Dossier
 
01/06/2006

Les cinq pièges de l'expatriation

Lire entre les lignes du contrat, impliquer son entourage dans l'aventure, ou préparer son retour... Tout ce qui, mal fait, peut provoquer l'échec d'une expérience à l'international.
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"J'ai souvent entendu des personnes dire : je veux être international dans ma vie, quel métier dois-je faire ?" relate Jean-Luc Cerdin, professeur à l'Essec et auteur de L'expatriation (Editions d'Organisation, 2001). "C'est une mauvaise approche, et souvent l'origine d'un échec." Les raisons d'un échec sont nombreuses : professionnelles, personnelles, culturelles, conjoncturelles, accidentelles, irrationnelles... A vous d'anticiper les situations suivantes, quand cela s'avère possible, en vous renseignant avant de partir auprès de sources fiables et en vous posant les bonnes questions.

 

Les petites lignes du contrat

"Il n'est pas rare de voir des expatriés rentrer prématurément car leur famille n'a pas su s'adapter"

Le contrat d'expatriation réserve parfois des surprises, comme n'importe quel contrat de travail. Tout d'abord, vérifiez bien les tenants et aboutissants de votre poste sur place, sous les ordres de qui êtes-vous, quelles seront vos ressources... "Un conflit sur votre rôle peut aussi apparaître suivant ce que le siège attend de vous et ce que la filiale attend elle-même, raconte Jean-Luc Cerdin. Il faut jouer de diplomatie entre performance et désirs de vos supérieurs hiérarchiques qui ne vont pas forcément dans le même sens". N'oubliez pas de vous poser les bonnes questions. Quels sont les frais à votre charge : déménagement, logement, école des enfants, transport... ? Sur place, quels sont votre mode de rémunération, votre système de retraite et vos objectifs ? A votre retour, quelle sera votre situation ?

 

La mission piège

Il peut exister un écart entre la mission qui vous est vendue et la réalité sur place. "Expatrier un collaborateur peut être en fait une mise à l'écart de celui-ci, mais le fait est de moins en moins courant, car la mobilité coûte cher", explique-t-il. Dans ce cas, vous risquez de manquer souvent de ressources et de moyens pour assurer votre travail. Votre performance en pâtit sérieusement alors que c'est sur ce point que l'entreprise juge de votre qualité. Résultat, soit vous laissez passer le temps, soit vous changez d'entreprise. Idem si votre poste d'expatrié n'est pas à la hauteur de vos compétences. Il s'agit là d'un problème d'équivalence entre les différents pays, et d'un manque de réalisme. "Avant de s'engager, contactez si possible l'expatrié en poste avant vous. Il est le plus à même de rendre compte de la réalité du poste", conseille-t-il.

 

 La famille non intégrée

"Expatrier un collaborateur peut être en fait une mise à l'écart de celui-ci"

Les contraintes familiales sont parmi les premières causes d'échec d'une expatriation. "Il n'est pas rare de voir des expatriés rentrer prématurément, au bout de trois à six mois pour une mission devant durer trois ans par exemple. Leur famille n'a pas su s'adapter", remarque l'auteur de L'expatriation. Pour éviter ce cas de figure, il faut faire en sorte d'associer sa famille au projet et se donner les moyens de la prendre en compte. Par ailleurs, si le choix de s'expatrier repose sur un motif négatif tel que la fuite d'une situation de blocage par exemple, cette expatriation a de fortes chances de tourner à l'échec.

 

Le dépaysement excessif

Partir travailler à l'étranger peut se révéler une véritable mise à l'épreuve de votre ouverture d'esprit et de votre adaptabilité. Logement, nourriture, culture, loisirs, transports, hiérarchie... parfois ceux qui partent travailler à l'étranger ont une vision trop idyllique du pays d'accueil et de leur travail. Une préparation et une formation interculturelle permet de réduire l'incertitude pour faciliter l'adaptation. Au contraire, il ne faut pas non plus s'enterrer dans le pays où l'on est expatrié jusqu'à oublier la politique et la culture de sa propre entreprise d'origine et finir par devenir un "local". On n'est plus alors au service de son entreprise et le retour sera difficile.

 

Le retour non préparé

Pendant votre expatriation, vous évoluez, et votre entreprise aussi. Vos collaborateurs bougent au sein de l'organigramme. De nouveaux cadres sont embauchés et il se peut que vous ne connaissiez plus les personnes clés. Un bon retour se prépare donc dès le départ. Ne comptez pas sur l'entreprise pour le prendre en charge. "Elle ne peut pas faire une promesse de poste pour l'expatrié à son retour", insiste Jean-Luc Cerdin. Ceux qui travaillent à l'étranger négligent trop souvent leur contact avec leur entreprise. Rendez-vous fréquemment au siège et tenez-vous informé des nominations et des évolutions stratégiques. Tentez de rendre visible votre travail dans le pays d'accueil.


 


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