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Une
agence des PME, pour quoi faire ? En France et en Europe, la politique publique en faveur des PME a pour objectif d'apporter des aides à des entreprises petites, donc faibles, et nombreuses. Regrouper les organismes actuels au sein d'une nouvelle agence des PME permettrait certainement de faire des gains grâce à une meilleure coordination. Mais on ne voit pas comment cela pourrait avoir un impact important sur la vitalité économique de notre pays.
Le véritable enjeu n'est pas là. Parmi les PME figurent des entreprises à fort potentiel qui sont susceptibles de devenir les grandes entreprises de demain. Or lorsque l'on compare les tissus économiques européens et américains, ce sont ces nouvelles grandes entreprises qui nous font cruellement défaut. Aujourd'hui, l'Europe sait créer de nouvelles petites entreprises, sait les aider à survivre mais ne sait pas faire grandir celles qui en ont le potentiel. La mise en place d'une nouvelle agence des PME fournit l'occasion de mettre en place cette politique nouvelle visant l'intégration économique des nouveaux entrants, ciblée sur un nombre restreint de PME innovantes à fort potentiel. Il suffirait que 2000 d'entre elles parviennent à grandir pour que la structure de notre tissu économique soit comparable à celui des Etats-Unis. L'obstacle principal sur la voie du développement reste l'accès au marché. La concurrence entre les jeunes entreprises en développement et les entreprises établies est inégale et la globalisation de l'offre et de la demande a réduit comme peau de chagrin les marchés auxquelles les PME peuvent prétendre. Il ne suffit pas d'être le meilleur pour gagner, il faut aussi être le plus gros et le plus ancien. Le chemin vers la taille critique est ainsi devenu à la fois plus difficile et plus long. Les jeunes entreprises souffrent donc de discrimination dans l'accès à leur marché et c'est ce verrou qui explique leur incapacité à se développer, comme l'a bien compris le candidat John Kerry qui en a fait l'un de ses principaux thèmes de campagne : "to ensure a level playing field for American businesses" (garantir lexistence de conditions de jeu égales pour les entreprises américaines). Ces entreprises en voie de développement n'ont donc pas besoin de d'avantage d'aides mais de moins de barrières. La nouvelle agence des PME devrait avoir pour mission de faire tomber ces barrières afin de permettre aux meilleures PME de se développer. Le premier champ d'action est celui des marchés publics. L'enjeu est considérable : dans les domaines de l'innovation et de la technologie, ceux où le potentiel de croissance est le plus grand, on peut estimer à 10 milliards d'euros pour la France et à 100 milliards d'euros pour l'Europe le montant annuel des marchés supplémentaires qui seraient attribués aux PME si les conditions de concurrence étaient rééquilibrées. Et l'on serait alors encore loin des 40% de marchés publics dont bénéficient les PME américaines.
L'accès équitable des PME aux marchés publics constitue le cur
du Small business act américain, à partir duquel a été construite
la Small business administration qui sert aujourd'hui de modèle
à la future agence des PME. Se restreindre à un simple mise en commun
de différents programmes d'aide constituerait un contresens.
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