Journal du Net > Management >  Gestion de l'innovation : MicroEgg, de l'idée au marché
dossier
 
(juin 2004)

Gestion de l'innovation
MicroEgg : de l'idée au marché

Le MicroEgg, c'est un petit récipient qui permet de cuire les oeufs au micro-onde. Mais aussi c'est l'histoire d'une invention française vendue à cinq millions d'exemplaires.
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A son niveau, le MicroEgg est une invention qui révolutionne l'art culinaire. Et pourtant, les récipients fermés pour la cuisson des oeufs au micro-onde ne datent pas d'hier. Mais pour ceux qui ont osé utiliser ces premiers récipients, le résultat était bien souvent pitoyable... MicroEgg c'est l'histoire d'une invention et de la société qui l'exploite, la SIID (Société Internationale d'Innovation et de Distribution), spécialisée dans la création de produits en plastique haut de gamme à usage culinaire. Une société dirigée par Guylaine Aubert.

Le MicroEgg est à l'origine de la SIID, créée en 1995 par Guylaine Aubert, alors en étude de gémologie. En apportant des améliorations technologiques essentielles sur les premiers récipients dédiés à la cuisson des oeufs au micro-onde, Guylaine Aubert n'invente pas mais innove. Avant l'apparition du MicroEgg, les récipients proposés sur le marché permettaient de cuire des oeufs au micro-onde uniquement avec leur coquille. Or le MicroEgg permet non seulement d'obtenir une cuisson homogène de l'oeuf (15 secondes pour un oeuf à la coque), mais aussi de le cuisiner avec de la crème fraiche ou tout autre ingrédient, puisqu'il est cuit sans coquille.

Pour assurer une cuisson parfaite, en moins d'une minute, et éviter que l'oeuf ne se pulvérise sur les parois du four, Guylaine Aubert a l'idée d'ajouter quatre trous à son récipient refermable. "Lorsque l'on fait cuire un oeuf dans un simple plat en plastique recouvert d'un film plastique pour éviter les projections, la vapeur d'eau finit par faire gonfler et éclater le film s'il n'y a pas de trou, explique-t-elle. Par ailleurs, un gros trou ne permet pas une cuisson homogène de l'oeuf. En effet le blanc contient davantage de molécules d'eau que le jaune. Celui-ci cuit notamment plus rapidememt avec les ondes car il se trouve au centre de l'aliment. Les quatres petits trous, eux, peuvent ventiler l'humidité qui s'échappe de l'oeuf et glisse sur les parois internes lisses du MicroEgg."

Afin de faire connaître son ingénieuse idée, Guylaine Aubert présente le MicroEgg au concours Lépine en 1997et 1998. Une liste de contacts en main, elle s'adresse alors à un industriel de Thiers (63), spécialisé dans la fabrication de manches de couteaux Laguiole. Désireux de se diversifier, l'industriel décide de financer le moule, la matière première et la fabrication, en échange d'une part des bénéfices de l'entreprise. Grâce à ce coup de pouce, il faudra à la SIID deux ans au lieu des quatre prévus pour amortir l'investissement. Le MicroEgg est toujours fabriqué à cette unique et même adresse.

Mais avant d'en arriver au produit final, il a fallu développer trois prototypes et trois séries différentes de MicroEgg avec, à la clef, quelques essais infructueux. Le deuxième prototype, lancé sur le marché, a par exemple été victime d'un problème de fermeture qui a entrainé l'arrêt de la série. La troisième version a, elle, souffert de son esthétisme. "La coloration en plastique blanc n'a absolument pas séduit le marché, se souvient Guylaine Aubert. Nous avons donc décidé de jouer la carte de la couleur qui, on peut le dire, fait tout : c'est ludique et esthétique." Le MicroEgg est aujourd'hui décliné en douze coloris. Présente dans plusieurs pays, avec notamment des filiales aux Etats-Unis et au Japon, la SIID a déjà vendu cinq millions d'exemplaires du MicroEgg.

Amortir une innovation pour en financer une autre."

Guylaine Aubert, SIID

Depuis ce premier succès, l'entreprise continue sa quête de l'innovation. L'élaboration des nouveaux produits est gérée au sein de la SIID qui ne compte que cinq personnes, dont deux concepteurs. Une gestion de l'innovation qui se veut, avant tout, prudente. "Nous attendons toujours qu'une innovation soit amortie pour financer la suivante, explique Guylaine Aubert. Bien que nous ayons beaucoup d'idées nous prenons peu de risques. Sur environ dix idées par an, on ne sait pas lesquelles sont susceptibles de réellement fonctionner." Deux ans après le MicroEgg, une fois donc le produit amorti, la SIID décide de commercialiser le bouchon de cannette. Ce nouveau produit sera amorti, lui aussi, en deux ans. Suivront des couverts de table adaptés aux enfants.

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Pendant ce temps, du haut de ses millions d'exemplaires, le MicroEgg continue sa carrière internationale. Mais, selon Guylaine Aubert, un seul marché reste quasi inattaquable car éternel copieur : la Chine. "Vendre du plastique en Chine, on va rigoler !", s'exclame-t-elle. Mais la dirigeante ne désespère pas d'y arriver. Elle mise pour cela sur la fiabilité du made in France, "à la différence de la production chinoise où un problème dans leurs séries à grande échelle peut provoquer des catastrophes".

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