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CARRIERE
 
23/11/2005

Un ancien militaire manager chez Renault
Le privé offre la possibilité de mesurer son action régulièrement

Ancien commandant du commando Hubert, Eric Balastre dirige aujourd'hui une centaine de salariés chez Renault. Selon lui, il existe beaucoup de similitudes dans le management entre l'armée et l'entreprise.
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Eric Balastre a commandé le commando Hubert spécialisé dans l'action sous-marine. L'un des plus prestigieux de l'armée. Après une carrière militaire brillante, il a choisi de partir dans le secteur privé, rejoignant Renault en octobre 2004. Il a passé trois mois sur le terrain dans différents établissements et a suivi une formation en droit du travail. Il dirige aujourd'hui le service après-vente d'une succursale et manage une centaine de salariés.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter l'armée ?
Eric Balastre. Après un parcours relativement élitiste, j'avais atteint le palier que je m'étais fixé. Je voulais vivre d'autres aventures par goût du challenge. Le privé m'offrait plus d'opportunités et la possibilité de mesurer mon action régulièrement.

Pourquoi avez-vous intégré l'armée ?
J'ai connu l'armée au travers d'une tradition familiale. Je voulais servir mon pays.

C'est un choix fort. Après cela, quelles peuvent être les motivations pour travailler chez Renault ?
J'avais postulé dans différentes entreprises et j'avais notamment une offre chez PSA. J'ai choisi Renault car j'apprécie ses choix stratégiques ces dernières années. Elle a réussi sa privatisation et sa participation dans Nissan. J'ai passé dix-sept entretiens. Les salariés que j'ai rencontrés ont fait preuve d'une qualité d'écoute rare. C'est une entreprise qui accorde beaucoup d'importance aux hommes, même s'ils ont un parcours aussi atypique que le mien.


La discipline existe de manière bien plus forte que je ne l'imaginais"

Qu'est-ce qui vous a surpris lorsque vous avez débuté chez Renault ?
Je n'ai pas constaté de grandes différences par rapport à l'armée. Chez Renault, je bénéficie d'un parcours d'intégration qui débute par un poste sur le terrain. Je m'appuie sur mes compétences de management acquises dans l'armée. Je sais diriger des gens. Les différences sont liées à la technique, au métier. La notion de profit en est une autre de taille. Cela pousse à s'interroger au quotidien sur sa performance au travers de résultats chiffrés.

La hiérarchie n'est-elle pas moins marquée chez Renault ?
Chez Renault, la discipline existe de manière bien plus forte que je ne l'imaginais. Dans l'armée, les galons mettent en évidence la hiérarchie. Dans un atelier, il existe d'autres codes qui font loi. Il n'y a pas tant de différence.

Pourquoi Renault vous a-t-il embauché ?
Je ne suis pas passé dans la moulinette des ressources humaines, qui ne m'auraient pas forcément accepté. Mon parcours élitiste au sein de l'armée a séduit certains dirigeants. J'ai commandé l'une des unités les plus prestigieuses. Dans les pays anglo-saxons, on s'intéresse plus à ce que les gens ont fait qu'à leur parcours scolaire. En France, c'est plus rare, Renault a su le faire. Je pense que c'est un bon choix de miser sur la diversité. L'investissement peut paraître coûteux mais je pense que la richesse vient de la diversité.


C'est tous les jours la crise, mais une crise moins forte que dans l'armée"

Managez-vous votre équipe comme vous le faisiez dans l'armée ?
Actuellement, je fais du management de base, ce que j'avais déjà fait dans la marine. Je suis dans la même situation qu'un chef de service sur un bateau. Dans ce cadre, il faut se montrer directif, donner la direction et les moyens. Dans l'armée, en temps de paix, le management participatif est d'usage. En temps de crise, il s'agit avant tout de commandement. Il faut être très directif. Chez Renault, ces deux univers n'existent pas. C'est toujours la crise, une crise moins forte mais une crise perpétuelle. Dans l'entreprise, l'activité est rythmée par un calendrier, pas par des événements comme dans l'armée. Tous les jours se ressemblent beaucoup plus.

Quel type de manager êtes-vous ?
L'armée m'a donné de l'aisance dans le management. Avec l'atteinte d'objectifs ambitieux, j'ai beaucoup gagné en confiance. Je m'adapte aux hommes et aux circonstances. Lorsqu'on a le temps, j'essaie d'élever les autres, de les faire participer. Je suis directif en cas d'urgence. Je m'efforce d'être le plus complet possible.

Dans l'armée, vous dirigiez des soldats qui servaient leur pays. Sur quelles valeurs peut-on s'appuyer chez Renault pour diriger une équipe ?
Les salariés sont très attachés à l'entreprise et adhèrent à ses valeurs, comme l'écoute, l'ouverture, la créativité... La notion d'argent compte beaucoup plus.

Chez Renault, quel palier vous êtes-vous fixé ?
Je souhaite devenir directeur général d'un pays.

Parcours

Poste actuel
Responsable du service après-vente d'une succursale chez Renault
Parcours dans la Marine
2003 - 2004 : secrétaire exécutif de l'amiral, DRH
2001 - 2003 : commandant du commando Hubert
1999 - 2001 : responsable de la division nageurs de combat
1997 - 1999 : professeur à l'école d'application des officiers de marine
1991 - 1997 : manager opérationnel dans des commandos de marine et des bâtiments de combat
Diplômes
2000 : IAE de Toulon
1991 : Ingénieur de l'école navale


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