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Une agence des PME, pour quoi faire ?
Par Emmanuel Leprince (Comité Richelieu)
(juillet 2004)

En France et en Europe, la politique publique en faveur des PME a pour objectif d'apporter des aides à des entreprises petites, donc faibles, et nombreuses. Regrouper les organismes actuels au sein d'une nouvelle agence des PME permettrait certainement de faire des gains grâce à une meilleure coordination. Mais on ne voit pas comment cela pourrait avoir un impact important sur la vitalité économique de notre pays.

Création d'une agence
des PME

Le 4 mai dernier, le gouvernement a confié à Jean-Pierre Denis, président du directoire de la Banque du développement des PME (BDPME), la mission d’étudier la constitution d’une agence des PME qui pourrait regrouper principalement les attributions, actifs et compétences de l’Anvar, de la BDPME, de l’APCE et de l’ADPME. L'objectif de cette agence est d'apporter des réponses aux besoins des financements non couverts par les acteurs privés et de renforcer les effets de levier attachés aux dispositifs nationaux actuels. L'agence devrait être opérationnelle avant le 1er janvier 2005.

Le véritable enjeu n'est pas là. Parmi les PME figurent des entreprises à fort potentiel qui sont susceptibles de devenir les grandes entreprises de demain. Or lorsque l'on compare les tissus économiques européens et américains, ce sont ces nouvelles grandes entreprises qui nous font cruellement défaut. Aujourd'hui, l'Europe sait créer de nouvelles petites entreprises, sait les aider à survivre mais ne sait pas faire grandir celles qui en ont le potentiel.

La mise en place d'une nouvelle agence des PME fournit l'occasion de mettre en place cette politique nouvelle visant l'intégration économique des nouveaux entrants, ciblée sur un nombre restreint de PME innovantes à fort potentiel. Il suffirait que 2000 d'entre elles parviennent à grandir pour que la structure de notre tissu économique soit comparable à celui des Etats-Unis.

L'obstacle principal sur la voie du développement reste l'accès au marché. La concurrence entre les jeunes entreprises en développement et les entreprises établies est inégale et la globalisation de l'offre et de la demande a réduit comme peau de chagrin les marchés auxquelles les PME peuvent prétendre. Il ne suffit pas d'être le meilleur pour gagner, il faut aussi être le plus gros et le plus ancien.

Le chemin vers la taille critique est ainsi devenu à la fois plus difficile et plus long. Les jeunes entreprises souffrent donc de discrimination dans l'accès à leur marché et c'est ce verrou qui explique leur incapacité à se développer, comme l'a bien compris le candidat John Kerry qui en a fait l'un de ses principaux thèmes de campagne : "to ensure a level playing field for American businesses" (garantir l’existence de conditions de jeu égales pour les entreprises américaines).

Ces entreprises en voie de développement n'ont donc pas besoin de d'avantage d'aides mais de moins de barrières. La nouvelle agence des PME devrait avoir pour mission de faire tomber ces barrières afin de permettre aux meilleures PME de se développer. Le premier champ d'action est celui des marchés publics. L'enjeu est considérable : dans les domaines de l'innovation et de la technologie, ceux où le potentiel de croissance est le plus grand, on peut estimer à 10 milliards d'euros pour la France et à 100 milliards d'euros pour l'Europe le montant annuel des marchés supplémentaires qui seraient attribués aux PME si les conditions de concurrence étaient rééquilibrées. Et l'on serait alors encore loin des 40% de marchés publics dont bénéficient les PME américaines.

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L'accès équitable des PME aux marchés publics constitue le cœur du Small business act américain, à partir duquel a été construite la Small business administration qui sert aujourd'hui de modèle à la future agence des PME. Se restreindre à un simple mise en commun de différents programmes d'aide constituerait un contresens.

Parcours

Emmanuel Leprince est président de la Fédération européenne des PME de haute technologie et délégué général du Comité Richelieu . Le Comité Richelieu est une association à but non lucratif créée en 1989. Sa mission est de soutenir le développement des PME innovantes. Le Comité Richelieu rassemble plus de 150 entreprises de la high tech.


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