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(juillet 2004)

Juillet 2004 : "Moi vouloir financement"

Il a 45 ans, il a décidé de quitter un poste confortable pour créer son entreprise. Chaque mois, dans Le Journal du Management, il raconte l'aventure de sa petite entreprise.
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Septembre 2004 : "Place au commercial"
Décembre 2004 : "Pourquoi pas vous ?"

L'étude initiale du projet a abouti à la constitution d'un dossier (plan d'affaires, CR prévisionnel) détaillé pour chacun des aspects (marché, développement commercial, organisation, montage financier…..), et surtout cohérent en terme d'objectifs et de moyens. L'enthousiasme est omniprésent : vous avez sûrement entendu parlé de l'optimisme du créateur... Vous allez voir qu'il en faut !

Le dossier initial fait état d'un besoin de financement "raisonnable" (les startup levant 1 million d'euros ne font plus rêver par les temps qui courent). Le capital social à la création est de 30.000 euro,s avec 15.000 euros en apport en nature (les 3 logiciels existants) et 15.000 euros en espèces, dont 10.000 euros de prêt personnel au créateur (le développement de la société en Amérique du Sud ayant nécessité courant 2003 un apport de 15.000 euros, réduisant d'autant le cash disponible).

Enfin pour faire face au développement commercial (communication et déplacements), un prêt bancaire à la société de 15.000 euros est prévu. Le plan de financement fait état d'un rachat (1.000 euros) et d'une recapitalisation (9.000 euros) de la société existante en Amérique du Sud. Les premiers contacts ont lieu en Novembre 2003 avec les organismes de financement.

Ma banque, le Crédit Agricole
Ma qualité de client depuis 20 ans avec des revenus confortables et un capital immobilier de 500.000 euros me laisse espérer un accueil favorable à ma demande. C'est sans oublier ma nouvelle qualité de "chercheur d'emploi sans revenu salariaux". Après un temps interminable, il apparaît clairement qu'un prêt personnel de 10.000 euros ne peut m'être accordé, même avec une garantie sur mon capital immobilier. En effet celle-ci serait "chirographaire" et ne viendrait qu'après les garanties de sûreté (hypothèques entre autre) dont dispose la même banque sur mon crédit immobilier pour 25 % de sa valeur. De plus, un prêt personnel doit prendre en compte des conditions de ressources stables et là encore mon dossier n'est pas recevable...

Bourgogne Entreprendre
Bourgogne Entreprendre (BE) est une structure financée par le Conseil Régional qui a pour mission, après validation des dossiers des créateurs, d'apporter un concours financier par un prêt personnel sans intérêt et un coaching sur les premiers exercices. Pour la validation du dossier, BE a recours à son groupe d'experts professionnels bénévoles répartis sur les différents secteurs d'activité.

Le projet présente les caractéristiques suivantes : un concept innovant limitant les risques clients, un positionnement sur des segments de niche, une structure de coût idéale, une technologie récente, des produits existants et performants. Mais aussi une image à créer et une trésorerie de départ faible, sans rapport avec celles des acteurs de la place.

Après m'avoir demandé de revoir en détail un marché correspondant à 25 % de notre chiffre d'affaires, un nouveau plan d'affaires répondant clairement à la demande est présenté. La réponse de BE est : "vous êtes trop petits pour rentrer sur ce marché, mais revenez nous voir si vous avez des clients prochainement...". Peut-être que la qualité de concurrent de l'expert a été l'élément décisif dans cette réponse. Cette impression est renforcée par le fait qu'il souhaitait avoir un accès aux applicatifs et aux sources pour valider le projet et qu'aucun écrit n'a jamais été établi par BE... (Ndlr : voir à ce sujet la mise au point d'octobre 2004)

Les autres organismes
Qu'à cela ne tienne, il y a plein de banques qui cherchent des clients sur des marchés d'avenir. Certains banqieurs sont même venus nous dire tout ce qu'ils pouvaient faire pour les créateurs lors d'interventions dans le cadre de la formation à la CRCI. Je contacte cinq banques. Malheureusement, là aussi, la désillusion va être grande ! Je vous livre au hasard quelques perles : "les investissements offshore (10.000 euros !) , c'est pas notre truc...", "Vous savez, moi, l'informatique je n'y connais rien, mes clients sont des artisans, des commerces et des professions libérales...", "Puis-je vous demander pourquoi vous êtes venu me voir, moi, alors qu'il y a plein d'autres banques sur la place ?", "Pour résumer, votre projet c'est de l'investissement immatériel et en partie à l'étranger. Ce n'est pas notre cible. Ah si vous aviez eu besoin d'une camionnette, on aurait pu faire quelque chose !". Il n'a même jamais été demandé de garantie, c'est dire.

Et les "capital-risqueurs" ?
Cette solution a été analysée en détail et nous avons décidé de retarder son utilisation. En effet, lorsque dans quelques mois nous serons en mesure de présenter un plan d'affaires avec un financement permettant un développement ambitieux, s'appuyant non seulement sur des produits mais surtout sur une évolution de la clientèle, notre position en sera fortement renforcée.

Dossier

Pour conclure cette épisode, j'imagine que plusieurs créateurs ont vécu ,ou vivent, des situations similaires avec des idées noires du type "mon projet ne vaut rien !", "je n'y arriverai pas !". Il semble toutefois qu'une frilosité inaccoutumée ait saisi le monde bancaire, ce qui est bien naturel si les banques se cantonnent à financer des camionnettes... Cette étape s'achève sans prêt personnel, ni prêt bancaire donc, et sans les 25.000 euros prévus.

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Septembre 2004 : "Place au commercial"
Décembre 2004 : "Pourquoi pas vous ?"

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