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Il n'a envoyé aucun CV. Et pourtant, en dix jours, il a reçu une dizaine de propositions de stage ou d'emploi. Alexandre Guéniot a pour cela concocté une présentation de lui-même pour le moins originale, animée et chantée.

"Pour le diffuser, j'ai changé mon pseudo MSN en : "@L, www.alstudio.fr.st : mon CV en dessin animé !". J'ai alors posté un message dans un newsgroup privé et j'ai distribué des cartes de visite avec le même nom de domaine." Une démarche efficace : plusieurs dizaines de milliers de personnes sont venues voir cette page en quelques semaines. "Je pensais bien que ce CV arriverait à des endroits stratégiques et ne laisserait pas indifférent les décideurs, poursuit Alexandre Guéniot. Mais je ne pensais pas que je recevrais autant de réponses aussi vite. Je m'étais dit que, au pire, mon site les ferait bien rigoler."

Certes Alexandre Guéniot maîtrise parfaitement l'informatique, et cherche du travail dans le secteur des technologies. Mais d'autres salariés ont également tenté la promotion de leur CV sur Internet, sans pour autant maîtriser les outils nécessaires, et dans des secteurs moins sensibles au Web. C'est le cas de Michael Przyswa. Après une école de commerce, il a signé deux CDD, puis un CDI. Ayant démissionné, il est maintenant en recherche d'emploi, activité à laquelle il consacre deux à trois heures par jour.

Depuis trois semaines, il fait son auto-promotion en ligne. Une démarche qui passe essentiellement par son site Internet, à deux entrées "Une minute pour convaincre" ou "Cinq minutes pour des informations complètes". Ce cadre a également agrémenté son site d'un module de chat.

Mon site est une vitrine de mes compétences" Michael Przyswa

Pour assurer la promotion de son opération, Michael Przyswa a organisé une véritable campagne de mass mailing avec plus de 2 000 fax expédiés à des PME des secteurs du marketing ou du commerce international et plus de 300 e-mails à des sociétés de recrutement. Le coût ? 30 euros pour l'abonnement de fax illimité. Michael Przyswa distribue également une carte de visite peu commune : un mini-CD avec, sur le côté face, ses coordonnées, et sur le côté pile, son site Internet. Ce chercheur d'emploi entend ainsi apporter la preuve de sa créativité et de sa débrouillardise. Sa démarche est selon lui de plus en plus fréquente. "Certaines écoles de commerce conseillent d'ailleurs à leurs diplômés de créer des sites personnels avec leur CV", ajoute-t-il.

Faut-il pousser cette logique jusqu'à tenir un blog, comme cela se fait de plus en plus aux Etats-Unis ? "Il est difficile de donner une image de sérieux dans un blog, constate Michael Przyswa. J'ai commencé à en tenir un, mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas écrire ce que je voulais." Sans compter que le rythme quotidien nécessaire pour l'animation d'un blog est difficile à tenir : un chercheur d'emploi n'a pas forcément quelque chose à raconter chaque jour.

Au pire, ça les fera bien rigoler !" Alexandre Guéniot

Pour Alexandre Guéniot, le problème serait plutôt sur les propos tenus dans l'espace d'expression Internet. "Quand j'ai créé mon site puis mon blog, ils n'étaient pas sensés accueillir des visiteurs inconnus, donc j'écrivais ce que je pensais, comme je le pensais, sans essayer de censurer quoique ce soit, raconte-t-il. C'est une attitude qui peut coûter cher, mais qui a le mérite de ne pas laisser indifférent." Bref, ça passe ou ça casse.

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Victoire Guermont (il s'agit d'un pseudonyme), manager dans le marketing et la vente, qui publie le blog From chomage outback, préfère elle prendre toutes ses précautions. "Pour ne pas me suicider définitivement professionnellement, je suis tenue à une certaine réserve", explique-t-elle. Victoire Guermont ne cite pas les entreprises dans laquelle elle a travaillé et ne relate que des faits passés, sans trop de précisions. "C'est un peu frustrant, mais sans cette couverture, je ne pourrais pas tenir ce blog, car j'y laisse poindre mes tendances politiques et mes opinions sur le management actuel en entreprise. C'est d'ailleurs impressionnant de voir que même en étant très modéré dans ses propos, on n'est malgré tout pas libre de s'exprimer sur Internet à visage découvert avec un minimum de franchise." La modération est de mise.

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