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(juin 2004)

Gestion de l'innovation
Dyson : seul contre tous

Il aura fallu plus de quinze ans à la société Dyson pour imposer la technologie de l'aspirateur sans sac. Les industriels de l'électroménager voyaient avant tout dans cette innovation une menace.
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C'est une évidence : la poussière est l'un des pires ennemis de la machine. Elle encrasse les appareils électriques et bouche les aérations. L'aspirateur, pourtant chargé d'éliminer la poussière, ne déroge pas à la règle et souffre des mêmes problèmes. C'est en partant de ce constat, qu'un inventeur britannique, James Dyson (lire son interview), va révolutionner le marché de l'aspirateur. L'histoire d'une innovation de longue haleine.

L'invention de l'aspirateur sans sac est issue de la vie quotidienne. C'est en passant l'aspirateur chez lui que James Dyson observe que la puissance de l'engin traditionnel diminue à cause de l'obstruction des pores du sac. Entre 1979 et 1984, cet ingénieur-designer tente de développer la technologie cyclonique, dont le résultat est la disparition du sac. Il aura fallu plus de 5 000 prototypes pour aboutir à la technologie Dual Cyclone.

A bien des égards, cette technologie est révolutionnaire. "Un système de séparation de la poussière permet à l'aspirateur de conserver toute sa puissance d'aspiration, explique un représentant de Dyson. La force centrifuge créée par les cyclones entraîne les poussières. Le cyclone extérieur élimine les grosses particules, tandis que les cyclones intérieurs entraîne les minuscules particules, jusqu'à 0.1 micron, grâce à une aspiration plus forte."


Du prototype...

...au produit final

En 1984, James Dyson est persuadé d'avoir trouvé l'idée qui va bouleverser le marché de l'aspirateur. C'était sans compter sur les acteurs traditionnels installés sur ce même marché. Les industriels de l'électroménager refusent tout simplement d'exploiter sa technologie brevetée. A leurs yeux, le Dual Cyclone représente la mort du marché des sacs d'aspirateur. "Or ce marché était évalué à plus de 100 millions de livres (150 millions d'euros) rien qu'en Grande-Bretagne", souligne un porte-parole de Dyson.

C'est finalement grâce au marché japonais que James Dyson va pouvoir commencer à commercialiser son idée. En 1986, via une licence d'exploitation, le G-Force est lancé dans l'Archipel à 2 000 dollars. Sept ans plus tard, en 1993, face à la montée en puissance des ventes au Japon, le DC01 est enfin lancé en Grande-Bretagne pour, cette fois, 200 livres (300 euros).

Débute alors une ascension fulgurante. En l'espace de dix ans, après des commercialisations lancées aux quatre coins du monde, la marque Dyson devient un acteur de poids sur le marché de l'aspirateur. "Aujourd'hui, nous détenons quasiment la moitié du marché des aspirateurs en Grande-Bretagne et un peu plus de 20 % du marché de l'Europe de l'ouest." Entre 1993 et 2001, le chiffre d'affaires de Dyson passe ainsi de 2,4 à 380 millions de livres (de 3,61 à 571 millions d'euros).

Jean-Luc Diard (Salomon)
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Aujourd'hui, la société Dyson compte quelques 1 200 employés en Grande-Bretagne, dont 350 ingénieurs designers qui travaillent en R&D, ainsi que 300 personnes dispersées dans le monde. Le culte de l'innovation se poursuit dans l'entreprise. Cette année, le budget de la R&D devrait atteindre les 40 millions de livres (60 millions d'euros). La société Dyson compte désormais 1 100 brevets et applications de brevets, concernant quelques 175 inventions.

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