Glenn Sykes (University of Chicago GSB)
"La France a toujours été friande de nos MBA"

Rockefeller l'appelait "son meilleur investissement". L'Université de Chicago abrite l'une des meilleures business schools au monde, dont le campus londonien séduit beaucoup de managers français. Entretien avec son directeur.

Envoyer

Imprimer

Créée en 1890 par John D. Rockefeller, l'Université de Chicago recèle l'une des business schools les plus cotées d'Amérique. Comptant six prix Nobel d'économie dans son corps enseignant, la Chicago Graduate School of Business (GSB) occupe aujourd'hui le sommet des classements de MBA. En 2005, l'école a ouvert un Executive MBA à Londres, qui connaît un succès grandissant parmi les managers français. Glenn Sykes, Directeur Général Europe de la Chicago GSB, a répondu aux questions du Journal du Management.

La Chicago GSB est la seule business school américaine présente sur trois continents. Quelle est votre stratégie d'implantation ?

	Toutes les interviews
	Bocconi Essec Stanford Instituto de Empresa Sciences Po Cnam Edhec Tuck Chicago GSB HEC Conf. des Grandes Ecoles Formation continue universitaire

Glenn Sykes. Nous avons ouvert un campus à Barcelone en 1994 puis un autre à Singapour en 2000. En 2005, nous avons déplacé notre campus européen à Londres, plus au centre du monde des affaires et des médias. C'est la ville qui répondait le mieux à la question : "Où voulons-nous être pour les cent prochaines années ?" Ce sont les mêmes professeurs qui dispensent les cours à Chicago, à Singapour et à Londres. Les enseignements et le diplôme que nous délivrons sont donc les mêmes pour les trois campus. En revanche, nous ne prévoyons pas d'en ouvrir un quatrième. Nous n'embauchons pas de professeurs localement et les nôtres doivent déjà couvrir trois campus. Il serait trop difficile de maintenir un enseignement de très haute qualité avec un quatrième site.

L'implantation de votre école à Londres est-elle le signe que l'Europe ne peut rivaliser avec les écoles et les programmes américains ?
Pas le moins du monde ! Les établissements européens progressent régulièrement dans les classements, comme celui qu'établit chaque année le Financial Times. S'ils ne viennent pas s'implanter aux Etats-Unis, c'est parce que les institutions américaines ne fonctionnent pas de la même façon qu'en Europe. Il faudrait à vos écoles des ressources financières qu'elles n'ont pas. Mais leurs programmes sont tout à fait reconnus. D'ailleurs, des Américains qui, par exemple, veulent construire leur carrière en Europe ou simplement accélérer l'extension de leurs perspectives internationales viennent suivre un MBA en Europe.

Qu'est-ce qui distingue un MBA d'une école américaine de celui d'une école européenne ?

Le marché de l'emploi pour les MBA est particulièrement actif à Londres."

Ils sont plus similaires que différents. D'abord parce que nombre d'enseignants de MBA européens ont été formés dans des écoles américaines et que beaucoup des supports de cours viennent également des Etats-Unis. De plus, les professeurs sont en général originaires de partout dans le monde. Cela étant dit, il est vrai que les MBA américains sont souvent dispensés par des universités, tandis qu'en Europe, notamment en France, les écoles sont davantage adossées à des Chambres de Commerce ou des entreprises partenaires. Cela a un impact sur la gouvernance des MBA, leurs financements, leur implication dans la recherche…

Les Français constituent la nationalité la mieux représentée dans votre Executive MBA londonien. Comment cela se fait-il ?

Sites

	Chicago GSB
	Classement des MBA

Effectivement, onze des quatre-vingt-dix participants sont français et quatre autres résident en France. La France a toujours été friande de nos MBA, jusque sur le campus de Singapour où, hors nationalités asiatiques, la France est le pays le plus représenté. Lorsque je leur parle, nos étudiants français me disent privilégier avant tout la valeur de nos enseignants, mais aussi l'opportunité d'étendre leur réseau - les Français me semblent être particulièrement curieux et ouverts sur le monde - et bien sûr, l'excitation de se trouver dans la capitale européenne du business. Le marché de l'emploi pour les MBA, particulièrement actif à Londres, ne fait que confirmer leur attirance pour cette ville.

Quelles sont les nouvelles tendances des formations en management ?
Les business schools continuent de viser une pertinence mondiale.

Chicago GSB Londres en chiffres

Taille des promotions	90 (3.110 tous programmes et campus confondus)
Age moyen	35 ans
Expérience professionnelle moyenne	11 ans
Nationalités représentées	40
Proportion de femmes	27 %

Evidemment, nul ne connaît la meilleure façon d'y parvenir. Mais on constate que les voyages d'études se multiplient et que les compétences globales sont très sollicitées. C'est une tendance véritablement durable. D'autre part, certaines écoles choisissent maintenant de combiner plusieurs disciplines en un seul cours, même si, à la Chicago GSB, il nous paraît plus approprié de nous en tenir à une discipline par cours. Autre tendance, l'entreprenariat fait de plus en plus d'émules. Enfin, certaines écoles proposent un coaching individuel tout au long de la vie. Pour notre part, nous pensons que ce n'est pas le rôle d'une business school, qui ne peut pas tout être pour le participant. Avec la multiplication des établissements et des programmes, l'étudiant doit plus que jamais définir clairement le retour sur investissement qu'il attend d'un MBA.

Parcours

Glenn Sykes est le Directeur Général Europe de la Chicago Graduate School of Business depuis 2002. Il se consacre notamment à accroître les activités marketing de l'école en Europe et à en renforcer les relations avec les entreprises.

Après un MBA à la Kellogg School of Management (Northwestern University), Glenn Sykes a occupé des postes en marketing à la Citibank puis chez Coopers & Lybrand. Après un passage par la très renommée Wharton School (University of Pennsylvania), il a rejoint la Chicago GSB en tant que dean associé du bureau des carrières des MBA.

JDN Management