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(juillet 2004) B.J. au bureau, le management facile
Extrait du livre : "Le Journal de BJ au Bureau - Le management facile", par Bertrand Jouvenot (Ed. Maxima, Collection "Management", 301 p., 14,80 €) Leçon n°17
: construction d'un SWOT
Cela fait presque trois semaines que j'ai atterri dans ce monde étrange. Franck m'a déjà dit vingt fois que j'avais une immense connaissance de l'Internet. Que c'est notamment pour cela qu'on m'avait recruté ! Qu'il faut que j'incarne une nouvelle façon de penser, de travailler, de faire du business au sein de cette entreprise centenaire. Franck a même été jusqu'à me dire qu'il fallait que je manifeste le plus possible mon côté punk. Invraisemblable ! Ils sont donc si coincés dans cette boîte, qu'un type comme moi, avec ses cheveux courts, son air de garçon sérieux et son costume tout neuf, parvient à passer pour un rebelle ! En parlant de Franck d'ailleurs, il m'a fait un sale coup ce matin. Il a déboulé dans mon bureau à 9 heures et demi en me disant : - "Je t'emmène avec moi en réunion client. Ca va parler Internet. On va avoir besoin de toi. Ils sont suisses. La réunion se déroulera donc en anglais. Je t'ai envoyé par e-mail la présentation Power point que nous leur ferons. Installe-la sur ton PC car nous l'utiliserons. On ira avec ma voiture. Je passe te prendre dans une demi-heure." Une heure après, nous étions dans une immense salle de réunion. Face à nous, sept cadres de l'entreprise suisse que nous rencontrions, plus quelques suisses d'une de nos filiales. Pendant que les gens se présentaient les uns aux autres, Franck m'a chuchoté dans le creux de l'oreille : - "La présentation, c'est toi qui vas la faire ! Te plante pas !" J'étais affolé. Ça allait démarrer dans deux minutes à peine. Je n'avais jamais fait de présentation en anglais. Je découvrais à peine les slides. Je ne connaissais pas encore le produit ni même Cabletel véritablement. Je ne sais pas encore par quel miracle, mais je m'en suis sorti. Par contre, après la réunion je suis allé voir Franck pour lui demander : - "Tu crois pas que tu as un peu exagéré sur ce coup-là ?" Manifestement peu habitué à ce type de remarques, il m'a répondu froidement : - "Pour apprendre aux gens à nager, il faut les pousser à l'eau. Et si l'eau est glacée c'est encore mieux ! En tout cas, ta prestation n'était pas parfaite, mais tu as pas mal assuré quand même. C'est bien ! D'autant que tu es encore en période d'essai !" Mon intuition du début se confirme. Je vais moins rigoler que chez Must-Internet. Le soir j'ai pris l'avion pour l'Angleterre avec mon chef Jean. Jean est le directeur marketing. C'est le bon gars qui a fait la plus petite école d'ingénieurs de France, la moins connue, comme il l'avoue parfois un peu gêné. A 31 ans il est plus que sérieux. Presque triste. Ni beau ni moche. Il a l'air conscient de ses propres limites. Il semble croire qu'en étant fidèle et loyal à Franck il s'en verra récompensé un jour. Bien sûr il s'habille comme Franck : costume gris clair, chemise bleue, cravate sombre. Pendant le vol Jean m'a interrogé sur l'avancement de mon étude de maché. Il a vite compris que j'avais du mal a faire le lien entre ce qui se passait sur le marché et Cabletel. C'est à cette occasion que j'ai découvert un sigle mystérieux : SWOT. Construction d'un SWOT
Et Jean a poursuivi en ajoutant : - "Moi si j'étais toi, dans la partie forces de ton SWOT, j'écrirais des trucs comme : bonnes relations commerciales existantes entre Cabletel et les opérateurs Telecom. Dans faiblesses : faible expérience de Cabletel en matière de technologie Internet. Dans opportunités : explosions conjointes du marché des télécoms et de l'Internet. Dans menaces : arrivée de nouveaux concurrents déterminés à investir énormément pour prendre place sur le marché."
J'ai remercié Jean avant qu'il ne soit interrompu par une ravissante hôtesse de l'air aux yeux verts qui nous apportait de microscopiques plateaux repas. Il venait tout bonnement de m'expliquer comment se faisait un SWOT. C'était pas rien. Une chose est sûr : Cabletel est plus riche que Must-Internet. Si bien que le soir je n'ai pas dû partager ma chambre d'hôtel avec Jean. C'était pas plus mal ! Curieusement, je ne pense plus trop à Mélissa. Le fait d'avoir changé de société y est sans doute pour beaucoup.
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