Par Jean-François Wantz (CCE)
Bienvenue chez Carrefour, Monsieur Vandevelde

La Bourse a salué l'arrivée du tandem Luc Vandevelde et José Luis Duran aux manettes du géant français Carrefour, numéro deux mondial de la profession. Elle fait aussi le meilleur accueil à la recomposition d'un Directoire aux membres choisis parmi les meilleurs dirigeants issus des anciens groupes respectivement Carrefour et Promodès.

Le dosage des origines est rassurant : de fait, la pertinence de cette nouvelle donne restaure la confiance dans l'entreprise elle-même, comme à l'extérieur. Il reste aux joueurs, conduits par un nouveau président assisté d'un nouveau "capitaine", à marquer des points sous l'œil attentif des supporters et du public. Qu'attendre désormais des matches à venir ?

Avec pragmatisme, parions que cette équipe gagnante, avec sagesse et sans doute humilité, va s'appuyer sur les formidables ressources de l'existant. Les fondamentaux de Carrefour restent sans beaucoup de défauts :
Critère essentiel, les emplacements des points de vente en France et dans le monde constituent un parc de grande qualité, diversifié comme il convient aussi bien par secteur géographique que par composition des formats exploités.
Le potentiel humain résultant de la fusion avec Promodès détient encore un exceptionnel gisement de compétences aux dominantes professionnelles souvent complémentaires.

Cette ressource est à valoriser sans condamnation arbitraire pour raison de "péché originel". Elle doit permettre un talentueux relais technique pour l'application des directives avec le plein bénéfice de l'intelligence et de la motivation dans le contexte de "subsidiarité" si familier naguère à Carrefour. Bien assuré sur ces bases solides, l'objectif primordial et urgent consiste à restaurer, notamment en France, un redéploiement durable du chiffre d'affaires par la reconquête en profondeur des parts de marché.

Tout écart, un jour ou l'autre, est inéluctablement sanctionné"

Attention toutefois, on ne trompe pas sans conséquence le consommateur client. Ce métier nécessite le respect de quelques recettes essentielles, mais simples sinon à mettre en œuvre, au moins à réaffirmer. La sophistication commerciale de l'outil de distribution trouve sa limite dans l'expression sans maquillage du "discount". L'intérêt du public pour les prix bas reste la valeur sûre. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater le succès des formules des "hard-discounters".

C'est le passage obligé où tout écart, un jour ou l'autre, est inéluctablement sanctionné par le marché, comme l'illustrent justement les conséquences des tentatives d'écart… Mais si baisser les prix et le "bien faire savoir" constituent en eux-mêmes des opérations subtiles, ils sont à accompagner d'une réduction des coûts de la même amplitude au risque de déséquilibrer dangereusement les comptes. Ceci ne serait qu'un retour au ratio, si longtemps appliqué dans la maison, pour la consommation de sa marge commerciale.

Avec sagesse, l'effort à fournir sera recherché là où le "gras" s'est peu à peu développé, dans les secteurs les plus "fonctionnels" aux moindres évidences de productivité (sièges, surinvestissements allongeant les délais de récupération, etc…). Un allègement des actifs qui recentrerait à l'étranger sur les pays à plus fort potentiel de croissance compatible avec un positionnement de leader parmi la concurrence ne manquera pas d'être regardé.

Jolis enjeux pour les talents de l'équipe nouvelle. Bon courage !