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28/09/2005
Qui sont les champions... de l'eau
S'il existe en France 110 marques d'eaux plates, gazeuses ou aromatisées, le marché est concentré entre les mains de trois grands groupes. Danone, Nestlé et le groupe Castel rassemblent environ 70 % de la production nationale en volume et 80 % en valeur. En France, l'eau plate a encore la préférence, même si l'on constate une montée en puissance des eaux gazeuses. L'an passé, l'eau non pétillante naturelle représentait environ 84 % du marché de l'eau en volume et 50,5 % en valeur dans les ventes enregistrées en grandes et moyennes surfaces, selon les distributeurs. Cela représente un marché d'environ 1,25 milliard d'euros en 2004, contre 1,16 milliard en 2000. Danone dispose de marques telles que Evian, Badoit, Volvic, La Salvetat, Arvie. Nestlé Waters France est propriétaires de Contrex, Hépar, Vittel, Aquarel, Perrier, Quezac, Plancoët, Les Abatilles. Le groupe Castel, via son entité "eaux" baptisée Neptune, commercialise Saint-Yorre, Vichy Célestins, Cristaline, Thonon ou encore Courmayeur. L'entreprise, à l'origine spécialisée dans le vin et la bière, talonne aujourd'hui Nestlé et Danone alors qu'elle occupait une place négligeable sur le secteur au début des années 90.
Les deux grands bastions du marché de l'eau, Danone et Nestlé Waters, se sont constitués en quelques années. En 1992, Danone a racheté Volvic puis, en 1993, la société des sources du Mont Dore. Dans le même temps, le groupe Nestlé acquiert les très populaires Perrier et Contrex, faisant passer sa part de marché en volume de 15 % en 1991 à 39 % en 1995. Mais, pour éviter le risque de duopole sur le marché français, la Commission européenne a obligé Nestlé à se séparer d'une partie de ses sources. C'est ainsi que le groupe Castel a fait en 1993 l'acquisition de la Société des eaux minérales du bassin de Vichy et entamé sa progression sur le secteur. Avec un investissement initial limité (environ 122 millions d'euros), Castel a été propulsé n°3 du marché de l'eau en bouteille. Depuis, il a conforté sa position pour détenir aujourd'hui près de 22 % de part de marché.
Dès la fin des années 90, les grandes marques ont connu une lente érosion au profit de marques locales ou de marques distributeurs, souvent moins chères. Là encore, on retrouve le n°3 du marché. Parmi les eaux premier prix, la réussite de Cristaline - créée en 1992 par Castel - est emblématique. Derrière cette marque, se cachent une vingtaine d'eaux de sources réparties à travers l'ensemble du territoire. Cette stratégie de marque ombrelle permet de réduire les coûts, tant au plan de la production que de la communication. Un succès : Cristaline devrait enregistrer un chiffre record en 2005 et dépasser les 20 % de part de marché en volumes sur les eaux plates.
Toutefois, les grandes marques disposent d'un atout majeur : leur capacité à communiquer. C'est justement sur ce point, la publicité, que se joue souvent la réussite d'une eau ou non. Et c'est aussi ce qui explique la toute puissance des grandes marques. On estime que le ticket d'entrée pour qu'une eau embouteillée fasse une percée au niveau nationale est un budget communication de l'ordre de 5 millions d'euros. Difficile à tenir pour une eau régionale indépendante.
Que d'eau, que d'eau ! Même si la France bénéficie d'une très bonne qualité globale de l'eau du robinet, elle figure parmi les pays qui font une importante consommation des eaux embouteillées. Avec près de 150 litres d'eau en bouteille consommés chaque année par habitant, l'Hexagone se place en Europe juste derrière l'Italie (200 litres par an) qui doit faire face à une mauvaise qualité de l'eau du robinet dans certaines régions. La croissance du marché de l'eau embouteillée ne se dément pas depuis le début des années 70. En 1972, la consommation d'eau embouteillée par habitant était de moins 49 litres par an. Elle a triplé depuis. Et demain ? La bombe. C'est sous ce nom de code que Nestlé Waters France préparerait sa prochaine innovation majeure sur le marché de l'eau. Il s'agirait d'une version pétillante de Contrex, visant à limiter l'érosion de la marque phare du groupe face à des concurrentes comme Taillefine (Danone) et Courmayeur (Castel). En décembre 2004, Contrex a en effet atteint son plus bas niveau historique avec seulement 7,8 % de part de marché en volume. A l'image des derniers grands lancements produits (Eau de Perrier, avec des bulles plus petites, et Badoit Rouge, avec un pétillement plus intense), le marché de l'eau tend à déplacer le territoire de lutte vers les eaux gazeuses et les eaux aromatisées. Deux secteurs où les marges des groupes agroalimentaires sont décuplées.
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