01/02/2006
Pascal Ordonneau (Sercel) Tout le monde est chez soi car tout le monde est étranger...
Responsable de production du site australien du groupe français Sercel,
un des leaders mondiaux de l'appareillage électronique d'aide à la prospection
pétrolière, Pascal Ordonneau habite Sydney depuis un an. Le très fort cosmopolitisme
de la ville l'a profondément marqué.
Pouvez-vous nous décrire votre journée de travail
type ?
Pascal Ordonneau. Les journées de travail commencent dès 6h30, en raison
d'une luminosité importante de très bonne heure. Les modes de transport sont variés
(Bus/ferry/train/automobile). Le déjeuner, qui consiste généralement en un repas
léger (un seul plat), est pris dès 11h30, soit en entreprise, pour les plus importantes,
soit plus couramment dans de petits restaurants autour de bureaux. Il est même
fréquent de voir des collaborateurs déjeuner à même leur poste de travail. L'après-midi
s'achève souvent tôt pour les employés (dès 15h), plus tard (à partir de 17h jusqu'à
22h) pour les cadres et professions libérales. Les dîners sont pris dès 18h00,
et l'heure du coucher est assez avancée, parfois dès 21h, indexée sur un horaire
de coucher de soleil du même ordre (été inclu). A noter que les commerces s'alignent
souvent sur ce rythme, fermant dès 17h, à l'exception du jeudi (Shopping day),
pour lequel ils restent ouverts jusqu'à 21h.
Dans le cadre du travail, qu'est-ce qui diffère
le plus par rapport à la France ?
Si l'on souhaite faire un parallèle par rapport à la France, ce que je relèverais
surtout, c'est un manque fréquent et pénible de rigueur, une impression d'inachevé.
Il est donc personnellement important de "verrouiller", en s'assurant plutôt deux
fois qu'une des infos obtenues, des teneurs d'un contrat, de la validation d'une
commande, etc.
Qu'aimez-vous le plus dans votre vie en Australie ?
Et le moins ?
La météo, l'ensoleillement, la verdure, l'habitat (essentiellement
des maisons), la baie et ses ferries font de Sydney une ville très agréable.
Qui plus est, pratiquer le golf n'est pas très cher et il existe de nombreux
parcours. La variété et la qualité culinaire et vinicole
sont d'autres atouts. En revanche, le coût de la vie en général
et de l'habitat en particulier est trop élevé. De plus, les services
ne sont pas toujours à la hauteur. Ils sont souvent trop lents ou manquent
de professionnalisme, notamment dans des domaines comme la téléphonie,
l'hôtellerie, les agences de voyage... Sur le plan de l'emploi aussi il
y a une marge d'amélioration. Etant donné qu'il y a plus d'offre
que de demande, on constate un faible professionnalisme du personnel intérimaire,
et des travailleurs en général. Enfin, la circulation est difficile
dans Sydney et sa banlieue. Et le coût de l'accès à Internet est
supérieur à celui pratiqué en France.
Quels restaurants à Sydney conseilleriez-vous pour
des repas d'affaires ?
Doyles on the beach à Watson's bay est incontournable. Il y a aussi Marque,
à Surry Hills, avec de la très bonne cuisine française à
prix corrects (environ 45 dollars australiens). Cargo, sur Darling Harbour, est
un bar très agréable, où l'on sert également à
manger. Enfin, je conseille la chaîne de pâtisserie Délifrance.
Quels conseils d'intégration donneriez-vous à
une personne qui s'expatrie en Australie ?
L'ouverture d'esprit est essentielle. Sydney est un lieu où s'est regroupée
une grande diversité de populations. Tout le monde est chez soi car tout le monde
est étranger... L'immigration a été si forte (et l'est toujours) que l'on ressent
un esprit marqué de nouveau continent. Il existe de réelles communautés de Français,
qu'il peut être plaisant de contacter et de fréquenter à l'occasion. Mais
je préconise, pour une bonne intégration, de nouer des relations avec les locaux.
J'y ai découvert comment quelques contacts suffisent pour partager des expériences
diverses et enrichissantes. De plus, la plupart des locaux ont tous ou presque
une histoire d'immigrant plus ou moins mouvementée, ce qui est intéressant.
Il est aussi souhaitable de fréquenter les commerces (sans pour autant consommer).
Les vendeurs sont curieux de la culture française et sont de précieuses sources
de renseignements pour peu que l'on engage la conversation. Enfin, la population
est pour sa grande majorité ouverte et accueillante.
Et sur le plan pratique ?
Il faut contacter Sydney
Accueil pour les premiers contacts et le FSGC
(French social golf club) pour les golfeurs.
Dans quel quartier conseilleriez-vous à un expatrié
de s'installer ?
Tout dépend du profil de l'expatrié, s'il est à la recherche de
calme, d'activité, ou souhaite habiter à proximité d'un lieu
donné. Balmain, près de la city, est très vivant et branché.
Sinon, je conseillerais aussi Darling Harbour, Drummoyne et Homebush Bay pour
ceux qui travaillent à l'ouest. Enfin, il y a aussi Surry Hills, au coeur de Sydney.
Il faut savoir que la sécurité est en général excellente et très nombreux
sont les quartiers agréables à vivre. La plupart des familles françaises
d'expatriés s'installent autour de Maroubra / Coogee / Bondi en raison
de la présence du lycée Condorcet (français), et accessoirement de la plage.
Les Français expatriés depuis longtemps vivent plutôt groupés
au nord de la baie (aux environs de Saint Ives). L'Ouest de Sydney est plus populaire
(autour de Parramatta) mais également industriel. Il y a donc des opportunités
d'emploi, notamment dans des entreprises françaises ou affiliées.
Quelle gaffe ne faut-il pas commettre en Australie ?
Toute forme de ségrégation raciale, ou signe quelconque de racisme sur fond d'humour
est à surveiller rigoureusement. Sydney est une ville à la caractéristique cosmopolite
extrêmement marquée. Cultures, arts, modes de vie se mêlent dans une certaine
harmonie. De fait, on ne peut pas réellement parler de gaffe type, sachant que
la perception de chaque individu sera fonction de ses origines. La comparaison
avec les Etats-Unis est à bannir.
Parcours
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Après des études d'ingénieur généraliste à l'Institut Catholique d'Arts
et Métiers de Nantes (ICAM), Pascal Ordonneau a occupé une fonction de responsable
projet industrialisation au sein d'Autoliv Electronic, équipementier automobile
en composants de sécurité passive, de 2001 à 2004, avant de rejoindre Sercel
France, à Nantes, en tant qu'ingénieur de production. En décembre 2004, Sercel
lui a proposé la fonction de responsable de production sur son site australien.
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