Initiative
octobre
2004
Adhérer au Pacte mondial des entreprises
Une politique crédible de développement durable est impossible sans le concours des grandes entreprises mondiales. Dont acte. C'est donc dans le souci d'inscrire des valeurs sociales, sociétales et environnementales dans la mondialisation que Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, a proposé la création d'un Pacte mondial des entreprises ("Global Compact") au Forum économique mondial de Davos, en janvier 1999. Placé sous l'égide des Nations Unies, ce programme a vu officiellement le jour le 26 juillet 2000. Il a pour but de promouvoir les pratiques éthiques et les valeurs morales fondamentales dans les entreprises, sur la base du volontariat. La Charte du Pacte Mondial n'entraîne aucune obligation pour les entreprises qui la signent. Il s'agit d'un engagement moral, basé sur dix principes issus de textes et de conventions internationales : Déclaration universelle des droits de l'homme, Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail, principes de Rio sur l'environnement et le développement. Les entreprises signataires sont censées respecter les normes minimales en matière, notamment, de protection des salariés, de lutte contre le travail des enfants et les discriminations, et de lutte contre la corruption. D'environ
50 à sa création, le nombre d'entreprises adhérentes au Pacte est
passé à 1.700 en 2004, dont plus de 200 entreprises françaises. Naturex,
une PME de 200 personnes qui produit et commercialise des extraits
végétaux utilisés dans des produits et des compléments alimentaires,
figure parmi celles-ci depuis 2003. Jacques Dikansky, PDG de Naturex,
revient sur les raisons de l'engagement de son entreprise. "C'est
Jérôme Monod, conseiller à l'Elysée et ardent promoteur du Pacte
en France, qui m'en a parlé la première fois. Il m'a semblé naturel
d'y adhérer, dans la mesure où nous travaillons des produits naturels
et nous avons une usine au Maroc."
Pour adhérer au Pacte mondial, il suffit d'adresser une lettre au Secrétaire général de l'ONU exprimant son engagement. Les entreprises adhérentes sont invitées à présenter le Pacte dans leurs rapports annuels, à mettre en uvre des plans d'actions destinés à atteindre les objectifs du Pacte, et à inscrire sur le site Internet du Pacte des exemples de leur expérience. Toutefois, le Bureau du Pacte mondial n'exerce aucune contrainte en ce sens. Naturex, par exemple, n'a pas encore intégré le Pacte dans son rapport annuel. "Nous ne l'avons pas encore beaucoup exploité en terme de communication, c'est juste pour l'instant une bonne façon de nous rappeler nos obligations, explique le PDG. La prochaine étape, c'est la communication interne." Cela n'empêche en rien la société d'appliquer les préceptes du Pacte. "Nous assurons depuis dix ans une formation à notre personnel marocain, 75 personnes, que nous embauchons au départ sans qualification. Et par rapport à l'environnement, nous investissons sur nos sites à Avignon et au Maroc afin de diminuer la charge polluante de nos eaux résiduaires et l'utilisation de solvants, et d'améliorer l'esthétique de nos usines. Par ailleurs, pour les matières premières que nous achetons en Inde et en Chine, nous essayons de travailler avec des fournisseurs respectant les droits fondamentaux." En échange des efforts consentis par les entreprises, l'ONU leur permet d'accéder à une base de données d'informations pratiques et de retours d'expériences, et d'utiliser le logo des Nations Unies. En parallèle, pour animer les actions des entreprises au niveau national et local, et ne pas se contenter des réunions internationales, des réseaux pays ont été mis en place. Ainsi, Naturex participe au réseau PACA, qui compte une dizaine d'entreprises, dont environ 50 % de PME. "Les réunions régionales sont les plus importantes, surtout pour les PME, déclare Jacques Dikansky. Elles permettent d'échanger les expériences des uns et des autres."
Au final, l'adhésion au Pacte n'est certes pas la solution miracle aux problématiques du développement durable, mais elle a le mérite de marquer concrètement l'engagement des entreprises, ce qui peut "faire passer les dossiers sur le dessus de la pile", selon l'expression de Jacques Dikansky. D'autre part, pour les entreprises, c'est un avantage en termes de communication et d'image. Enfin, c'est un moyen d'identifier les bonnes pratiques pour plus d'efficacité.
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