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ECONOMIE
 
06/07/2005

Qui peut défier le dollar ?
Euro-dollar : le match

Les produits s'échangent en dollars, les Etats s'endettent en dollars et les banques centrales constituent leurs réserves en dollars. Que reste-t-il à l'euro ?
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L'euro contesté
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Le yuan et la roupie
Fausse monnaie
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L'une n'a presque pas connu le XXe siècle, l'autre date du XVIIIe. L'une n'a pas d'Etat, l'autre symbolise le début de son indépendance. L'euro, la monnaie de la vielle Europe, tente de rattraper son aînée, le dollar. Du haut de ses quelques années, ce challenger joue déjà un rôle majeur dans l'économie mondiale. Mais il n'est pas près de détrôner le billet vert, qui vaut de l'or depuis la conférence de Gênes en 1922 et, surtout, les accords de Bretton Woods en 1944.

Des monnaies de facturation
60 % des transactions commerciales sont facturés en dollars. Le pétrole et la plupart des matières premières s'échangent dans cette devise. En Asie, on ne négocie pas en yens mais bien en dollars (cf. encadré). La plupart des pays de cette zone sont, qui plus est, arrimés à la monnaie américaine, tout comme en Amérique latine. Seulement 15 % des échanges commerciaux se font en euros, un chiffre qui correspond principalement aux exportations et importations intra-communautaires.

Tableau comparatif de l'euro et du dollar
(04/07/2005 - sources : FMI, OCDE, BRI)
Critère
Dollar
Euro
Cours de la devise (l'une par rapport à l'autre)
0,838
1,193
Inflation dans la zone (avril 05 / avril 04)
3,5 %
2,1 %
Taux directeurs de la zone
3,25 %
2 %
Part du stock des titres internationaux de dette
36 %
47 %
Part de la devise dans les échanges commerciaux
60 %
15 %
Part des réserves de change mondiales (2003)
64 %
20 %

Le dollar constituant la principale monnaie de facturation, son cours a un impact direct sur les économies. Ainsi, un dollar faible s'avère globalement défavorable aux exportations européennes, mais favorable aux importations et donc aux entreprises qui produisent à partir de produits importés. Les prix du pétrole et des matières premières atteignant des sommets, l'Europe a tout intérêt à posséder une monnaie forte. Les pays sont plus ou moins affectés par la valeur de leur monnaie suivant leur type de production. L'Italie et l'Irlande, qui produisent principalement des produits bas de gamme et peu chers, sont gênés par une monnaie forte, contrairement à l'Allemagne. L'euro fort pousse ainsi les pays à se tourner vers les produits à plus haute valeur ajoutée.

Cour de l'euro en dollar
(Reconstitution de la période antérieure à 1999 : Didier Schlacther, Sciences-Po)
Date
1 euro en dollar 
Juillet 2005  
  1,2
Novembre 2004  
  1,3
Octobre 2000  
  0,82
Janvier 1999  
  1,17
Avril 1995  
  1,34
Juillet 1986  
  0,62

Aujourd'hui, un euro vaut 1,2 dollar. Malgré les plaintes de certains industriels, il n'est peut-être pas assez apprécié. "Compte tenu du déficit extérieur américain, le dollar devrait être plus bas", note Gérard-Marie Henry, professeur à l'université de Reims et auteur de Dollar : la monnaie internationale. Histoire, mécanismes et enjeux. "Si l'euro ne monte pas plus, c'est à cause des incertitudes politiques. Un euro à 1,4 nous protégerait mieux des fluctuations des prix du pétrole."

Les politiques monétaires
Pour certains, la politique monétaire doit favoriser la croissance et l'emploi qui figurent d'ailleurs dans les objectifs de la banque centrale américaine (Fed), mais pas dans ceux de la Banque centrale européenne (BCE). "L'euro a grimpé de 58 % en quatre ans, relève Didier Schlacther, professeur à Sciences-Po. Cette hausse considérable a eu des répercussions sur la croissance et donc l'emploi." Mais, pour d'autres, la politique monétaire vise uniquement à limiter l'inflation, préalable à la croissance. "Ce n'est pas la politique monétaire qui fait la croissance, insiste Gérard-Marie Henry. La BCE et la Fed ont le même objectif : limiter l'inflation. Cela donne confiance en l'avenir." Selon l'économiste, seules des réformes structurelles peuvent générer la croissance.

Des monnaies de portefeuilles
Le yen perd du terrain

Toujours en crise, le Japon a choisi de garder son marché financier japonais très fermé. Ainsi, l'épargne japonaise permet à l'Etat de se financer en obligations pour lesquelles il paie très peu d'intérêts. En tant que monnaie du troisième pôle économique mondial, le yen conserve sa place. Mais son poids relatif est en baisse. La plupart des échanges dans la zone asiatique sont facturés en dollar. Ainsi, la Chine, en pleine expansion, est arrimée au billet vert.

L'euro et le dollar sont aussi des monnaies dans lesquels on peut investir et s'endetter. De ce point de vue, l'euro fort constitue un atout majeur pour attirer les capitaux. En 2004, les émissions en euros ont représenté 52 % du total des émissions, contre 25 % pour le dollar. Fin décembre 2004, 47 % du stock total de titres internationaux de dette était libellé en euros (+ 3 points sur un an), contre 36 % pour le dollar (- 4  points sur un an). Le poids croissant de l'euro dans les émissions de titres n'est pas seulement lié à la hausse de son cours. En effet, les obligations libellées en euros s'avèrent principalement détenues par des institutions financières non résidentes et de grands groupes internationaux.

Cependant, le dollar reste la monnaie de référence pour émettre des obligations. L'Etat allemand emprunte par exemple en dollars. En France, la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale) émet des titres en dollars. "L'Europe manque d'un marché financier unifié. Il faudrait pouvoir émettre des obligations européennes", note Gérard-Marie Henry. Les gouvernements européens se trouvent en concurrence face aux investisseurs, ce qui rend encore plus difficile toute harmonisation.

Des monnaies de réserves
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Le yuan et la roupie
Fausse monnaie
Le lexique
La monnaie européenne représente environ 20 % des réserves de change, contre 64 % pour la monnaie américaine. "En réserves de devises, l'euro pèse un peu plus que les anciennes monnaies nationales réunies", constate Didier Schlacther. De plus, les banques centrales ont eu tendance à se tourner vers l'euro ces derniers mois. Ainsi, la Banque centrale russe a-t-elle annoncé en mars l'augmentation de la part de la monnaie européenne dans le panier de devises qu'elle utilise pour fixer le taux de change du rouble. Cependant, les incertitudes politiques, liées aux résultats du référendum sur le traité de Constitution, risquent de pénaliser la monnaie européenne en tant que monnaie de réserves.

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