ENQUÊTE 
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Jean de Cheffontaines (Ineum Consulting)
"Le côté caricatural restreint la portée du film"

Associé chez Ineum Consulting, Jean de Cheffontaines fait partie des consultants qui ont vu le film. Il dénonce un certain parti pris.
(février 2004)

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"Mc Gregor n'est pas Ineum Consulting". C'est du moins ce qui ressort de la critique de Jean de Cheffontaines, associé chez Ineum Consulting. Mc Gregor, c'est le nom du cabinet de consulting dans Violence des échanges en milieu tempéré. Ineum Consulting est la société qui regroupe désormais les différentes activités de conseil en stratégie, en organisation et en systèmes d'information qui coexistaient jusqu'à présent au sein de Deloitte en France. Ce cabinet compte 500 consultants pour un chiffre d'affaires de 85 millions d'euros.

Qu'avez-vous pensé du film "Violence des échanges en milieu tempéré" ?
Jean de Cheffontaines. La plupart des acteurs sont excellents et les images dans les bureaux de la Défense ou à l'usine sont bonnes et précises. La scène sur le quai du RER à la Défense est vraiment bien vue et le début m'a beaucoup intéressé, notamment l'ambiance des bureaux confortables de la Défense qui tranche avec celle de l'usine. Mais j'ai très vite décroché. Il y a des longueurs. A la fin du film, la scène du dîner d'entreprise, très anglo-saxonne, pendant laquelle les consultants crient en cœur "Work hard, play hard" est très drôle. En fait, c'est pour moi un film engagé sur le monde de l'entreprise plus que sur les consultants. C'est presque un documentaire des problématiques et de la réalité sociale dans l'industrie d'aujourd'hui. En tant que consultant, on aimerait que notre métier y soit présenté selon une approche plus optimiste et constructive. Le côté caricatural dans ce film restreint en définitive sa portée.

Vous êtes-vous retrouvé dans ce film ?
Je n'ai pas reconnu Ineum Consulting. Première différence : nous ne laisserions jamais à lui-même, dans un milieu qu'il découvre, un jeune consultant, comme dans le film. Sur nos missions, le consultant travaille au sein d'une équipe de quatre à cinq personnes en moyenne, placée sous la responsabilité d'un associé. Deuxième différence : dans le film, l'objectif réel de la mission n'est connu ni du jeune consultant, ni de ses interlocuteurs de l'usine. En vingt ans de carrière, je n'ai jamais vu de telles pratiques, vraiment contestables. Par ailleurs, les missions d'Ineum Consulting touchent plus à la transformation de l'entreprise et à son développement. Nos projets sont porteurs d'avenir pour l'entreprise. Enfin, le dîner avec les épouses a un côté anglo-saxon, éloigné de notre culture. Dans un cabinet franco-français comme le nôtre, les consultants ont certes une fierté d'appartenance, mais ils conservent un regard critique. La remise en cause fait partie de notre culture.

Les dialogues vous ont-ils paru justes ?
Les dialogues sont précis et efficaces. Sont-ils justes ? Il y a un parti pris affiché de donner une vision peu reluisante du consulting.


Une démarche fondée sur le travail en équipe"

En tant que consultant, avez-vous ressenti la solitude de Philippe, le junior dans le film ?
Non, je n'ai pas ressenti cette solitude. Nous travaillons en équipe et nous échangeons beaucoup. Et ces côtés du travail, faits de créativité et d'échanges, ne ressortent pas dans le film. Nous créons, pour réaliser nos missions, des équipes mixtes, comprenant des représentants de l'entreprise cliente et des consultants. Ces équipes construisent ensemble des solutions pour résoudre un problème, ou cherchent ensemble une réponse à une question posée. Après la journée de travail sur les missions en province ou à l'étranger, nous dînons souvent en équipe, ce qui crée des relations plus personnelles.

Lors de vos missions, ne cherchez-vous pas à créer une distance par rapport aux salariés de l'entreprise cliente, comme c'est le cas dans le film ?
C'est contraire à notre approche du conseil. La philosophie de nos interventions est très éloignée de celle présentée dans le film. Nous privilégions une démarche fondée sur le retour d'expériences, la complémentarité des expertises, le travail en équipe et des relations humaines fortes. Lorsqu'une mission démarre, l'appréhension rapide du contexte de l'entreprise cliente et la connaissance de son personnel sont des éléments très importants pour le succès des travaux à réaliser. Il faut se faire connaître de ses interlocuteurs et obtenir leur confiance. C'est la difficulté du métier de consultant en entreprise. En vingt ans, j'ai conduit de nombreuses missions chez les mêmes clients, ce qui me permet de bien connaître certains salariés.

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Le personnage de l'associé, Hugo Paradis, vous paraît-il caricatural ?
Dans le film, Hugo Paradis a une très bonne réputation au sein de son cabinet car il vend beaucoup de missions. Il est manipulateur et sans scrupule, à l'opposé des valeurs que nous promouvons dans notre cabinet !

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Rédaction, Le Journal du Management
   
 
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