Depuis
un peu plus d'un mois, il se passe quelque chose d'étrange
dans l'univers français du consulting. Les symptômes
de ce phénomène sont multiples : des discussions
animées près de la machine à café, des
associés qui glissent avec malice "work hard, play hard"
dans leurs conversations, des partners qui s'interrogent en boucle
en lançant "et toi, tu l'as vu ?". Mais vu
quoi au juste ? Violence des échanges en milieu tempéré,
le film de Jean-Marc Moutout, en salles depuis le 14 janvier dernier.
Derrière ce titre énigmatique, se cache le premier
film français qui ose une introspection dans le monde du
consulting.
Le
film suit le parcours initiatique d'un jeune diplôme, âgé
de 25 ans, qui quitte sa province pour monter à Paris. Avide
de réussite, Philippe intègre un grand cabinet de
consultants, baptisé Mc Gregor. Le premier jour, à la Défense,
il rencontre Eva, jeune mère célibataire dont il s'éprend. Philippe
se voit alors confier une première mission : préparer
le rachat, encore confidentiel, d'une usine par un grand groupe.
Il gagne la confiance de son manager qui lui confie
une nouvelle responsabilité : sélectionner le personnel apte à travailler
dans la nouvelle organisation de l'entreprise. Philippe doit alors
se convaincre, et convaincre Eva, du bien fondé de sa tâche et faire
face aux futurs licenciés.
On le devine aisément, Violence
des échanges en milieu tempéré porte
un regard plutôt critique sur le consulting. Critique, mais
assez précis pour mettre en émois un univers pourtant
"tempéré". Du coup, le bouche à oreille
a transformé le film en petit événement sectoriel.
Des équipes entières de consultants se sont ruées
en salles, certains cabinets préférant même
prendre les devants en organisation des projections privées.
"Nous avons aussi projeté le film dans plusieurs écoles de
commerce, précise Olivier Gorce, co-scénariste (lire l'interview).
Les réactions y ont été variées."
Pourquoi une telle effervescence ? "Parce que le film
est un miroir, qui frôle parfois le documentaire, estime une
jeune consultant, qui préfère rester anonyme. Le film
aborde en plus des problèmes aigus pour la nouvelle génération
de consultants. Contrairement aux anciens, nous sommes peut-être
plus sensibles aux valeurs véhiculées par notre travail,
nous nous posons des questions quant au sens profond de notre mission."
Réaction louable, mais visiblement pas toujours admise dans
les cabinets. La plupart des jeunes consultants contactés
ont préféré rester sous le couvert de l'anonymat...
Chez les associés, davantage expérimentés,
le film fait également figure d'événement.
Mais les commentaires sont, cette fois, plus posés et souvent
davantage critiques sur ce "regard critique". "En
vingt ans de carrière, je n'ai jamais vu les pratiques dont fait
état le film, explique ainsi Jean de Cheffontaines, associé
chez Ineum Consulting (lire l'interview).
Il y a un parti pris affiché de donner une vision peu reluisante
du consulting." Le film serait donc un miroir déformant.
Mais son reflet est suffisamment inhabituel pour éveiller
l'intérêt.
Vous
avez vu "Violence des échanges en milieu tempéré" ?
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