professionnel le partage largement.
39,2 % des lecteurs du Journal du Management s'estiment
plus efficaces sur des tâches urgentes et 60,2 % considérent
que le "vite fait, bien fait" est chose possible (lire les résultats
de notre enquête en ligne). Or les experts de la gestion
du temps livrent tous la même analyse : l'urgence est
bien souvent le cache-misère d'une organisation déficiente.
"La mauvaise gestion du temps est le symptôme d'un dysfonctionnement
dont la cause est ailleurs, analyse Jean-Louis Sentin, consultant
chez Present Consulting. Il s'agit souvent d'un manque de minutie
dans le processus de management."
TEMPS
n.m. (lat. tempus) Notion fondamentale conçue
comme un milieu infini dans lequel se succèdent les événements
et ressentie souvent comme une force agissant sur le monde.
(in Le Petit Larousse Illustré) |
A la base de la gestion de temps, s'impose donc la minutie. Pour
s'en convaincre, il suffit d'observer les méthodes mises
en place par ceux pour qui le temps ne peut être une simple
succession d'urgences. Michel Milcent, directeur de la division
Xerox Office France, planifie deux à trois semaines à l'avance son
emploi du temps, en y ménageant des plages horaires pour
les sollicitations de ses collaborateurs (voir sa journée
type). "C'est une manière de ne pas négliger
les tâches de fond tout en conservant le contact avec l'équipe",
explique-t-il. Pour Claude Racois, PDG de la SSII Silogic, la solution
passe également par un planning minuté mais en favorisant,
cette fois, la délégation afin de limiter les sollicitations
des collaborateurs (voir sa journée
type).
Deux méthodes pour un même objectif : le constat
ne surprend pas vraiment Jean-Louis Sentin. "La gestion du
temps ne répond pas à un modèle universel,
soutient-il. Pour être bons, certains managers ont besoin de s'y
prendre à l'avance, d'autres ont besoin au contraire de subir une
contrainte. Partant de ce constat, il faut toujours se demander
à quoi nous sert notre mauvaise gestion du temps. A être créatif ?
A limiter les contacts avec ses collaborateurs ? A être sous
pression ?"
On l'a compris, les recettes miracles n'existent en matière
de gestion de temps. Chacun cultive son propre rapport au temps.
Malgré tout, quelques principes permettent d'éviter
les principaux écueils, comme la non-hiérarchisation
des tâches, "l'e-mailo-dépendance" ou l'urgence
permanente (voir les cinq grands conseils).
Au milieu de ces conseils, un retiendra peut-être votre attention :
il faut savoir être lent pour bien gérer son temps.
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