Difficile d'y voir clair sur la situation de la France en matière
de création d'entreprise. Les indicateurs se succèdent
mais ne se ressemblent pas. En tête de liste, le bilan annuel
de l'APCE (l'Agence pour la création d'entreprise), qui estime que
293 840 entreprises ont été créées ou reprises en France l'année
dernière. Un résultat tout en rose, en hausse de 8,7 %
(lire l'article).
Autre
indicateur, cette fois plus sombre : le sondage Ifop réalisé
en début d'année pour le compte du Salon des Entrepreneurs
(lire l'article).
Selon cette enquête, la part des Français disposés à se lancer
dans la création d'entreprise est à la baisse. 23 % de la
population âgée de dix-huit ans et plus se dit tentée par l'entrepreneuriat,
contre 27 % fin 2002 et 31 % fin 2001.
Troisième indicateur, encore plus noir, le Global Entrepreneurship
Monitor 2003 (lire l'article).
Selon ce classement mondial, la France fait figure de mauvaise élève
sur la vitalité entrepreneuriale. Tant sur le nombre de créateurs
d'entreprise que sur le poids économique des jeunes entreprises,
l'Hexagone se retrouve en fond de classement, aux côtés
de la Pologne
ou de la Russie.
Alors que penser
de la situation réelle de l'initiative économique
en France ? La loi du même nom (voir les mesures),
emmenée par Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux PME, a-t-elle
des impacts sur la création d'entreprise ? Peut-on assister
au retour des start-ups ? Pour Sylvain Breuzard, président
du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), la réponse
est oui (lire l'interview).
"La loi Dutreil redonne confiance aux porteurs de projet",
estime-t-il, tout en concédant que "la France a loupé
un virage en matière d'esprit d'initiative".
A l'Observatoire français des conjonctures économiques
(OFCE), l'analyse est plutôt différente. "La loi
Dutreil n'a réellement pris effet qu'en janvier 2004, elle ne saurait
donc justifier la croissance, analyse Eric Heyer, directeur adjoint
au département analyse et prévision (lire
l'interview). En outre, poursuit-il,
la loi Dutreil risque surtout de favoriser les entreprises mono-salariales,
car seul le patron sera exonéré de charges patronales."
Il faudra donc attendre le bilan 2004 pour voir si la création
d'entreprise repart en France et pour mesurer, avec un peu plus
de recul, le degré de solvabilité des projets lancés,
le niveau de régénérescence des PME et l'activité des investisseurs
en faveur des jeunes entreprises. En attendant, un calcul devrait
mettre tout le monde d'accord : l'année dernière,
selon l'APCE, 199 399 nouvelles entreprises ont vu le jour,
un résultat en hausse de 12 %. Sur la même période,
Euler-SFAC estime que 47 936 entreprises ont fermé leurs portes,
un chiffre en progression de 11,7 %. Bref, créations
et faillites ont évolué à la même cadence.
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