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Les "quatre glorieuses" du marché du travail
L'Insee s'est penché sur la période 1996-2000, quatre années au cours desquelles l'effectif des cadres a progressé de 15 % en France et leur salaire moyen a augmenté de 8,5 %. Une fausse note pour les entreprises : la hausse du coût de la main-d'oeuvre. (novembre 2003)
 
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  Insee

Avec un certain décalage, qui permet il est vrai d'apaiser les esprits politiques, l'Insee a dressé un bilan de l'évolution salariale et du coût du travail entre 1996 et 2000. Une période que l'Institut qualifie sans détour de "période faste sur le marché du travail". Au cours de ces quatre années, plus d'1,5 million d'emplois ont été créés en France, ce mouvement s'accompagnant d'une baisse des cotisations salariales, d'un recul de l'inflation et d'une hausse des niveaux de qualification demandés.

Comparaison de l'évolution du salaire moyen entre 1992 et 1996 et entre 1996 et 2000 (sources Insee - DADS)
Donnée
Evolution entre 1992 et 1996
Evolution entre 1996 et 2000
Salaire brut nominal
+10,8 %
+7,5 %
Incidence des prélèvements à la source
-3,9 %
+0,7 %
Salaire net nominal
+6,9 %
+8,2 %
Inflation
+7,7 %
+4,2 %
Salaire net réel
-0,8 %
+4,0 %

Ce cocktail se traduit par une hausse du salaire moyen réel, c'est-à-dire pondéré par l'inflation. Entre 1996 et 2000, ce salaire a augmenté de 4 %. Sur la période 1992-1996, il était en recul de 0,8 %. Outre la baisse des prélèvements, cette hausse du salaire réel reflète une montée en puissance de l'effectif cadres et dirigeants salariés en France, dont la rémunération moyenne est 2,6 fois plus élevée que celle des ouvriers. De 1996 à 2000, la population des cadres et des dirigeants d'entreprise a progressé de 15 % alors que les autres catégories de salariés n'ont, elles, augmenté que de 5 à 6 %.

Des cadres qui ont été décidément bien lotis au cours de cette période en étant les premiers bénéficiaires de la hausse générale des salaires. Leur salaire net moyen a progressé de 8,5 % pour atteindre 39 000 euros en 2000. Un mouvement haussier qui n'a pas autant profité aux professions intermédiaires (+4,6 %) et aux employés (+4,8 %).

L'Insee note par ailleurs qu'entre 1996 et 2000, "l'éventail des salaires s'est élargi vers le haut". Un élargissement largement provoqué, une nouvelle fois, par les cadres et dirigeants salariés. Dans les secteurs financier et immobilier par exemple, cette catégorie de salariés a vu son salaire moyen progressé respectivement de 16,4 % et de 13,8 % en quatre ans.

Evolution des salaires par catégorie et par secteur (sources Insee - DADS)
Secteur
Toutes catégories
Cadres et dirigeants salariés
Salaire net moyen
(en euros)
Evolution 96/00
Salaire net moyen
(en euros)
Evolution 96/00
Tous secteurs d'activité
19 700
+8,2 %
39 800
+8,5 %
Industrie
20 300
+8,1 %
40 900
+4,4 %
Construction
16 800
+6,3 %
35 800
+7,1 %
Commerce
18 200
+8,1 %
37 100
+11,3 %
Services
22 000
+8,4 %
40 500
+9,7 %

Le point noir de la période est à trouver sur le front du coût de la main-d'oeuvre du point de vue des entreprises. Entre 1996 et 2000, le coût horaire moyen a progressé de près de 10 % de 22,1 à 24,4 euros pour les entreprises de plus de dix salariés. Principal coupable de cette hausse : les 35 heures. "Les changements législatifs concernant la durée du travail ont une influence sur l'évolution du coût horaire moyen", souligne ainsi l'Insee.

Coût horaire de la main-d'oeuvre selon la taille de l'entreprise (source Insee)
Taille
Coût en euros
Evolution entre 1996 et 2000
De 10 à 49 salariés
21,8
+16,5 %
De 50 à 249 salariés
23,7
+15,6 %
De 250 à 499 salariés
26,7
+17,6 %
500 salariés et plus
25,9
+1,2 %
Toutes tailles
24,4
+10,4 %
Coût horaire de la main-d'oeuvre par secteur (source Insee)
Secteur Coût en euros
Industrie 23,8
Construction 20,5
Commerce 21,0
Services 27,7

Reste que cette hausse du coût de la main-d'oeuvre est loin d'être homogène selon la taille et le secteur d'activité de l'entreprise. Elle impacte fortement les petites entreprises de moins de 49 salariés avec une progression de 16,5 % sur quatre ans. A l'inverse, les grands comptes de 500 salariés et plus ont vu leur coût horaire ne progresser que de 1,2 %. Une différence qui s'explique, selon l'Institut, "par l'impact des baisses de charges octroyées au moment de la mise en place des lois Aubry." Or les grandes entreprises ont été les premières à bénéficier de ces mesures.

 

Rédaction, Le Journal du Management
   
 
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