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ENTREPRISE
 
30/11/2005

Didier Naud (BFD Management)
La gestion des connaissances, une affaire de méthode et de pratique

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Les problèmes liés à la gestion des connaissances - ou knowledge management sont devenus pour les entreprises des enjeux essentiels qui nécessitent à la fois des capacités stratégiques efficientes et une expertise technique approfondie.

Ces problèmes, loin d'être des hypothèses abstraites, apparaissent comme les préoccupations les plus concrètes qui soient pour des entreprises soumises à d'incessants mouvements de réorganisation. En effet, les fusions-acquisitions, les partenariats, les intégrations de clients et de fournisseurs, génèrent des modifications structurelles et des adaptations professionnelles continuelles. Aussi, la mise en mémoire des savoirs et expériences, le partage des connaissances, constituent-ils des objectifs opérationnels pour le management des entreprises.

L'affirmation d'un point de vue pratique
La gestion des connaissances en entreprise s'appréhende essentiellement à partir de constats et de démarches pratiques et non à partir de principes épistémologiques vagues ou vulgarisés. Dans cette perspective, il s'agit de faire valoir une approche inductive qui, en accumulant des expériences bien délimitées, de capitalisation, de transfert et d'accroissement de connaissances, fait émerger des gains et des avantages de compétitivité, transférables à l'ensemble de l'entreprise.

Pour réaliser de telles expériences, plusieurs conditions doivent être réunies :

1. Pouvoir déterminer un domaine d'investigation (un processus de travail, une forme d'organisation, tel ou tel aspect d'un métier…) qui soit associé à un objectif opérationnel d'amélioration de gestion des connaissances.
2. Posséder l'ensemble des techniques d'entretiens à l'œuvre dans un environnement professionnel.
3. Savoir constituer des échantillons d'acteurs représentatifs des populations concernées par une problématique de gestion des connaissances.
4. Disposer d'une méthode de formalisation qui permette un recueil et un traitement rapide des connaissances.
5. Connaître des méthodes pédagogiques propres à former les acteurs de l'entreprise à une transmission efficace des savoirs et des expériences formalisés.
6. Détenir des méthodes de restitution rapide des résultats de la capitalisation et de la transmission des connaissances.
7. Savoir intégrer les résultats d'une gestion des connaissances dans les orientations et objectifs stratégiques de l'entreprise.


Comme on le constate, les conditions d'exercice de la gestion des connaissances apparaissent intimement liées à des impératifs méthodologiques et techniques. C'est la combinaison de ces impératifs qui garantit la pertinence et la rigueur d'une démarche de knowledge management.

Le respect du principe de réalité, et la conviction que l'on ne modifie les habitudes sociales, et certains traits de la nature humaine, que très lentement, inclinent plutôt à considérer la gestion des connaissances sous un angle éminemment pratique. Ainsi, la création d'une mémoire projet, la clarification d'un processus de travail, l'explicitation de procédures techniques ou administratives, se réalisent efficacement en se fondant, simplement, sur la connaissance d'un environnement et la maîtrise d'un dispositif méthodologique.

La compétitivité par la gestion des connaissances s'obtient par la répétition et l'articulation d'expériences réussies, expériences dont on peut mesurer aisément les effets par rapport aux objectifs fixés.

La réalisation d'un objectif permanent
Si la gestion des connaissances ne saurait se réaliser à partir de grands principes généraux dont on déduirait toutes les conséquences pratiques, elle n'en possède pas moins une finalité permanente qui vaut pour toutes ses actions et ses objectifs. Cette finalité est la création, directe ou indirecte d'ontologies. Une ontologie se définit comme un accord sur une terminologie et une conceptualisation partagées par une communauté professionnelle.


La gestion des connaissances est confrontée à la question des ontologies"

Tout domaine d'activités se représente par des concepts et des termes opérationnels et techniques que les professionnels concernés jugent significatifs. Néanmoins, la plupart du temps, les approximations et hésitations, sur le sens à donner à telle ou telle réalité du domaine, viennent perturber les communications et les coopérations et ralentir la productivité et la compétitivité. Le problème devient plus aigu lorsqu'il s'agit d'associer deux domaines d'activités distincts ou de créer un nouvel environnement professionnel.

La création d'une ontologie va, alors, permettre de fournir un cadre de référence unificateur pour réduire, éliminer, les ambiguïtés et les confusions conceptuelles et terminologiques et assurer ainsi une compréhension partagée par la communauté professionnelle concernée. Il existe plusieurs types d'ontologies qui couvrent aussi bien des applications concrètes de techniques que des langages inter-métiers (ontologies génériques).

Dans tous les cas de figure une ontologie fournit :
-
Les définitions des concepts et des termes utilisables pour décrire la connaissance d'un domaine d'activité
- Les relations logiques et sémantiques entre les concepts et les termes utilisés
- Les contraintes d'utilisation de ces termes et concepts.


Quel que soient ses domaines et ses modalités d'intervention, la gestion des connaissances se trouve confrontée à la question des ontologies. Par exemple, la construction d'une mémoire projet, la description précise d'un profil professionnel et de son environnement, la définition du système d'intégration de la prestation d'un fournisseur au sein de l'entreprise client, la rédaction de "fiches d'expériences", sont autant de prestations qui exigent la constitution de cadres de référence sans lesquels elles sont inopérantes.

Dans cette optique on peut considérer que l'élaboration d'un accord conceptuel et terminologique, sur un domaine d'activité pour une communauté professionnelle, constitue la pierre angulaire du knowledge management.

Le développement des avantages concurrentiels
La gestion des connaissances, dans ses aspects les plus pratiques, contribue très fortement au maintien et au développement des avantages concurrentiels des entreprises. Si l'on considère que les multinationales, comme les PME cherchent, en permanence, à acquérir des compétences stratégiques qui les différencient de leurs concurrents, il est aisé d'imaginer l'importance du kowledge management dans l'obtention de capacités collectives susceptibles de promouvoir les entreprises dans leurs secteurs d'activités.

Ainsi, développer des projets à l'international, réaliser des fusions-acquisitions, optimiser des recrutements, construire des partenariats, réclament des compétences collectives fortes qui nécessitent des transferts de connaissance constants. Plus une entreprise a pris l'habitude, sur ses différents chantiers, de capitaliser et de transmettre des connaissances, plus elle est à même d'acquérir des capacités d'apprentissage et d'échange pour de plus vastes domaines d'activités. Bien entendu, elle ne peut le faire que s'il existe des ontologies qui permettent aux différents secteurs de l'entreprise de communiquer avec clarté et efficacité. A cet égard, la gestion des connaissances fait gagner un temps précieux dans le maintien et l'accroissement de compétences clés et stratégiques. En ce sens, elle favorise de façon décisive la dynamique de l'entreprise.

Parcours

Actuellement
En 2005, Didier Naud, 56 ans, a rejoint BFD, cabinet d'experts en architecture de systèmes, audit, modélisation, formation et conseil pour lancer l'activité gestion des connaissances.
Auparavant
Entre 2002 et 2005, Didier Naud est consultant indépendant en stratégie et organisation auprès de cabinets où il a mené des missions de recrutement, stratégie, management et knowledge management.
Entre 1988 et 2000, il est chercheur associé au CNRS, travaille sur des sujets ayant trait à la stratégie et à la maîtrise des organisations.
Parallèlement il dirigeait une entreprise familiale de conditionnements chimiques comptant 150 personnes sur deux sites industriels, ce qui lui a permis de mettre en application, sur le terrain, ses compétences organisationnelles et managériales.
En 1984, Didier Naud a crée et dirigé NAG Communication, cabinet spécialisé en audit, formation et conseil, revendu en 2002.
Didier Naud commence sa carrière comme professeur de philosophie et consultant pour des instituts de formation.
Formation
Docteur d'état en épistémologie et diplômé du Centre d'études diplomatiques et stratégiques


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