L'emploi cadre devrait retrouver le cap de la croissance en 2004.
Telle est la principale conclusion de la nouvelle enquête
annuelle de l'ANPE sur les anticipations de recrutement des entreprises.
Selon cette enquête, publiée dans Le Journal du
Management et réalisée à partir des informations
fournies par près de 15 000 établissements (*),
13 % des entreprises devraient recruter des cadres d'ici décembre
prochain. 13 %, c'est cinq points de mieux que l'année
dernière, où 8 % des entreprises avaient opéré
des embauches dans l'encadrement.
Les
intentions d'embauche des entreprises françaises (ANPE,
2004)
|
Période |
Cadres
|
Tous
statuts confondus
|
Part
des établissements ayant prévu de recruter
|
Part
des établissements ayant prévu de recruter
|
Part
des établissements ayant effectivement recruté
|
2004 |
13 %
|
22 %
|
-
|
2003 |
8 %
|
19 %
|
37,5 %
|
"Ces
chiffres restent encore à manier avec précaution, prévient
Jean-Louis Zanda, chargé de mission à la direction des études et
des statistiques de l'ANPE. Il s'agit d'une anticipation, qui donne
une idée du climat et de l'opinion des employeurs. Et les prévisions
sont meilleures que l'an dernier, ce qui traduit un relatif optimisme.
Cet optimisme correspond notamment aux pronostics de croissance
économique pour l'année."
Selon les chiffres de l'Observatoire
de l'ANPE, ce sont au total 22 % des entreprises françaises
qui devraient embaucher cette année, tous statuts confondus,
contre 19 % en 2003. La part des entreprises "recruteuses"
de cadres (13 %) ressort, traditionnellement, inférieure
à ce résultat global. Mais les cadres devraient connaître
une reprise de l'emploi plus marquée que la moyenne en 2004 :
en l'espace d'un an, la part des entreprises qui comptent embaucher
dans l'encadrement s'affiche en progression de 62,5 %. Tous
statuts confondus, la progression est de 15,8 %.
De bonnes nouvelles donc, d'autant plus que ces prévisions
apparaissent souvent pessimistes. "Nous constatons que les entreprises
recrutent généralement au-delà de leurs prévisions
initiales, explique Jean-Louis Zanda. Souvent, elles souhaitent
embaucher, mais ne savent pas si elles en auront les moyens sur
l'exercice en cours. Elles préfèrent donc ne pas s'engager en répondant
'oui' tout de suite."
Ainsi, début 2003, 19 % des entreprises annonçaient-elles
vouloir recruter, tous statuts confondus, sur les douze mois à
venir. Un an plus tard, fin 2003, elles ont en fait étaient
37,5 % à réaliser des embauches sur l'année,
le double des prévisions initiales. Les chiffres de l'Observatoire
de l'ANPE pour l'année en cours pourraient donc révéler,
au final, un décalage identique.
Les
intentions d'embauche de cadres par secteurs
(ANPE, 2004)
|
Secteur
d'activité |
Part
des établissements ayant prévu de recruter en
2004 |
Activités financière |
56 %
|
Services aux
entreprises |
31 % |
Industrie |
7 % |
Construction |
5 % |
Mais attention, tous les secteurs d'activité ne devraient
pas offrir les mêmes opportunités pour les cadres.
"Les statistiques sont très inégales selon les secteurs, confirme
Jean-Louis Zanda. Ces écarts reflètent notamment la structure
de l'emploi cadre, avec des secteurs plus forts que les autres."
Parmi les secteurs forts, figure la finance où 56 %
des entreprises devraient embaucher des cadres cette année.
Même phénomène dans le secteur des services
aux entreprises, qui emploie une forte proportion de cadres. 31 %
des entreprises de ce secteur comptent recruter des cadres en 2004.
En revanche, dans l'industrie la part des entreprises qui embauchent
dans l'encadrement ne devraient pas dépasser les 7 %.
Un chiffre qui pourrait encore baisser, au rythme des délocalisations.
Les
entreprises sont réticentes sur l'embauche des seniors"
Jean-Louis Zanda, ANPE |
Autre paramètre à prendre en compte dans les chiffres
avancés par l'ANPE : le niveau d'expérience des
candidats à l'embauche. Les jeunes diplômés
disposent certes d'une bonne image auprès des entreprises :
neuf établissements sur dix se disent même prêts à embaucher
des débutants cette année. "Mais, rectifie Jean-Louis
Zanda, la plupart des entreprises chercheront en priorité
à recruter des salariés ayant déjà une expérience
professionnelle." Les jeunes diplômés risquent
donc de se retrouver enfermés dans un cercle vicieux, bien
connu lors des périodes de tension sur l'emploi : pour
être embauché, il faut une expérience professionnelle,
mais pour disposer d'une expérience, il faut se faire embaucher...
L'expérience professionnelle n'est pas, pour autant, le
sésame absolu. Les cadres seniors, âgés de plus
de cinquante ans, devraient continuer à souffrir d'un fort
handicap sur le marché du travail. Selon l'ANPE, près
de la moitié des entreprises indiquent qu'elles ne sont pas prêtes
à embaucher des salariés de plus de cinquante ans. Ces réticences
laissent entrevoir les difficultés accrues qu'une partie
de la population active pourrait rencontrer à moyen terme,
alors qu'elle devra travailler plus longtemps.
Dans ce contexte, encore instable selon les secteurs d'activité
et les profils, l'ANPE n'avance pour l'instant aucune prévision
à l'horizon 2005-2006 sur l'emploi cadre. Cet exercice de
projection est d'autant plus délicat qu'un autre paramètre
risque de tout chambouler : le "papy-boom", c'est-à-dire
les départs à la retraire massifs des cadres nés
avec le baby-boom. "Les premiers effets du papy-boom se ressentent
déjà et ils vont s'étaler dans le temps, précise Jean-Louis
Zanda. Mais le thème des départs à la retraite n'est pas encore
dans la tête de la plupart des employeurs. Seules les grandes entreprises
s'en préoccupent, grâce à leurs services des ressources humaines."
Pour les PME, le réveil risque d'être brutal.
(*) "L'établissement
est une unité de production localisée géographiquement, individualisée
mais dépendant juridiquement d'une entreprise. L'établissement constitue
le niveau le mieux adapté à une approche géographique de l'économie.
Il est relativement homogène et son activité principale apparaît
proche du produit." (Insee)
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