Pour orienter les consommateurs vers le papier peint, et non la
peinture, le fabricant Ugepa a distribué plus de 150 000 exemplaires
d'une BD intitulée "Le papier peint... quel effet ça fait
!". Pourquoi avoir choisi ce mode de communication ? "Parce
que la bande dessinée est très efficace pour inciter les gens à
avoir un comportement différent, explique Xavier Fauche, PDG d'Une
Bulle en Plus, une agence spécialisée dans la communication
par la bande dessinée. Dans l'esprit des gens, la BD n'est
pas de la publicité, elle fait avant tout référence au plaisir.
Dans un salon par exemple, les visiteurs tendent la main pour les
recevoir."
Mais
attention, la bande dessinée n'est pas uniquement un support de
promotion. Elle peut également être un levier de communication
interne pour les entreprises qui souhaitent, par exemple, se réorganiser.
Une manière "non violente" de communiquer avec
les salariés et très utile dans les contextes de crise.
"C'est un outil efficace pour dédramatiser une situation",
estime Xavier Fauche, également ancien scénariste de Lucky
Luke.
La direction des ressources humaines des Mines de potasse d'Alsace
a par exemple utilisé la BD pendant deux années avant la
fermeture des sites de production. Une manière de préparer
le terrain. "Le message consistait à rappeler que les mineurs sont
des gens formidables, courageux et très solidaires, raconte Xavier
Fauche, mais que malheureusement ce métier appartient maintenant
au passé. Il fallait également insister sur les nombreuses
possibilités de reconversion offertes par l'entreprise." La bande
dessinée éditée pour l'occasion était directement
envoyée aux domiciles des mineurs, afin d'expliquer la fermeture
à leur famille.
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La
BD donne un coup de jeune"
Xavier Fauche, Une Bulle en Plus
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Les bulles peuvent aussi être utilisées pour donner un coup de
jeune à une marque. C'est la stratégie choisie par
Michelin. Et pourtant, de prime abord, le groupe français
a hésité à utiliser ce support qui lui semblait "décalé
par rapport à son image provinciale et sérieuse de l'entreprise"
se souvient Xavier Fauche. Depuis, Michelin s'est laissé
persuadé et a commandé plusieurs BD, dont une traduite en
une dizaine de langues et publiée à 1,2 million d'exemplaires.
La polyvalence offerte par ce support a pourtant ses limites. Dans
certaines situations, la dédramatisation et la caractère
ludique peuvent passer pour des fautes de goût. Autre limite :
pour être efficace, la BD suppose un lectorat assez large.
Par exemple, les chercheurs de haut niveau ont des codes particuliers
et un langage propre qui seraient difficiles à traduire dans des
bulles.
Côté pratique, entre la définition du message et de
la cible, et la distribution du produit fini, il faut en général
compter trois mois. Le budget est très variable selon la taille
du projet. Pour une mini bande dessinée de 24 pages au format A6
avec une couverture en carton imprimée à 20 000 exemplaires, il
faut par exemple compter un budget de 60 000 euros hors taxes.
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