Carrière
RUBRIQUES
ENTREPRISE
15/11/2005
Qui sont les champions... de la photo numérique
Le numérique a bouleversé le comportement des Français dans leur rapport à la photographie : ils prennent en moyenne un millier de photos par an, soit 5,5 fois plus qu'au temps de l'argentique. Cet engouement pour le numérique se lit dans les chiffres du secteur : près de 4,2 millions d'appareils photos numériques ont été vendus en 2004 en France, un chiffre en progression de 56 % par rapport à l'année précédente, selon les données du Sipec (Syndicat des entreprises de commerce international de matériels photo et cinéma-vidéo). L'argentique se fait rattraper à pas de géant par la technologique dite "sans film" qui représente désormais en France, 90 % des ventes d'appareils photo en volume et 95 % en valeur.
Les leaders de l'argentique concurrencés par de nouveaux entrants Attirés par ce dynamisme, nombre de constructeurs se sont essayés à la photographie numérique, rendant souvent la tâche difficile aux fabricants historiques. Le géant de l'électronique, Sony, l'a bien compris et a utilisé la renommée de sa marque pour se hisser à la seconde place des constructeurs d'appareils photo numériques.
Les spécialistes du traitement de l'image, comme Epson, HP ou Agfa, ont également fait leur entrée sur le marché du numérique, avec un succès inégal. Quant aux grands noms de l'argentique, ils ont pris le virage du numérique avec plus ou moins de difficultés. Si Canon a rapidement su s'adapter, Kodak ou encore Konica-Minolta, qui ont fusionné en 2003, sortent tout juste d'une profonde restructuration. Un marché peu générateur de marges Mais dans ce contexte d'intense concurrence, dégager des bénéfices s'avère un exercice difficile. Les prix de vente chutent chaque année de 20 à 30 %. Dans le même temps, les coûts s'accroissent, poussés par les dépenses de R&D. Les constructeurs voient donc leurs marges se réduire comme peau de chagrin : Olympus a enregistré une perte de 105 millions de dollars au cours de son dernier exercice tandis que Fuji Photo Film a vu son bénéfice opérationnel se réduire de 40 % au premier semestre 2005. Des constructeurs comme Agfa ou Epson ont préféré, quant à eux, sortir du marché des appareils numériques grand public. Pour ceux qui restent en compétition, la priorité est à la réduction des dépenses : suppressions d'emplois, alliances sur la R&D et renégociations des prix auprès des sous-traitants se généralisent. "Pour survivre, les constructeurs doivent sans cesse renouveler leur offre et proposer une large gamme, explique Gérard Berg, secrétaire général du Sipec. C'est un marché qui évolue très vite et les parts de marché des fabricants fluctuent beaucoup en fonction des produits récemment lancés." Certains constructeurs, comme Kodak, essaient de résoudre leurs problèmes de rentabilité en proposant, au-delà de leur gamme d'appareils, une solution intégrée allant de la prise de photos (appareils photos, cartes mémoires) à l'impression et au stockage (imprimantes, laboratoire photos et service en ligne). Les services associés à la photographie numérique sont en effet en train de devenir incontournables. Ainsi, selon une étude du cabinet d'études IDC, 72 % des propriétaires d'un appareil photo numérique affirment préférer la version imprimée d'une photo à son aperçu sur un écran d'ordinateur. Même si toutes les photos numériques n'ont pas vocation à être tirées, le Sipec estime que 2.500 bornes autonomes de développement et 780 minilabs numériques ont ainsi été installés en France en 2004. Le reflex numérique, nouveau terrain de bataille
Technologiquement plus évolué, le Reflex numérique dégage plus de marges que les compacts, segment où la concurrence est actuellement la plus forte. Conscients que leur croissance repose en partie sur leur capacité à développer des modèles reflex, les constructeurs non-spécialistes de la photo nouent des alliances avec les marques renommées de l'argentique : des modèles Pentax/Samsung et Sony/Konica-Minolta devraient ainsi voir le jour en 2006. "Dans les périodes fastes de l'argentique, il se vendait environ 400.000 appareils reflex par an. Aujourd'hui, les ventes de reflex numériques ne dépassent pas 200.000 unités. Il existe donc une très forte marge de progression", estime Gérard Berg. Ce marché est d'autant plus attractif qu'il stimule les ventes des accessoires, en particulier des objectifs. Après avoir chuté de 60 % entre 1999 et 2003, leurs ventes en France sont reparties à la hausse (+ 20 % en 2004). En France, la pression concurrentielle sur ce marché est loin de s'atténuer. En effet, seuls 30 % des foyers sont pour l'instant équipés d'un appareil photo numérique. Un chiffre qui devrait progresser rapidement avec le renouvellement des boîtiers argentiques. Mais la guerre tarifaire à laquelle se livrent les compétiteurs pourraient bien faire des victimes dans les années à venir.
|
Découvrez le nouveau classement Forbes des milliardaires du monde. Lire