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ECONOMIE
juillet
2005
Qui peut défier
le dollar ?
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Les monnaies chinoises et indiennes sont utilisées par un tiers de la population mondiale mais n'ont encore que peu de poids à l'international du fait de leur très forte dépendance au dollar. |
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Chine vs Etats-Unis |
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Tant
que le système bancaire n'est pas assaini, rien
ne sert d'introduire une flexibilité du yuan" Jean-Pierre Allegret , Gate/CNRS |
Globalement, ses réserves de change sont aujourd'hui
supérieures à 650 milliards de dollars, dont une
bonne partie (environ 60 %) est effectivement en devises
américaines. Selon les prévisions, le montant
des réserves de dollars devrait atteindre les 600 milliards
en 2006.
Deux risques pèsent sur une telle accumulation
de réserves. D'abord, la chute du cours du dollar aurait des conséquences terribles sur la croissance de la Chine. La solution serait donc de diversifier ces réserves, notamment en euros, mais c'est encore relativement peu le cas. Second risque: l'inflation, c'est-à dire l'augmentation de la masse monétaire causée par cet afflux de billets verts. Pour s'en prévaloir, la Chine mène une politique de stérilisation
(la banque centrale émet des titres
et les vend sur le marché monétaire en échange de sa
propre monnaie qu'elle retire de la circulation) et impose une politique de restriction sur les
prêts bancaires des entreprises des secteurs liés
à l'export, qui sont en surchauffe. In fine, si
l'imminence de la fin du système de taux de change fixe
yuan-dollar est parfois annoncée, elle est surtout le
fruit de pressions politiques.
"Si, politiquement, l'Europe, les Etats-Unis et le Japon
font pression pour une réévaluation du yuan, les
économistes sont beaucoup plus prudents étant
donnés les nouveaux déséquilibres que pourrait
entraîner une telle décision", note Jean-Pierre
Allegret, chercheur au Gate/CNRS (Groupe d'Analyse et Théorie
Economique), auteur de Les régimes de change dans les marchés
émergents, quelles perspectives pour le 21ème siècle ?
Ainsi Robert Mundell, prix Nobel d'économie en 1999,
s'est récemment prononcé contre toute réévaluation
du yuan lors d'une conférence à Pékin.
Cette idée est pour lui le résultat d'une logique
défectueuse : réévaluer le yuan pour
modifier le flux d'échange, c'est négliger que
le surplus de la Chine avec les Etats-Unis a finalement peu
de lien avec le taux de change du yuan. Mais surtout, "les
économistes sont sceptiques sur une sortie du Peg à
court terme, constate Jean-Pierre Allegret. Tant que le système
bancaire n'a pas été assaini, rien ne sert de
tenter d'introduire une flexibilité du yuan qui aurait
des conséquences brutales."
Par ailleurs, l'arrimage au dollar permet de passer outre les
inconvénients macroéconomiques que peuvent produire
une mauvaise synchronisation entre taux de change et taux d'intérêt.
Ainsi, en ce qui concerne le taux de change, la banque centrale
chinoise a toujours pris soin de réagir en fonction des
évolutions des politiques de Washington. Le système
a survécu à la crise asiatique de 1998 ainsi qu'à
la récession américaine de 2000, et la politique
du dollar fort a conforté la Chine dans l'idée
d'y rester arrimée. En ce qui concerne le taux d'intérêt
directeur, il vise davantage à satisfaire les besoins
d'un système bancaire fragile plus qu'à ceux de
l'économie chinoise. En effet, le marché bancaire
chinois reste très modeste, étant donné
la forte proportion d'entreprises encore détenues par
l'Etat et compte-tenu du fait que les ménages détiennent
essentiellement des liquidités.
Il
n'y a pas forcément de lien entre le poids économique
d'un pays et sa puissance monétaire." Jean-Pierre Allegret , Gate/CNRS |
La
monnaie chinoise peut avoir un rôle international
plus important que celle de l'Inde" Jean-Pierre Allegret , Gate/CNRS |
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Livre
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(Jean-Pierre Allegret - Vuibert, Collection Entreprendre - 17/02/2005) Quel type de régime de change est-il le mieux à même de permettre aux économies émergentes une insertion stable dans le système financier mondial tout en leur garantissant une stabilité interne ? Le choix du régime de change est abordé dans une double perspective. D'une part, les développements théoriques récents liés aux choix du régime de change sont analysés. D'autre part, les études empiriques sont mobilisées afin de montrer les avantages et inconvénients de chacun des régimes possibles. Il s'agit donc de présenter une synthèse des travaux les plus récents sur cette question et de confronter les conclusions théoriques de ces travaux aux données empiriques. >>> Consulter les librairies |
Chine vs Etats-Unis |
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