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ENTREPRISE
 
05/01/2005

Les délocalisations transforment le marché du travail

Le transfert hors des frontières des activités de production recentre le marché du travail sur l'encadrement et sur les fonctions marketing, finance et R&D.
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  CNISF

Quelles sont les motivations des entreprises qui délocalisent ? Quelles en sont les conséquences sur le marché de l'emploi ? Telles étaient les grandes questions soulevées lors d'une table ronde consacrée, fin décembre, aux délocalisations. Une table ronde qui s'est tenue dans le cadre du dixième Salon des ingénieurs organisé par le CNISF (Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France) et l'Apec.

En introduction de cet événement, Richard Ozwald, conseiller technique auprès de Laurent Hénart, le secrétaire d'Etat à l'Insertion Professionnelle, a voulu dresser un panorama plutôt optimiste sur la situation française. "Quand on parle de délocalisation, il faut éviter d'avoir un discours fataliste sur le déclin ou la perte d'attractivité de la France. Il y a des mutations du marché et des menaces, mais l'investissement en France sur les marchés proches représente moins de 5 %, et moins de 1 % pour les marchés lointains. En 2003, les délocalisations comptaient seulement pour 4% des investissements français".

Mais Jacky Chatelain, directeur de l'Apec, ne partage visiblement pas ce point de vue  "Comment expliquer que le gouvernement en fasse un motif de lutte s'il y a si peu de délocalisations ?" Ce décalage sur l'analyse de la situation est également perceptible à l'écoute des témoignages des entreprises. Des entreprises pour lesquelles le développement de la délocalisation apparaît bel et bien comme un phénomène d'actualité, voire de fond. "Entre la fin des années 70 et aujourd'hui, nous réalisons toujours le même pourcentage de notre activité à l'international, autour de 70 à 75%, souligne ainsi José Massol, directeur international de Thalès. Mais l'emploi, qui était concentré à 80% en France dans les années 70, est maintenant réparti sur une dizaine de pays".


La croissance du marché français est très faible"


Même son de cloche dans l'univers de la chimie, où internationalisation et délocalisation s'entremêlent également. "En France, le secteur de la chimie contribue aux exportations à hauteur de 10 milliards d'euros, explique Jean Pelin, directeur général de l'UIC (Union des industries chimiques). Mais aujourd'jui, le secteur est international du fait de la taille du marché. Plus de 60 % des centres de décision, et les emplois qui vont avec, se trouvent donc en dehors de l'Hexagone."

Dans le secteur électrique et électronique, Jean-Claude Karpeles, secrétaire général de la FIEEC (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication) dresse un panorama comparable, si ce n'est davantage percutant. "Dans le secteur des composants par exemple, les délocalisations ne représentent pas 4 % des investissements, mais plutôt 20 à 25 %. Dans ce domaine, la croissance du marché français, qui est mature, est très faible. La croissance se fait donc hors de France."

Au bout de la chaîne, les impacts de ces différents mouvements sur l'emploi sont nombreux en France et se traduisent surtout des mutations en profondeur plutôt que par des ruptures franches. "Les emplois proposés en France évoluent : on assiste à une disparition des emplois peu qualifiés mais à une augmentation des emplois cadres, analyse Jacky Chatelain, directeur de l'Apec. L'internationalisation des entreprises se traduit par un renforcement de l'activité amont, comme le marketing, la finance et la recherche, sur les sièges sociaux dans les pays d'origine."

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Or, dans le domaine de la R&D justement, les entreprises jugent que les efforts d'accompagnement réalisés par la France restent bien trop faibles. "Le développement qui se fait aux Etats-Unis est sans commune mesure avec ce que réalise la France", note Jean-Claude Karpeles de la FIEEC. Ce que confirme le directeur général de l'UIC : "Les Etats-Unis investissent massivement sur les biotechnologies ou nanotechnologies. Il faut que nos entreprises développent davantage l'innovation." Un levier que tous considérent comme l'une des rares portes de sortie possibles pour les économies occidentales.


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