13/04/2005
Tisser des relations de confiance Leurs méthodes pour vendre
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Thierry de Poncins, directeur régional des ventes chez Dassault Aviation. |
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Avec une formation d'ingénieur et de commercial
et un brevet de pilote, Thierry de Poncins travaille depuis
neuf ans pour Dassault Aviation, leader mondial sur le marché
de l'aviation privée. Il occupe aujourd'hui le poste
de directeur régional des ventes pour l'Europe du Sud
et le sous-continent indien, vendant Falcon et les services associés
(formations, maintenance, pièces détachées)
à des dirigeants de grands groupes industriels mondiaux
- dans 70 % des cas - ou à des gouvernements et
privés. Dassault ne compte qu'une vingtaine de vendeurs
dans le monde. |
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Entre
4 et 6 avions par an
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Thierry de Poncins réalise en moyenne quatre à
six ventes de Falcon par an, un produit très haut de
gamme et personnalisé pour chaque client, ce qui nécessite
un à quatre ans d'attente. Le prix de ses appareils
se chiffre à plusieurs dizaines de millions d'euros.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une vente,
intervient-il. Certains clients sont stratégiques car
ils peuvent déclencher des achats en chaîne ou
incitent d'autres clients à se tourner vers nos produits.
C'est le bouche à oreille. Un client garde un avion
cinq à dix ans au bout desquels nous lui proposons
de le lui racheter pour lui en vendre un nouveau. La notion
de fidélisation est très forte, certains de
nos clients nous suivent depuis 35 ans."
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Pour
Thierry de Poncins, un client n'est jamais acquis. Il a rencontré
en 1999 un client espagnol qui venait au Salon du Bourget
pour acheter un Falcon. "Notre avion n'étant pas
disponible à cause des délais d'attente, il
s'est rabattu sur un concurrent. Après discussion,
il a annulé la vente avant livraison et a acheté
un Falcon, le tout en moins d'un an." Rebelotte deux
ans plus tard, même scénario. "Aujourd'hui
la vente d'un troisième Falcon est bien avancée." A chaque
fois Dassault Aviation rachète le précédent.
"Un achat correspond à un besoin. Notre concurrent
n'avait pas donné toutes les informations sur son avion,
ce que j'ai expliqué au client, dans sa propre langue.
Les Espagnols sont des gens fidèles pour qui la confiance
est très importante."
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Une
vente qui dure depuis
8 ans
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Une ténacité qui lui a valu de mauvaises surprises
au début de sa carrière chez Dassault Aviation.
"Il y a huit ans, je tenais tellement à décrocher
un rendez-vous avec un client indien que j'ai fini par l'agacer
en insistant trop lourdement. Le contact personnel n'avait
pas été très bon non plus, et nous n'avions
pas la même culture, ni la même organisation.
Après un an de discussion et de négociation,
celui-ci m'a demandé quand mon patron allait venir.
Puis il m'a indiqué qu'il n'achèterait pas notre
produit. Par la suite, je suis passé tous les mois
lui dire bonjour, sans essayer de lui vendre quoi que ce soit.
Je lui parlais franchement, lui disant des choses vraies,
notamment sur les produits des concurrents. Nous avons appris
à nous comprendre et avons évolué tout
les deux, chacun de notre côté. La vente devrait
finalement se conclure en 2005."
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Lorsque le produit est très bon, notamment techniquement,
la différence se joue ailleurs. Dassault Aviation étant
le seul acteur du Vieux Continent sur son marché, les
Européens y sont par exemple sensibles. Autre atout
: la proximité. "Personnellement, note Thierry
de Poncins, je parle plusieurs langues européennes,
ce qui me permet d'être plus proche du client. Car le plus
important est de tisser des relations de confiance et de fidélité,
sans s'imposer, mais en apportant de l'information au client." |
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