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ENTREPRISE
 
08/02/2006

Jean-Pierre Scandella (ArrowMan)
L'avance des PME sur le modèle social français

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Plus la place de l'Europe et de notre pays décline dans le paysage mondial, plus les débats internes sont décalés par rapport aux réalités et aux attentes légitimes des citoyens. La protection de notre sacro-saint modèle social français ne doit pas masquer une évolution réelle et moderniste des relations au sein de la société. Il me semble qu'aujourd'hui, les gens attendent des conditions de vie favorables, ainsi que des résultats concrets de la part des élites plutôt que des discours moralisateurs sur la défense de grands principes.

Alors que certains dénoncent l'introduction d'un peu plus de souplesse dans notre droit social avec l'arrivée des CNE/CPE (contrats nouvelle et première embauches) et que d'autres se braquent sur l'intérêt d'une période d'essai de deux ans, on devrait certainement mieux observer ce qui se passe sur le plan des relations sociales dans l'entreprise et notamment dans les PME.

Le modèle social français n'est plus financé au moment où il cherche à s'étendre au niveau européen et faire de nouveaux adeptes. Plutôt que de rêver à de nouvelles institutions basées sur de grands principes on serait bien inspiré d'examiner le fonctionnement des sociétés à taille humaine. En effet, sur plusieurs points les petites entreprises sont exemplaires et résolument modernes.

D'abord, elles ont continué, malgré les revirements sur le débat européen, à progresser dans un monde ouvert. Rappelons au passage que les bases du projet européen sont fondées sur l'économie et la création de valeur commune. On a construit les premières briques du projet européen à partir des réalités économiques. Et si l'on est en droit de regretter que l'étape politique n'ait pas été au rendez-vous, il est temps de retourner aux sources du projet et de reconstruire à partir des réalités.

Aujourd'hui, alors que notre pays traverse des difficultés économiques, la question sociale s'exprime partout sur un mode nostalgique et défensif. Pourtant, il existe d'autres pratiques sociales positives et valorisantes pour les individus au sein des entreprises. Dans les PME, les liens hiérarchiques sont de plus en plus effacés au profit d'un projet commun. Le partage des responsabilités est réel et directement en phase avec les problématiques clients. C'est bien dans cette idée de projet commun, et dans l'action tournée vers la réalisation d'objectifs que l'individu s'exprime.


la globalisation n'est plus à craindre, elle a déjà eu lieu."

Ses qualités et son apport sont directement mesurables et mesurés. La somme des énergies individuelles est enrichissante pour tous. C'est particulièrement éclairant dans les secteurs à forte valeur ajoutée, l'édition de logiciels, les start-ups spécialisées dans les biotechnologies, les SSII proposant des nouveaux services en mode ASP et partout où quelques personnes sont capables de bousculer les marchés établis par leur créativité et leur volonté de réussir.

A contrario, il manque au niveau national et européen la conscience vive de partager un projet commun et les mini-débats auxquels nous assistons ne font que présenter des intérêts catégoriels, éloignant de jour en jour les personnes de leur avenir collectif. Alors, certes il ne faut pas se résigner et considérer que tout est négatif dans notre beau pays ou à l'échelle de l'Europe, mais il faut se ressourcer et revenir à un projet collectif tenant compte du monde tel qu'il est et non tel que le rêvent quelques vieilles institutions. Il faut abandonner les modèles uniformes au profit du pragmatisme et de la diversité des individus.

Il est temps également d'expliquer quelques vérités : la globalisation n'est plus à craindre, elle a déjà eu lieu. La position de l'Europe dans le monde est en déclin par rapport à la Chine et l'Inde, les Etats-Unis ne représentent pas une menace pour nous mais tirent constamment la croissance de l'Europe. Balayons les combats d'arrière garde, laissons les débats idéologiques aux spécialistes et reconstruisons un projet collectif, pragmatique et engagé vers une réussite commune à partir des bonnes pratiques des autres pays européens et de l'entreprise. A moins d'une intervention de Merlin l'enchanteur et à défaut d'Etat providence, cela passera par du travail, de l'engagement et de la foi en nous-mêmes et par un profond respect des talents des personnes.

Alors, plutôt que de multiplier les aides à 1.000 catégories particulières, susceptibles de les isoler dans des systèmes et des institutions qui ne les protégent plus, proposons à chacun de se battre, de réussir et de trouver sa place dans une société nouvelle. Il y a fort à parier que beaucoup de personnes retrouveront ainsi leur dignité et que de nouvelles représentations naîtront, jetant aux oubliettes les anciens apparatchiks du modèle social français qui n'intéressent pas plus nos amis européens.

Le parcours de Jean-Pierre Scandella

Jean-Pierre Scandella est co-fondateur du cabinet ArrowMan. Il est responsable du département informatique du cabinet. Il a occupé précédemment des fonctions de management au sein de cabinets de conseil internationaux. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux (section économique et financière), il a commencé son parcours en tant qu'ingénieur-conseil chez Sybel informatique, éditeur de logiciels, avant de rejoindre une SSII financière en tant qu'Ingénieur d'affaires. Depuis 1996, il recrute des cadres confirmés et des dirigeants pour des professionnels du domaine des technologies de l'information (éditeurs, constructeurs, opérateurs) et des sociétés utilisatrices en Europe.


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