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INTERVIEW
 
01/03/2006

Bernard Ramanantsoa (Groupe HEC)
"Un cadre devrait se former tous les dix ans"

De quelques jours à plus d'un an, à temps plein ou par session, l'offre de formation continue pour les cadres est vaste. Le directeur général du groupe HEC la décrypte pour Le Journal du Management.
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La mise en place du DIF a donné un coup de fouet à la formation continue pour les salariés tout au long de leur vie professionnelle. Pour les cadres, en particulier, les programmes sont nombreux et leurs objectifs parfois très éloignés. A côté de son programme Grande école, le groupe HEC propose une offre élargie de formations pour cadres. Son directeur général, Bernard Ramanantsoa, nous en parle.


Quelles sont les formules proposées par le groupe HEC à un cadre qui souhaite recevoir un complément de formation ?
Bernard Ramanantsoa. Notre offre se divise en deux catégories. En premier
 
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lieu, il y a les formations diplômantes : le MBA "temps plein" s'adresse aux jeunes actifs ayant environ six ans d'expérience professionnelle, pour une moyenne d'âge de 29 ans, et dure 16 mois. Pour les cadres âgés de 35 à 40 ans, nous avons l'Executive MBA qui est à temps partiel. Une version plus internationale de ce MBA, "Trium EMBA", organisée en partenariat avec la New York University et la London School of Economics, est proposée aux cadres qui assument de hautes responsabilités. Il existe aussi des mastères spécialisés à temps partiel qui durent environ 15 mois. D'autre part, nous proposons des programmes courts non diplômants : ce sont des séminaires, intra ou inter-entreprises, qui durent de deux à six jours, auxquels s'ajoutent les prestations de coaching et les accompagnements à destination des créateurs d'entreprise.

Avec la multiplication des formules de formation courtes, qu'est-ce qu'apporte vraiment un MBA ?

L'objectif des formations courtes est d'enseigner une technique spécifique. On les suit lorsqu'on détecte un besoin précis. Mais, à la différence d'un MBA, on n'y apprend pas de "soft skills" (ndlr : compétences non rattachées à un savoir spécifique : capacité à travailler en équipe, à faire des présentations, à s'exprimer à l'oral...) et des techniques de leadership. Dans un MBA, le système de formation est différent : l'étudiant passe 16 mois avec une équipe composée à 80 % de personnes n'ayant pas la même nationalité que lui. Il y apprend à maîtriser des techniques mais il échange aussi beaucoup avec les autres étudiants sur leurs expériences respectives. On a d'ailleurs l'habitude de dire que, dans ce type de formations, il y a plus de professeurs dans la salle que derrière le pupitre.


Dans un MBA, il y a plus de professeurs dans la salle que derrière le pupitre.

L'offre de formation continue pour les cadres a-t-elle évolué ces dernières années ?
Nous avons assisté à des changements dans l'offre de formation continue pour cadres. Elle s'est séparée en deux segments. Désormais, nous avons d'un côté les formations de standard national, proposées à des prix nationaux. D'un autre, les formations de standard international, qui rivalisent avec des institutions étrangères comme l'Insead, ou la London School of Economics, et des frais de scolarité bien plus élevés. La concurrence est devenue plus dure.

Quels conseils donneriez-vous à un cadre qui envisagerait de suivre un programme de formation complémentaire ?
Le premier conseil que je donnerais à un cadre serait de se former tous les dix ans. Quant au choix du programme, tout dépend de son âge. A 30 ans, si l'on veut réorienter sa carrière, mieux vaut choisir un MBA à temps plein. A 40 ans, un temps partiel convient mieux. Il faut ensuite qu'il garde à l'esprit que tous les MBA ne se valent pas. La spécialité du MBA est peu importante mais la marque de la business school l'est en revanche beaucoup. Sans prendre l'exemple français, un MBA d'Harvard vaudra ainsi bien plus qu'un MBA d'une autre université américaine. Enfin, le choix d'une formation de ce type est une décision qui doit prendre le temps de mûrir. Il se passe en moyenne deux ans entre le moment où le cadre commence à réfléchir à un MBA et le moment où il y entre effectivement.

Quelle formation peut-on suivre lorsqu'on est déjà titulaire d'un MBA ?
Il est possible de réaliser plusieurs MBA dans sa carrière, par exemple un MBA temps plein au début et un Executive MBA à temps partiel ou un AMP (Advanced Management Program) américain ensuite. L'acquisition de "soft skills" étant essentielle dans un MBA, mieux vaut changer d'environnement et donc d'université pour le second. Par exemple, notre programme Trium EMBA permet à des titulaires d'autres MBA de se former dans des environnements internationaux variés, entre la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.


Parcours

Professeur de stratégie d'entreprise, Bernard Ramanantsoa est entré au groupe HEC en 1979 comme professeur de stratégie d'entreprise. Il a été successivement coordinateur du département stratégie et politique générale de 1988 à 1990 et Doyen du corps professoral et de la recherche de 1993 à 1995. Il a travaillé également avec des cabinets de conseil comme McKinsey. Diplômé de Supaéro, il est également titulaire d'un MBA de l'ISA (Groupe HEC), d'un doctorat en sciences de gestion de l'université de Paris-Dauphine et de deux DEA, l'un de sociologie, l'autre d'histoire de la philosophie.


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