"Il est con", "quel
plouc" ou "elle est bonne". La DRH d'un grand cabinet
de conseil a dû taper du poing sur la table face à
ces commentaires relevés dans des rapports d'entretiens
effectués avec des candidats stagiaires. L'histoire prête à sourire, mais elle montre surtout que les stages ne sont pas toujours une affaire prise au sérieux par l'ensemble des salariés. Une déviance qui n'est guère appréciée chez les services RH. Ces derniers considérent que les stagiaires représentent, au contraire, un élément important du capital humain de l'entreprise.
Quelques
chiffres, pris au hasard, permettent de comprendre l'importance
des stages pour l'entreprise. Chez Danone, par exemple, la moitié
des recrutements juniors effectués chaque année proviennent
des stagiaires. Chez Total (lire l'article),
ce sont 10 % des recrutements cadres qui sont issus des étudiants
accueillis en stages. Même phénomène chez Procter
& Gamble (lire l'article) ou
encore chez Mazars & Guérard (lire l'article).
Pour toutes ces entreprises, les stagiaires font aujourd'hui partie
intégrante de la gestion des ressources humaines.
Le phénomène est même loin d'être anodin. Selon une enquête en ligne du Journal du Management (lire l'article), près des 98 % des entreprises accueillent des stagiaires plus ou moins régulièrement. Et pour absorber ces étudiants et ces élèves, 65 % des entreprises ont, du coup, mise en place une politique de gestion des stagiaires, centralisée ou non.
Cette gestion globale des stages s'impose à plus d'un titre. Car, dans les faits, le stagiaire est souvent placé dans une situation proche de celle du salarié. "Nos stagiaires ont les mêmes responsabilités qu'un collaborateur de l'entreprise, note ainsi Florence Da Costa, responsable du service des stages
de l'Edhec (lire l'interview). Ils sont par exemple assistant chef de produit, assistant du directeur administratif et financier, assistant contrôleur de gestion, chef de projet..."
Autre argument en faveur de la gestion globale des stages : le statut juridique du stagiaire. Ce collaborateur à part, amené à opérer des missions parfois délicates pour l'entreprise, se retrouve dans une situation complexe au regard de l'entreprise. "Le statut de stagiaire se distingue normalement de celui de salarié, régi par un contrat de travail, souligne Me Gilles Jolivet du cabinet Baker & McKenzie (lire la tribune). Pourtant, le stagiaire est placé en situation de travail, par le biais de la réalisation de tâches dans des conditions souvent très proches de celles d'un emploi salarié."
Bref, délaisser la gestion des stagiaires, en optant pour un pilotage au coup par coup, c'est prendre des risques mais aussi couper l'entreprise de l'un de ses principaux viviers, tant au niveau du recrutement qu'au niveau du renouvellement des idées, des méthodes de travail. On méditera d'ailleurs cette phrase, bien connue dans l'univers des ressources humaines : "l'entreprise n'a que les stagiaires qu'elle mérite".
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