Qu'elles soient
historiques ou jeunes, internationales ou locales, diversifiées
ou concentrées, les entreprises du secteur high-tech ont
toutes un point commun. Les douze derniers mois ont représenté
pour elles une période placée sous haute tension.
Ce qui était perçu, il y a encore un an, comme les
conséquences directes et indirectes de l'affaissement de
la Nouvelle Economie porte désormais un nom : la crise.
Une rupture - un nouveau paradigme diront certains -
qui a profondément modifié le jugement porté
par les salariés du secteur hight-tech sur leur entreprise.
L'enquête
en ligne 2003 est symptomatique de ce changement. L'année
dernière, pour ce même palmarès, seize des vingt
premières entreprises high-tech préférées
des salariés avaient obtenu une note générale
au-dessus de la moyenne, supérieure à 2,5 sur 5. Cette
année, seules les cinq premières entreprises du classement
dépassent le seuil symbolique (voir le classement).
Globalement, la perception des salariés du secteur high-tech
sur leur entreprise s'est donc dégradée.
Ce recul, prévisible,
s'accompagne d'une bascule complète sur certains critères
évalués par les salariés. L'année dernière,
toutes entreprises confondues, "l'ambiance de travail"
et "les dispositifs de BCE ou de stock-options" étaient
jugés comme les points les plus positifs du secteur high-tech.
Malgré le retour du costume-cravatte et la plongée
des marchés boursiers, le mythe de la Nouvelle Economie n'était
pas encore mort en 2002.
Cette année,
la dissociation est consommée. L'attention des salariés
s'est tournée vers des valeurs refuges (voir le classement).
Ce sont désormais "la couverture sociale" et "les
dispositifs 35 heures" qui sont perçus comme les aspects
les plus positifs du secteur high-tech. On est bien loin de l'image
de la Silicon Valley.
Cette rupture
apparaît encore plus marquée à la lecture du
classement des entreprises qui font aujourd'hui rêver les
salariés du secteur high-tech (voir le classement).
Certes quelques acteurs incontournables, comme EDF, Microsoft ou
IBM, sont cette année au rendez-vous. Mais la liste subit
un véritable raz-de-marée des entreprises publiques,
parapubliques ou installées au CAC 40. Aujourd'hui, les salariés
de la high-tech font de l'oeil à Total, à PSA, à
La Poste ou, tout simplement, à la fonction publique. Plus
c'est gros, plus cela rassure.
Reste, malgré
tout, une valeur fossile de la Nouvelle Economie : la création
d'entreprise. Plus de 21 % des salariés du secteur high-tech
rêvent encore de travailler un jour dans leur propre entreprise.
Le culte de la start-up survivrait donc à la crise.
Encore faut-il connaître les motivations réelles des
salariés à la fibre entrepreneuriale. S'agit-il de
créer une entreprise pour "l'ambiance de travail"
et "les dispositifs de BCE ou de stock-options" ou, au
contraire, pour "la couverture sociale" et "les dispositifs
35 heures" ?
Dans le premier
cas, le culte de la start-up n'a pas - encore - pris un
pli. Dans le second cas, une nouvelle espèce de jeunes pousses
serait en gestation, forgée par des entrepreneurs soucieux
de leur qualité de vie et enclins à bâtir leur
propre pose professionnelle. La start-up se transformerait alors
en break-up.
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