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Dossier
 
13/02/2007

Philippe Meurice (DEGW) : "Le poste de travail est occupé moins de 50 % du temps"

Selon l'architecte spécialiste de l'aménagement des lieux de travail, les entreprises s'orientent vers une rationalisation des postes de travail. Son analyse des mutations en cours.
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Philippe Meurice, co-dirigeant DEGW
 

Exit le bureau individuel. L'avenir est aux espaces partagés et au travail en équipe. Philippe Meurice, co-dirigeant de DEGW France, cabinet d'architecture spécialisé dans l'aménagement des lieux de travail, livre ici son analyse de l'évolution organisationnelle des espaces de travail.

 

Quelles sont, selon vous, les nouvelles tendances organisationnelles des espaces de travail ?

Philippe Meurice. On observe aujourd'hui une demande généralisée d'innovation. Depuis une dizaine d'années, se produit une mutation de l'espace traditionnel cloisonné en un espace de travail ouvert. Ces nouveautés sont liées au développement du travail en équipe et de la mobilité. Elles s'illustrent concrètement dans les bureaux partagés : mise en commun de matériel, de savoir-faire, de bureaux, d'espaces, d'équipements, etc. D'un côté, on trouve le poste de travail et de l'autre, des espaces communs.

 

 
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Qu'est-ce qui a changé ces dernières années ?

Nous avons développé des outils d'analyse qui nous permettent de voir à quoi est utilisé le temps d'un salarié, comment il se répartit entre les différentes activités. On constate dorénavant que le poste de travail n'est occupé qu'entre 30 et 50 % du temps. Un tiers du temps, les collaborateurs ne sont même pas présents sur le lieu de travail, pour des raisons de santé, parce qu'ils sont en formation à l'extérieur, ou tout simplement de par leur métier.

Le résultat le plus significatif est sans doute que 30 à 40 % du temps, les collaborateurs sont sur le lieu de travail mais pas à leur poste, donc en réunion, dans un autre bureau, etc. Ce laps de temps est en général très utile à l'entreprise, car essentiellement composé d'échanges et de transferts de connaissance. C'est pourquoi il faut lui consacrer des espaces performants, des lieux innovants, aménagés pour divers besoins.

 

"Actuellement, nous sommes dans une dynamique de changements"

Les entreprises pousseraient donc à une rationalisation du poste de travail ?

Les postes de travail sont souvent libres. C'est financièrement peu économique. Comme un poste coûte cher, on cherche de plus en plus à le partager entre plusieurs collaborateurs - deux ou trois - à des moments différents, en organisant une rotation. Tout est sauvegardé sur le réseau et l'ordinateur possède un système d'identification. Par exemple, on pourra compter 100 postes de travail pour 120 personnes, soit un coefficient de 1,2. Celui-ci peut aller de 1,1 à 1,7 environ. Dans certains métiers comme l'informatique, le poste de travail attitré n'existe plus et le collaborateur doit en réserver un pour une période déterminée. C'est d'autant plus facile que la génération Internet est plus mobile et travaille plus facilement en réseau.

 

Comment ont évolué les open-spaces, ces dernières années ?

La première génération d'open-spaces se résumait à de simples espaces ouverts. La deuxième va au-delà. On a réfléchi à leur fonctionnement, en recherchant l'équilibre entre le poste de travail individuel dans l'espace ouvert... et des espaces partagés, par exemple destinés aux réunions.

 

Ces espaces ouverts sont des lieux parasités par le bruit, où il est parfois difficile de se concentrer. Comment faire pour endiguer ce phénomène ?

En effet, les espaces partagés sont fragiles et très sensibles aux mouvements et aux bruits. Ils doivent être protégés et suivre un modus vivendi : respecter la vie en groupe, ne pas parler fort, éviter les réunions et les sonneries de téléphone bruyantes. A titre d'exemple, l'entrée d'une personne étrangère à l'équipe perturbe celle-ci : c'est un intrus sur son territoire. Cela dit, les espaces ouverts ont aussi leurs bons côtés. Tout ce qui se dit est entendu de tous. Cela permet à chacun d'être au courant de l'avancement des dossiers, ou encore de réduire le reporting informel.

 

"On se réinterroge sur le bien vivre au bureau"

Quelles sont les innovations qui améliorent l'environnement de travail ?

En voici quelques exemples. En matière de nuisance sonore, on utilise aujourd'hui ce que l'on appelle des "masques" : un dispositif émettant une fréquence permet d'atténuer la perception des sons les plus hauts. C'est encore relativement nouveau, mais on en trouve déjà en entreprise.

Concernant l'éclairage, il existe des systèmes de réglage des couleurs et de la chaleur de la lumière, ou encore des systèmes adaptant automatiquement la lumière intérieure à celle provenant de l'extérieur. Par contre, il n'est pas forcément faisable d'intervenir sur des bâtiments mis à disposition par les promoteurs et qui ne sont pas à la pointe de la technologie. D'un autre côté, certains locaux sont construits avec des éléments industrialisés, de haute technologie : moquettes autonettoyantes et anti-poussière, plafond à forte performance acoustique… Mais ces dispositifs demeurent très sophistiqués et relativement chers.

 

 
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Aujourd'hui, quelles sont les demandes et les contraintes des entreprises ?

Actuellement, nous sommes dans une dynamique de changement. La culture et le mode de travail évoluent On se réinterroge sur le bien vivre au bureau. Le développement durable est également une problématique qui prend de plus en plus d'ampleur, en termes structurels et organisationnels. D'ailleurs, il reste beaucoup à faire dans le domaine de l'aménagement intérieur. Dans ce contexte, pour des raisons économiques, le matériel - mobilier, machine à café ou photocopieuse - est de plus en plus souvent loué. Une tendance de fond dans l'aménagement des bureaux.




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