C'est le grand phénomène du capital-investissement. Alors que
le capital-risque reste en berne, les activités de LBO
(Leverage buy-out, Rachat avec effet
de levier) enchaînent
record sur record. Selon l'Afic, l'Association française des investisseurs
en capital, le montant des activités de capital-investissement
réalisées par des opérateurs français
a progressé l'année dernière de 78 % à
5,9 milliards d'euros.
Ce dynamisme du capital-investissement est largement imputable
aux LBO qui représentent désormais 77 % des montants
injectés, contre 59 % un an plus tôt. En valeur,
entre 2001 et 2002, le montant total des investissements liés
aux LBO est passé de 1,9 milliard à 4,5 milliards d'euros,
alors que le nombre d'opérations annuel est resté quasi
stable (282 opérations en 2002 contre 292 en 2001)
Cette stabilité
sur le nombre d'opérations, alors que les investissements
s'enflamment, souligne la montée en puissance du calibre
des LBO. Les douze plus grosses opérations de LBO menées
en France l'année dernière ont pesé à
elles-seules 3,2 milliards d'euros (Antargaz, Danival, Elis, Legrand,
Moliflor Loisirs, Nocibe, Panzani, Provimi, Ridson Pharma, TDF,
VUP Publishing et Yoplait). Parmi elles, la palme revient au rachat
de Legrand par le fonds américain KKR et par Wendel Investissement
pour un montant total de 1,7 milliard d'euros.
Face à ce mouvement, les chefs d'entreprise se montrent
de plus en plus sensibles à la notion de LBO. Selon une enquête
réalisée par l'Ifop auprès de 402 dirigeants
dentreprise (de 200 à 499 salariés), 69 % des patrons de PME
connaissent aujourd'hui la notion de LBO. Parmi eux, 14 % connaissent
une personne ayant réalisé un LBO, 11 % ont déjà
monté une telle opération et 8 % envisagent de
le faire.
Le
principal avantage et le principal inconvénient du
LBO aux yeux des chefs d'entreprise (source Ifop - 2003)
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LES
AVANTAGES DU LBO
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LES
INCONVENIENTS DU LBO
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Permet
à des cadres de racheter et diriger lentreprise
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28 %
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La
trésorerie de lentreprise est fortement ponctionnée
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30
%
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Permet
de transmettre lentreprise à ses enfants, à ses associés
ou à ses actionnaires
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26 %
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Ne
concerne que les sociétés à forte rentabilité et placées sur
des secteurs porteurs
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16 %
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Offre
la possibilité de sécuriser le financement de l'entreprise
tout en gardant la direction de lentreprise
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18 %
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La
pression des financiers est forte pour vendre rapidement lentreprise
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16 %
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Permet
de réaliser une opération patrimoniale en récupérant une partie
du capital de lentreprise
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15 %
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Les
financiers rachètent lentreprise moins chère que lors dune
vente classique
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14 %
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Offre
une alternative aux ventes classiques en élargissant la
liste des acquéreurs potentiels
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10 %
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La
présence dinvestisseurs financiers complique la prise de
décision stratégique
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12 %
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NSP
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3 %
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Le
dirigeant doit rendre des comptes aux financiers
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7 %
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-- |
--
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NSP
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5 %
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Côté positif, le LBO est jugé avantageux pour
transmettre une entreprise à des cadres (28 %) mais
aussi à ses enfants, à ses associés ou à
ses actionnaires (26 %). En revanche, seuls 10 % des chefs
d'entreprise jugent que ce type d'opération permet d'élargir
la liste des acquéreurs potentiels.
Côté négatif, c'est la ponction réalisée
sur la trésorerie de l'entreprise qui est jugée la
plus problématique avec 30 % des suffrages. Tous les
autres inconvénients proposés obtiennent des scores
inférieurs à 16 %. Une forme de plébiscite que
confirme l'opinion globale des patrons face aux LBO. 71 % estiment
que les opérations de rachat avec
effet de levier sont au final "assez intéressantes"
ou "très intéressantes". Les
fonds sont prévenus.
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