Avec un certain décalage, qui permet il est vrai d'apaiser
les esprits politiques, l'Insee a dressé un bilan de l'évolution
salariale et du coût du travail entre 1996 et 2000. Une période
que l'Institut qualifie sans détour de "période
faste sur le marché du travail". Au cours de ces quatre
années, plus d'1,5 million d'emplois ont été
créés en France, ce mouvement s'accompagnant d'une
baisse des cotisations salariales, d'un recul de l'inflation et
d'une hausse des niveaux de qualification demandés.
Comparaison
de l'évolution du salaire moyen entre 1992 et 1996
et entre 1996 et 2000 (sources
Insee - DADS)
|
Donnée |
Evolution
entre 1992 et 1996
|
Evolution
entre 1996 et 2000
|
Salaire brut
nominal |
+10,8 %
|
+7,5 %
|
Incidence des prélèvements
à la source |
-3,9 %
|
+0,7 %
|
Salaire net nominal |
+6,9 %
|
+8,2 %
|
Inflation |
+7,7 %
|
+4,2 %
|
Salaire net réel |
-0,8 %
|
+4,0 %
|
Ce cocktail
se traduit par une hausse du salaire moyen réel, c'est-à-dire
pondéré par l'inflation. Entre 1996 et 2000, ce salaire
a augmenté de 4 %. Sur la période 1992-1996,
il était en recul de 0,8 %. Outre la baisse des prélèvements,
cette hausse du salaire réel reflète une montée
en puissance de l'effectif cadres et dirigeants salariés
en France, dont la rémunération moyenne est 2,6 fois
plus élevée que celle des ouvriers. De 1996 à
2000, la population des cadres et des dirigeants d'entreprise a
progressé de 15 % alors que les autres catégories
de salariés n'ont, elles, augmenté que de 5 à
6 %.
Des cadres qui ont été décidément bien
lotis au cours de cette période en étant les premiers
bénéficiaires de la hausse générale
des salaires. Leur salaire net moyen a progressé de 8,5 %
pour atteindre 39 000 euros en 2000. Un mouvement haussier
qui n'a pas autant profité aux professions intermédiaires
(+4,6 %) et aux employés (+4,8 %).
L'Insee note par ailleurs qu'entre 1996 et 2000, "l'éventail
des salaires s'est élargi vers le haut". Un élargissement
largement provoqué, une nouvelle fois, par les cadres et
dirigeants salariés. Dans les secteurs financier et immobilier
par exemple, cette catégorie de salariés a vu son
salaire moyen progressé respectivement de 16,4 % et
de 13,8 % en quatre ans.
Evolution
des salaires par catégorie et par secteur (sources
Insee - DADS)
|
Secteur |
Toutes
catégories
|
Cadres
et dirigeants salariés
|
Salaire
net moyen
(en euros)
|
Evolution
96/00
|
Salaire
net moyen
(en euros)
|
Evolution
96/00
|
Tous
secteurs d'activité |
19 700
|
+8,2 %
|
39 800
|
+8,5 %
|
Industrie |
20 300
|
+8,1 %
|
40 900
|
+4,4 %
|
Construction |
16 800
|
+6,3 %
|
35 800
|
+7,1 %
|
Commerce |
18 200
|
+8,1 %
|
37 100
|
+11,3 %
|
Services |
22 000
|
+8,4 %
|
40 500
|
+9,7 %
|
Le point noir de la période est à trouver sur le
front du coût de la main-d'oeuvre du point de vue des entreprises.
Entre 1996 et 2000, le coût horaire moyen a progressé
de près de 10 % de 22,1 à 24,4 euros pour les
entreprises de plus de dix salariés. Principal coupable de
cette hausse : les 35 heures. "Les changements législatifs
concernant la durée du travail ont une influence sur l'évolution
du coût horaire moyen", souligne ainsi l'Insee.
Coût
horaire de la main-d'oeuvre selon la taille de l'entreprise
(source
Insee)
|
Taille |
Coût
en euros
|
Evolution
entre 1996 et 2000
|
De 10 à
49 salariés |
21,8
|
+16,5 %
|
De 50 à
249 salariés |
23,7
|
+15,6 %
|
De 250 à
499 salariés |
26,7
|
+17,6 %
|
500 salariés
et plus |
25,9
|
+1,2 %
|
Toutes tailles |
24,4
|
+10,4 %
|
Coût
horaire de la main-d'oeuvre par secteur (source
Insee) |
Secteur |
Coût
en euros |
Industrie |
23,8 |
Construction |
20,5 |
Commerce |
21,0 |
Services |
27,7 |
Reste que cette hausse du coût de la main-d'oeuvre est loin
d'être homogène selon la taille et le secteur d'activité
de l'entreprise. Elle impacte fortement les petites entreprises
de moins de 49 salariés avec une progression de 16,5 %
sur quatre ans. A l'inverse, les grands comptes de 500 salariés
et plus ont vu leur coût horaire ne progresser que de 1,2 %.
Une différence qui s'explique, selon l'Institut, "par
l'impact des baisses de charges octroyées au moment de la
mise en place des lois Aubry." Or les grandes entreprises ont
été les premières à bénéficier
de ces mesures.
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