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Enquête
 
06/04/2005

La voile fédère les entreprises

Petites ou grandes, les entreprises se tournent de plus en plus vers l'univers de la voile. Certaines y voient un tremplin pour leur notoriété, d'autres une manière de souder leurs troupes.
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15 000 : c'est le nombre d'adhérents en entreprise à la Fédération française de voile. Mais ce n'est qu'un visage parmi d'autres de la voile en entreprise. Au sein des grandes épreuves nautiques, comme le Vendée Globe, les entreprises sont également présentes au travers du sponsoring : PRB, Bonduelle, Sodebo, mais aussi des PME moins connues qui s'unissent pour accompagner un bateau. En quelques années, la voile est devenue un outil fédérateur sans précédent dans l'univers professionnel.

 

Cette vague a touché France Télécom il y a sept ans. L'opérateur organise chaque année depuis 1998 des régates en interne. L'Armorcup, le challenge voile du groupe France Télécom, se déroule sur trois jours au mois de juin. Autour d'un noyau dur de collaborateurs expérimentés participent des salariés novices qui souhaitent découvrir la navigation. Pour assurer l'égalité des chances, les bateaux sont monotypes. En moyenne, l'Armorcup regroupe chaque année 180 régatiers par édition. Cette année, 22 bateaux sont prévus au départ.

 

"A l'origine nous étions cinq ou six à participer à des challenges interentreprises parrainés par France Télécom, se souvient Bertrand Lyon, technico-commercial à Rennes et organisateur de l'Armorcup. Et puis quelqu'un nous a suggérer de monter un projet en interne." Aujourd'hui, le comité d'organisation travaille avec un loueur qui fournit les bateaux. Des prestataires, souvent les membres bénévoles d'un club de voile local, organisent la régate sur place, dessinent le parcours, constituent le comité de course, chaque année sur un site différent.

 

Pour une équipe, le billet d'entrée s'élève à 2.000 euros, financé suivant les cas par l'entreprise, les salariés ou des sponsors. Ces derniers, partenaires ou fournisseurs, peuvent être invités à participer à la régate. En revanche les professionnels de la voile sont exclus pour l'équilibre des équipes. "Personnellement, intervient Philippe Fabien, attaché de recherche et développement chez FT Lannion et co-organisateur de l'Armorcup, cette épreuve m'a permis de remettre le pied à l'étrier. J'avais arrêté la régate depuis dix ans."

 

"L'opération nous permet d'associer un maximum d'adhérents au projet"
 
Samuel Douette, CJD
 

Au-delà de l'aspect sportif de ce type d'épreuve, la voile reste un outil fédérateur de première qualité. Un véritable bras armé en matière de communication interne. "Le groupe France Télécom est tellement grand qu'on ne connaît pas tout ce qui existe, les services, les métiers, explique Bertrand Lyon. Les gens découvrent ces diverses facettes lors du challenge. Cette connaissance incite même certains salariés à la mobilité interne."

 

Poussé par ce dynamisme, le challenge s'est inscrit au fil des années dans les valeurs mêmes de l'entreprise. Le président d'honneur de l'Armorcup est chargé de porter et de valoriser le projet au sein du groupe. Il contribue également à asseoir la légitimité et la pérennité de l'épreuve auprès de la direction du groupe. "Le groupe joue un rôle de sponsor psychologique, de parrain, note Christian le Cornec, directeur régional de FT Bretagne, et président d'honneur de l'Armorcup en 2003 et 2004. En échange, les courses ont un impact très positif sur la motivation et l'implication des collaborateurs."

 

Régate amicale, l'Armorcup reste néanmoins une compétition nautique reconnue par la Fédération française de voile (FFV). Elle est même l'une des dix-sept épreuves qualificatives pour le championnat de France de voile en entreprise. Des régates sélectives qui totalisent, chaque année, près de 10.000 participants. "Seuls les adhérents de clubs ou d'association sportives d'entreprise peuvent y participer, explique Claude Thourot, président de la commission centrale sport en entreprise à la FFV. Des groupements d'entreprises sans section voile permettent à des personnes isolées de participer. C'est le cas de Bati-cup qui regroupe des professionnels de petites entreprises du BTP."

 

Ce type de regroupement n'est pas isolé. Il s'est même décliné dans le sponsoring, cette fois dans les grandes épreuves nautiques. Début 2003, lors d'un séminaire stratégique, le CJD (Centre des jeunes dirigeants) décide de mieux faire connaître le regard social et éthique qu'il porte sur l'entreprise. Dans cette optique, l'association choisit alors de sponsoriser un bateau pour la Route du Rhum 2006. Le skipper sera Pierre-Yves Guennec, arrivé à la cinquième place en 2002, alors sponsorisé par certains membres du CJD.

 

"En accompagnant le projet sur la longueur, et notamment lors de la construction du bateau, l'opération nous permet d'associer un maximum d'adhérents au projet", note Samuel Douette, attaché de direction au CJD. D'un budget total de 250.000 à 300.000 euros, le projet nécessite la contribution financière de PME, qui pourront en échange passer quelques jours sur le bateau avec leurs clients, fournisseurs ou collaborateurs. Les membres du CJD peuvent également apporter une aide matérielle ou encore leur expertise dans certains domaines comme l'assurance maritime.

 

"Notre volonté est de nous ouvrir aux PME par des activités de proximité"
 
Claude Thourot, FFV
 

En 2002, le sponsoring organisé auprès du bateau de Pierre-Yves Guennec avait permis à plusieurs entreprises du Nord-Pas-de-Calais de mener quelques initiatives originales. Ainsi, une entreprise du bâtiment, notamment spécialisée en restauration de monuments historiques, avait-elle fait intervenir le skipper pour établir un parallèle entre la sécurité en mer et au travail. Cette entreprise, d'une cinquantaine de salariés, avait déploré un décès lors d'un accident l'année précédente. "La sensibilisation décalée effectuée par le marin s'est avérée efficace : aucun accident n'a été enregistré par la suite", explique Samuel Douette.

 

Communication, motivation, mobilisation... Les entreprises sont séduites par les valeurs du nautisme. Aujourd'hui, sur 80.000 adhérents à la FFV, 15.000 sont des membres de la section entreprise. En 1988, ils n'étaient que 1.000. Et cette progression, record, devrait encore se poursuivre dans les années à venir. "Notre volonté est maintenant de nous ouvrir aux PME par des activités de proximité", explique Claude Thourot de la FFV. Une nouvelle forme de démocratisation pour la voile.



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