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ENTREPRISE
 
24/05/2006

Productivité : les entreprises peuvent mieux faire

L'étude internationale sur la productivité du cabinet de conseil Proudfoot Consulting annonce 84 jours "perdus" en moyenne par travailleur en 2005. En cause : l'insuffisance de planification et de supervision.
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Le cabinet de conseil Proudfoot Consulting se consacre depuis 1946, date de sa création, à la chasse au temps "perdu" et édite tous les ans depuis 1992 une étude sur la productivité du travail. Pour cette nouvelle édition, 2.614 études de cas détaillées ont été réalisées au sein de grandes entreprises dans 13 secteurs d'activité et 12 pays. L'enquête repose à la fois sur l'observation des travailleurs et sur des entretiens menés auprès de 816 décideurs.

Il ressort de cette étude que l'efficacité des entreprises est loin d'être optimale. La faute au temps de travail et à la productivité, largement inférieurs à ce qu'ils pourraient être dans des conditions idéales. Un potentiel de croissance que les entreprises ne doivent pas négliger car "la productivité du travail constitue le principal indicateur de la santé économique", rappelle le professeur John Van Reenen de la London School of Economics.

Méthodologie

Les activités sont classées en deux catégories : productives et improductives. Les activités qui ne créent pas de valeur ajoutée pour l'entreprise regroupent du temps professionnel (panne informatique, début d'une réunion en retard...) et du temps personnel consacré par exemple à envoyer des e-mails privés.

Un tiers du temps de travail gaspillé
Les salariés peuvent être un levier ou un frein à l'efficience organisationnelle. Si une bonne organisation peut raisonnablement espérer que 85 % du temps disponible sera consacré à des activités créatrices de valeur, la réalité montre que ce taux atteint seulement 63 % en moyenne dans les pays examinés. Le léger recul des jours perdus depuis 2001 montre une progression dans la prise en compte de ce phénomène mais qui doit être relativisée aux vues de sa faible ampleur (seulement 14 % de jours perdus en moins entre 2001 et 2005) et de l'importance du temps improductif relevé (84 jours en 2005). Ce chiffre pèse d'autant plus sur les résultats de l'entreprise qu'elle emploie du personnel qualifié et donc verse des salaires plus élevés.

Jours de travail perdus (sur la base de 100 % de travail)
(Source :Etude de productivité 2005, Proudfoot Consulting )
Année
     temps productif      temps perdu
2005 
  37 %
  63 %
2004 
  38 %
  62 %
2003 
  39 %
  61 %
2002 
  41 %
  59 %
2001 
  43 %
  57 %


Insuffisance de la planification et de la supervision
Si l'encadrement porte une part de responsabilité dans le contrôle quotidien du travail, le système de gestion opérationnel des entreprises apparaît comme le premier facteur de perte d'efficacité. Prévoir, planifier, assigner les tâches et mesurer les résultats sont les dénominateurs communs à tout processus de gestion et lorsqu'ils sont mal appropriés ou pire, pas mis en oeuvre du tout, le meilleur management au monde ne peut être efficace.

Ainsi, la planification et le contrôle insuffisants ainsi qu'une supervision inappropriée sont les deux principaux freins à l'efficacité identifiés par Proudfoot, responsables respectivement pour 46 % et 31 % des pertes d'efficacité du processus de gestion et donc des pertes de productivité.

Par ailleurs, l'évolution des résultats depuis 2002 montre que l'inefficacité de la communication et les problèmes liés à l'informatique sont moins cités. Enfin, la contribution des problèmes de qualification et de motivation à la diminution de la productivité stagne entre 8 % et 9 %.

Les six freins à l'efficacité identifiés
(Source :Etude de productivité 2005, Proudfoot Consulting )
Frein à l'efficacité
Poids de l'effet de chaque frein
Planification et contrôle insuffisants 
  46 %
Supervision inappropriée 
  31 %
Manque de motivation 
  9 %
Manque de qualification de la main d'oeuvre 
  8 %
Communication inefficace
  4 %
Problèmes liés à l'informatique
  1 %

Les entretiens réalisés avec les dirigeants montrent que ces derniers font difficilement le lien entre les causes de l'inefficience et leur système de gestion opérationnel. A titre d'exemple, les chefs d'entreprise français, pourtant parmi les plus critiques, ne sont que 13 % à le qualifier de médiocre. Et ils sont seulement 5 % en Grande-Bretagne. Par contre, ils se disent conscients du manque de temps accordé à la supervision, à la fois pour assigner les tâches précisément, contrôler les résultats et résoudre les problèmes. L'ensemble de ces opérations n'utiliserait que 7 % du temps de l'encadrement intermédiaire, contre 39 % pour les activités d'administration générale.

Des déficiences que Nicholas Crafts, professeur d'histoire de l'économie à la London School of Economics, interprète comme une "tendance à exagérer l'importance des nouveaux projets, au lieu de privilégier une optimisation de l'usage des ressources existantes."


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