19/10/2005
Julien Oudart (Expatrié
à Tokyo) Il
est très facile de rencontrer des gens au Japon
Responsable marketing stratégie et planning pour une
société de téléphonie mobile d'origine
européenne, Vodafone, Julien Oudart vit au Japon après
avoir passé trois ans à Londres. Ce "serial
expatrié" nous parle de son ressenti sur la
vie à Tokyo et nous livre quelques trucs et astuces
pour réussir son expatriation au Japon.
Décrivez-nous votre quotidien
au Japon...
Julien Oudart. Je vis à Tokyo depuis un an, j'ai
été envoyé par ma société
pour une période de 18 mois à 3 ans. La vie professionnelle
vous prend pas mal d'énergie ici, et il faut faire attention
à ça, à calmer le jeu parfois. Au quotidien,
il est assez facile de sortir après le travail, soit
avec des collèges ou pour rejoindre des amis. Le réseau
de transport est aussi excellent - surtout comparé à
ceux de Paris ou Londres par exemple. Sinon, le Japon regorge
de distractions : des musées aux sorties nocturnes
mais, surtout, Tokyo est à deux heures de route de la
montagne pour l'hiver et de la mer pour l'été.
Tokyo est aussi très bien situé en Asie, j'ai
ainsi fait quelques voyages les week-ends, à Hong Kong
par exemple, qui est à trois heures d'avion.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris
à votre arrivée à Tokyo ?
Peut-être le fait que je n'étais pas si surpris
que ça justement ! Je n'avais pas d'a priori avant
de partir mais tout le monde me parlait du fameux choc culturel.
En réalité, les choses se font faites assez naturellement.
Mais il y a toujours deux ou trois choses frustrantes comme
par exemple la culture japonaise qui veut qu'une règle
ne soit jamais transgressée, un concept difficile à
appréhender pour un latin... Côté alimentaire,
toutes les cuisines sont représentées et vous
pouvez trouver - presque - tous les produits européens
dans certains supermarchés.
Qu'aimez-vous le plus dans votre
vie au Japon ? Et le moins ?
J'aime cette facilité à rencontrer des gens. Si
naviguez dans cette communauté de Japonais qui parlent
anglais - donc un peu plus ouverte que la moyenne - vous pouvez
rencontrez des gens très intéressants de milieux
très variés (fashion designer, architectes, journalistes,
artistes, etc.). Tokyo est aussi une ville qui vit 24h/24, 7j/7,
pas le temps de s'ennuyer. Ce que j'aime le moins, c'est le
manque parfois patent de flexibilité. Les choses sont
ici très bien établies, selon des règles
que tout le monde respecte. Cependant le monde change et le
Japon, comme la France, sont plutôt des puissances en
déclin. Pour enrayer cela, il faut évoluer et
ce n'est pas toujours évident de changer les habitudes
de travail, par exemple.
Quels restaurants à Tokyo
conseilleriez-vous pour des repas d'affaires ?
Le Calm est un restaurant italien proche de Roppongi Hills,
un grand complexe cinéma. Il faut compter un budget d'environ
5.000 yens (36,40 euros) par personne. Le Sumireya se situe
en haut du gratte-ciel futuriste Shiodome Media, qui héberge
également un hôtel luxueux avec salles de réunion.
Il faut prévoir un peu plus de 50 euros par personne.
Vous pouvez aussi aller au Fish Bank Tokyo, situé dans
le même gratte-ciel, mais là, le repas coûte
en moyenne 10.000 yens, plus de 70 euros. Enfin, je conseillerais
l'Akasaka Teppanyaki qui est très bien pour les dîners
d'affaires. La cuisine y est excellente. Le prix d'un repas
oscille entre 14 et 20.000 yens, soit 100 à 150 euros.
Sinon, pour des repas entre amis ou en famille, il y a un choix
infini mais je suggère le Gompachi dans le quartier de
Nishi Azabu. C'est un classique japonais, mais il très
bien. Le Cicada est un restaurant méditerranéen,
situé entre Hirro et Nishi Azabu, ou encore le Porta
Portese, un excellent Italien dans le quartier de Shibuya.
Pour un expatrié qui s'installerait
à Tokyo, quel quartier lui suggèreriez-vous pour
s'installer ?
Tout dépend des moyens dont vous disposez. Si, comme
moi, vous avez la chance d'avoir le statut d'expatrié
avec les avantages qui vont avec, c'est-à-dire appartement
payé, etc., les quartiers les plus recherchés,
les plus centraux et les plus pratiques sont Roppongi, Hiroo,
Akasaka, Ebisu et Ginsa.
Y a-t-il une gaffe à ne surtout
pas commettre au Japon ?
Il ne faut surtout pas arriver en terrain conquis dans la société
qui vous a recruté ou dans laquelle votre entreprise
vous envoie. Bien écouter ses collègues et ne
pas les interrompre lors d'une discussion est primordial. La
règle : être très poli et respecter
les autres. Les Japonais sont très attachés à
ces valeurs et si vous ne respectez pas cela, il peut y avoir
un retour de bâton.
Pour finir, quels sont vos conseils
pour bien s'intégrer ?
Rencontrer du monde ici est très facile. J'ai passé
les trois années précédentes à Londres
et j'ai rencontré à Tokyo en une seule année
trois fois plus de gens qu'en Angleterre. Les Japonais sont
assez curieux de ce qui est étranger et si vous faites
le premier pas, vous pouvez rencontrer beaucoup de gens intéressants
et très accessibles. Faire l'effort d'apprendre la langue
est aussi recommandé. On ne vous demande pas de parler
le japonais couramment en six mois mais au moins de connaître
les bases. Côté conseils pratiques, puisqu'on est
quand même dans un environnement très différent
de l'Europe, il faut dès le début essayer de trouver
un bon docteur francophone et les infrastructures adaptées
aux besoins de vos enfants si vous en avez. Enfin, dès
que vous arrivez à Tokyo, allez dans le quartier de Shibuya
qui est l'image d'Epinal du Japon, avec des centres de jeux
vidéo, des filles habillées de toutes les couleurs
et le carrefour piéton le plus géant du monde.
Histoire de se plonger dans l'ambiance.
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