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INTERVIEW
 
08/06/2005

Nick Heys (Emailvision)
Je suis toujours surpris par la lenteur des décisions

Nick Heys a créé sa première entreprise en France en 1987. Aujourd'hui président fondateur d'Emailvision, il apprécie la qualité de vie de ce pays.
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A. Van Beek (Néerlandais)

Nick Heys paraphe des papiers. Il en profite pour rappeler, avec une pointe d'accent britannique, que la France est le seul pays où l'on paraphe des papiers... En Grande-Bretagne, une seule signature suffit. C'est pourtant en France qu'il a décidé de créer sa première entreprise, en 1987. Il habite en région parisienne depuis l'âge de 14 ans.

L'internationalisation
Six grands patrons
Barbara Borra (Italienne)
A. Van Beek (Néerlandais)
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Steve Colville (Américain)
Depuis quand vivez-vous en France ?
Nick Heys. Mes parents parcouraient l'Europe pour des raisons professionnelles. Nous sommes arrivés en France lorsque j'avais 14 ans. J'ai suivi les cours du lycée américain, puis d'une école de commerce, le MBA Institute. Je comptais alors faire un MBA aux Etats-Unis, mais le virus de la création d'entreprise m'a atteint. J'ai monté une société d'import de vêtements de pluie pour le golf, sport alors en plein essor. J'ai ensuite travaillé dans une entreprise de conseil en marketing direct, puis chez Franklin Mint, une compagnie américaine. Enfin, j'ai fondé Emailvision en 1999.

Un Anglais à Paris, qui créé une entreprise... C'est étonnant.
Nous sommes peu nombreux à avoir créé une entreprise en France. Mais ce n'est pas si compliqué. Je ne pense pas que les formalités administratives soient l'étape la plus difficile dans la création d'entreprise. A l'époque où je me suis lancé, les Français sautaient sur le golf. J'ai saisi l'opportunité, sans me soucier des aspects fiscaux ou administratifs. La France est un pays que j'avais appris à connaître. Mais je ne me doutais pas que les Français ne sortent pas jouer au golf quand il pleut !


J'apprécie beaucoup les déjeuners d'affaires"

Après cette expérience, pourquoi êtes-vous resté en France ?
Je me suis souvent posé la question de rentrer. J'aime ce pays et la qualité de vie qui va avec. Malheureusement, il est de plus en plus difficile d'y faire des affaires. Ma famille est en France. Et je ne suis pas loin de Londres en Eurostar.

Pourquoi est-ce de plus en plus difficile de faire des affaires ?
Du fait du modèle social français, tout est plus long et plus coûteux. Les 35 heures ne font qu'amplifier ce phénomène. Je paie 45 % de charges sociales pour les salariés de mon entreprise. En Grande-Bretagne, ce serait 12 % ! Le marché du travail français est moins flexible. Il est plus difficile d'embaucher et de licencier. Les salariés ne bénéficient pas forcément de ce modèle social. Ils gagnent plus d'argent en Grande-Bretagne, même si les loyers atteignent des sommes considérables à Londres.

Qu'est-ce qui vous étonne dans la manière de travailler des Français ?
Avec la mondialisation, les cadres travaillent partout et les différences s'estompent. Mais il me semble que les Anglais décident plus rapidement. Les Français réfléchissent beaucoup et agissent plus tard. En tant que vendeur, je préfère que l'on décide rapidement ! Je suis impatient de caractère et souvent surpris, voire énervé, par la lenteur de la prise de décision. Mais ce n'est pas un énorme handicap. Dans un autre registre, j'apprécie beaucoup les déjeuners d'affaires. Faire du business à table reste un culte auquel je ne suis pas indifférent.

Quelle langue utilisez-vous au bureau ?
Je parle anglais et je bascule naturellement dans une autre langue si nécessaire. La langue officielle pour les mails, documents et coups de téléphone est l'anglais. Mais je parle français avec les Français.

Vous êtes-vous facilement intégré ?
Au lycée américain, je vivais dans une bulle. Je me suis progressivement intégré grâce à mon école de commerce. Etant jeune, cela s'est bien passé.

Est-ce un handicap d'être Britannique en France ?
Non, au contraire. Cela constitue un bon sujet pour engager une conversation !

Parcours
Diplômé du MBA Institute, Nick Heys a débuté sa carrière en créant une entreprise d'import. Il a ensuite été consultant en marketing direct, avant d'occuper le poste de directeur marketing Europe de Franklin Mint. En 1999, il a fondé Emailvision, un fournisseur de logiciels de gestion de campagne e-mailing "on demand" pour l'e-commerce.

A. Van Beek (Néerlandais)

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