Journal du Net > Management >  Dossier : Que faire de sa trésorerie - Gérer sa trésorerie excédentaire
ENTREPRISE
 
01/03/2006

Que faire de sa trésorerie
Gérer sa trésorerie excédentaire

Entre prudence et rentabilité, gérer son excédent de trésorerie relève du compromis. Quelles liquidités faut-il garder ? Quels placements privilégier en fonction de ses contraintes ? Réponses.
  Envoyer Imprimer  

Interview de Jacques Anas

Un compte en banque qui se remplit est toujours de bon augure pour le chef d'entreprise. Mais il n'est pas toujours simple de savoir ce qu'il faut faire de cet excédent de liquidités. Si depuis mars 2005, les banques françaises ont le droit de rémunérer les comptes courants, c'est encore une pratique peu répandue et dans tous les cas financièrement peu alléchante. Entre gestion prudente et exigence de rentabilité, des compromis peuvent être trouvés. Voici quelques conseils pour utiliser au mieux une trésorerie excédentaire.


Proscrire les trésors de guerre
"Ne laisser jamais sa trésorerie inoccupée". C'est une règle d'or pour Annie Bellier Delienne, spécialiste de la gestion de taux et co-auteur de "Gestion de @trésorerie" (Editions Economica). Il ne faut garder à disposition que les fonds nécessaires au respect de ses engagements financiers à court ou moyen terme. "Les entreprises doivent se laisser une marge de sécurité de trois mois", précise Jean-Paul Boisseau, conseiller financier indépendant et membre du réseau Entreprendre.

La mise en oeuvre d'un projet peut justifier de garder sa trésorerie inoccupée mais jamais plus d'un mois"

Annie Bellier Delienne
Un excédent de trésorerie important peut également être acceptable pour financer des projets d'investissement (rachats, croissance interne) à court terme. "La mise en oeuvre d'un projet peut justifier de garder sa trésorerie inoccupée mais jamais plus d'un mois, explique Annie Bellier Delienne. Au-delà, il existe des solutions de placement adaptées." Rester liquide est un impératif mais une trésorerie structurellement importante est de mauvais augure pour une entreprise car elle témoigne d'un déficit de gestion et se traduit par un manque à gagner parfois important.


Anticiper les flux

Bien gérer son excédent de trésorerie requiert une anticipation des flux financiers futurs. L'objectif est d'apprécier le montant des fonds utilisables et la durée de leur disponibilité de manière aussi certaine que possible. "Un budget prévisionnel sur trois mois glissants, même peu détaillé, permet au chef d'entreprise de savoir ce qu'il doit faire de ses flux de trésorerie entrants", explique Annie Bellier Delienne. L'estimation de ses besoins en fonds de roulement est, dans ce sens, une étape à ne jamais sous-estimer.

Même en se penchant sérieusement sur les chiffres, il n'est pas toujours simple d'anticiper précisément les flux futurs en tenant compte des spécificités de son activité. Pour se repérer, il peut être utile de comparer le niveau de sa trésorerie à celui de ses concurrents. Différents ratios fournis par des organismes tels que la Banque de France, les chambres de commerce ou les centres de gestion agréés permettent de réaliser ce benchmark. "Pour rester prudent, mieux vaut occuper le haut de la fourchette de ces indicateurs pour le secteur ou l'activité concernés", suggère Jean-Paul Boisseau.


A court terme, des placements sur le marché monétaire
Une fois ces prévisions effectuées, il est possible de savoir que faire de ses fonds. Plusieurs cas de figure se présentent et dépendent essentiellement de la durée de disponibilité des liquidités. Il existe des solutions de placement pour toutes les échéances, y compris les plus courtes. A moins d'un mois, les Sicav monétaires sont les plus adaptées. Les fonds placés peuvent être immédiatement récupérés, sans pénalité puisqu'il ne s'agit pas d'un placement dont le terme est fixé. Le risque pris dépend de la composition de la Sicav mais reste toujours minime. Il s'agit plus d'une éventuelle révision à la baisse de sa plus-value que d'une menace sur le capital de départ. En conséquence, ce type de placement est peu rémunérateur : inférieur à l'Eonia (environ 2,30 % par an), il est étroitement lié à l'évolution des taux d'intérêt.

L'escompte fournisseur permet de réaliser un gain immédiat "

Jean-Paul Boisseau
D'autres options existent à court terme. Il est ainsi presque équivalent en termes de rendement de souscrire à des bons du Trésor quoique leur gestion soit moins souple. Il est conseillé de souscrire des bons dont l'échéance correspond à la durée de disponibilité des fonds pour éviter toute complication liée à la revente avant leur terme.

Une solution alternative aux placements classiques ne doit toutefois pas être négligée : l'escompte fournisseur consiste à payer une facture comptant ou en avance en échange d'une remise. Ce paiement anticipé est équivalent à un prêt à son fournisseur. Le taux d'escompte appliqué est négocié au moment de la signature du contrat et précisé dans les conditions générales de vente. Il est généralement compris en 0,5 et 1 % par mois et dépend des taux d'intérêt et des besoins du fournisseur en liquidités. "L'escompte fournisseur permet à l'entreprise de réaliser un gain immédiat contrairement à des placements à proprement parlé", précise Jean-Paul Boisseau. Mais il nécessite une bonne coordination entre le responsable financier et le service achats.


A moyen terme, des placements plus rémunérateurs
Au-delà d'un mois, mieux vaut privilégier des placements bancaires plus rémunérateurs. La solution la plus couramment utilisée reste le dépôt à terme. La rémunération est proportionnelle à la durée de l'immobilisation des fonds. Pour un placement sur 10 mois, il peut rapporter autour de 2,70 % par an. En contrepartie, il est très peu flexible : retirer ses fonds avant l'échéance du compte entraîne une minoration du taux d'intérêt perçu au final. Le bon de caisse est une alternative au compte à terme mais les pénalités sont souvent supérieures en cas de retrait anticipé.

Si l'on dispose de liquidités importantes (plus de 150.000 euros), il peut être intéressant d'investir dans des certificats de dépôt. Négociables sur le marché secondaire, ils sont plus souples que les comptes à terme. Mais mieux vaut privilégier les échéances courtes (de un à trois mois) si l'on souhaite trouver facilement un acheteur. L'investissement en billets de trésorerie émis par d'autres entreprises n'est en revanche adapté qu'aux sociétés de grande taille du fait de la lourdeur de la gestion.

Si les fonds sont disponibles pour plusieurs années, d'autres solutions de placements sur les marchés financiers sont envisageables, en particulier les Sicav obligataires. Mais une gestion personnalisée par son conseiller bancaire est alors recommandée. Et pour une trésorerie structurellement positive, mieux vaut encore investir dans le développement de la meilleure des entreprises : la sienne.

Et si vous manquez de liquidités...

Une trésorerie qui se réduit comme peau de chagrin est une situation moins enviable mais courante dans les entreprises. Les solutions pour réagir à temps sont de deux types :
Mobiliser ses créances clients en obtenant des avances sur les encaissements futurs auprès de ses fournisseurs ou de sa banque (escompte, affacturage, Dailly...)
Obtenir des crédits "en blanc" auprès de sa banque (découvert, crédit spot, crédit de campagne, facilités de caisse...)



Interview de Jacques Anas


Un témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez



JDN Management Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Quelle est la compétence la plus importante pour être performant au travail ?

Tous les sondages