Spécial Emploi
Les secteurs qui embauchent des cadres

La rentrée 2006 s'annonce plutôt positive pour l'emploi des cadres mais les différents secteurs de l'économie ne sont cependant pas tous aussi prometteurs. Tour d'horizon.

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42 % des entreprises interrogées fin juin par l'Apec envisageaient de recruter au moins un cadre d'ici à fin septembre. Si ce niveau d'intentions d'embauche équivaut à celui enregistré l'an passé, il dissimule de fortes disparités entre secteurs d'activité.

Le dynamisme du secteur du conseil
C'est dans le conseil, secteur qui regroupe les activités informatiques, les activités juridiques, l'ingénierie, l'audit et la publicité, que les recrutements sont les plus prometteurs. Interrogées en juin, les entreprises du secteur envisageaient, pour 75 % d'entre elles, de recruter au moins un cadre d'ici à fin septembre. Une situation de très bonne augure pour la rentrée, d'abord parce que le niveau d'intentions d'embauche est de cinq points supérieur aux prévisions enregistrées l'an dernier à la même période. Mais aussi, parce que les entreprises du secteur ont généralement tendance à sous-estimer leurs besoins. "On constate systématiquement une certaine prudence dans les prévisions, rappelle Pierre Lamblin, directeur du département études et recherche de l'Apec, en raison d'une visibilité très courte de l'évolution de l'activité, qui dépasse rarement les 3 à 6 mois dans ce secteur". Ainsi, au premier trimestre 2006, les réalisations avaient ainsi été de 18 points supérieures aux intentions déclarées trois mois plus tôt et encore de 12 points au second trimestre.

Recrutement de cadres par secteur au 3ème trimestre 2006
(source : Apec)

Le dynamisme du secteur est surtout tiré par la bonne santé des acteurs des activités informatiques dont les offres d'emplois cadres ont augmenté de 24 % au deuxième trimestre, tandis que la hausse n'était que de 12 % dans l'audit-conseil et de 6 % dans l'ingénierie. Les SSII sont en effet à l'origine de près du quart des offres enregistrées par l'Apec. Autre signe de bonne santé : la rémunération. Selon une étude du réseau français de recrutement Expectra portant sur l'évolution des rémunérations des cadres, on trouve parmi les fonctions ayant bénéficié des plus fortes hausses de salaires, les administrateurs et chefs de projets informatiques, avec plus de 15 % d'augmentation.

Le commerce fait une pause
Du coté des entreprises du secteur du commerce, on s'oriente vers un retour à la normal pour la rentrée, après un excellent second trimestre. Tandis qu'elles sont 48 % à avoir recruté au second trimestre, elles ont ramené leurs intentions à un niveau équivalent à l'an dernier : un tiers d'entre elles seulement envisagent l'embauche de cadres d'ici fin septembre. Les évolutions à venir restent cependant difficiles à estimer, les recrutements dans ce secteur étant soumis à des variations assez irrégulières. "Si les volumes d'offres d'emplois cadres dans le secteur ont ralenti sensiblement au second trimestre, ils se maintiennent à des niveaux très élevés, pour représenter environ 10 % de l'ensemble des offres", souligne Pierre Lamblin.

Les volumes des offres d'emplois cadres dans le conseil et le commerce se maintiennent à des niveaux très élevés"

Pierre Lamblin, Apec

Les disparités sont importantes entre le commerce de détail, pour lequel le nombre d'offres d'emplois cadres enregistré par l'Apec a augmenté de 18 %, et le commerce de gros, qui n'a émis que 5 % d'offres supplémentaires. Le fort besoin du secteur de la distribution en main d'oeuvre qualifiée est illustré par les difficultés croissantes que rencontrent les recruteurs pour attirer des cadres expérimentés. Ils comptent donc de plus en plus sur les jeunes diplômés. Globalement, le secteur du commerce éprouve toutefois moins de difficultés à embaucher que les autres : seules 22 % des entreprises mentionnent des difficultés, contre la moitié des entreprises du secteur du conseil.

Régularité des embauches dans la banque-assurance

Le secteur de la banque-assurance fait montre d'une remarquable stabilité dans le recrutement de cadres. 63 % des entreprises ont embauché au second trimestre, soit autant qu'à la même période l'an passé. Même continuité pour les intentions d'embauche pour la rentrée qui s'établissent à 58 %, un niveau comparable aux chiffres de 2005. Les activités de la banque-Assurance sont par nature moins soumises aux variations conjoncturelles que le conseil ou le commerce, et beaucoup d'institutions financières appliquent depuis plusieurs années des politiques d'embauche de cadres pour faire face aux importantes vagues de départs à la retraite, en particulier au sein des services commerciaux.

Réalisation et intentions de recrutements de cadres
(source : Apec)

Malgré des embauches nombreuses et une image pas forcement très attrayante auprès des jeunes, le secteur de la banque-assurance semble largement épargné par les difficultés de recrutement : seules 26 % des entreprises interrogées par l'Apec déclarent en éprouver.

Situation mitigée dans l'industrie
Les perspectives sont plus ternes dans l'industrie-BTP, seul secteur à réduire ses intentions d'embauche par rapport à l'an passé. 41 % des entreprises du secteur prévoient au moins une embauche de cadre d'ici fin septembre, contre 46 % à la même époque en 2005. "Il faut toutefois nuancer ce constat car le BTP marche fort, avec déjà près de 10.000 cadres recrutés au premier semestre 2006, précise Pierre Lamblin. Et c'est un record." La construction tire effectivement à elle seule le marché des offres d'emplois cadres dans ce secteur, avec une hausse de 44 %, contre 16 % seulement pour l'industrie, plombée par les activités du textile et les industries low-tech durablement déprimées.

Le recrutement de cadres dans le BTP est soumis à des tensions croissantes, perçues par près de la moitié des entreprises concernées. Cette tension se reflète également par la hausse moyenne des rémunérations, constatée par Expectra, notamment sur les postes de technicien d'étude en bâtiment (+15,3 %) ou de conducteur de travaux (+10 %). Ici aussi, les jeunes diplômés sont courtisés et souvent recrutés à BAC+2 pour être ensuite formés directement par les entreprises.

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