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Des syndicats sur mon intranet
La Poste, l'un des premiers employeurs de France avec 320 000 collaborateurs, a mis en place sur son intranet un panneau d'affichage virtuel à la disposition de six organisations syndicales. Récit. (26 juin 2003)
 
Dossier

C'est à la suite de la mise en place de l'intranet syndical sur l'intranet groupe de France Télécom en juillet 2000 que les organisations syndicales de La Poste ont formulé le souhait de bénéficier d'un dispositif analogue. Une aubaine pour Martin Vial, alors à la tête de l'entreprise, qui souhaitait de son côté moderniser l'entreprise en développant l'usage des technologies de l'information, position qu'il a largement développée et illustrée dans son ouvrage, La Lettre et la Toile (publié en 2000 chez Albin Michel).

Très rapidement, les partenaires sociaux et la direction des ressources humaines du groupe, pilotée par Georges Lefebvre, conviennent d'ouvrir un accès intranet aux organisations syndicales représentatives. Après plusieurs mois de négociations, le projet d'accord est en passe d'être signé en janvier 2002 par six fédérations : CGT, SUD, FO, CFDT, CFTC et CGC. Mais, fortes de leur expérience de l'intranet syndical de France Télécom, les fédérations demandent la possibilité de mettre à jour les informations de ce "panneau d'affichage virtuel" depuis un poste informatique extérieur à l'entreprise.

L'accord conclu chez France Télécom impose en effet aux syndicats de se déplacer au siège du groupe pour mettre à jour les informations. "Cette demande nous a posé un important problème de sécurité, explique Raymond Llianès, directeur des relations sociales. Accéder à notre intranet hors de l'entreprise, c'est accéder au système informatique des bureaux de La Poste qui donne accès aux applications de types bancaires utilisées par l'entreprise."

En savoir plus
 

L'accord "espaces syndicats" de France Télécom (PDF sur le site de la CFDT)

Au final, la gestion de cette question de sécurité a demandé cinq mois de travail aux équipes informatiques du groupe. La solution retenue passe par l'utilisation de six ordinateurs portables spécifiques disposant de droits de connexion au réseau. "Nous avons également formé deux personnes de chaque organisation syndicales à l'utilisation des outils et au pilotage de ce panneau d'affichage virtuel." Au total, l'investissement total de La Poste dans cette opération est compris entre 35 000 et 40 000 euros.

Le lancement de cet espace syndical virtuel, initialement prévu en juin 2002, est repoussé à la demande des partenaires sociaux, faute de contenus électroniques disponibles. La signature de l'accord définitif a finalement été officialisée le 8 octobre dernier. Quelques jours plus tard, les 60 000 postiers équipés d'un poste de travail informatique individuel, découvrent les informations mises à leur disposition par les organisations syndicales.


Les réticences des managers sont rapidement tombées"


Raymond Llianès, La Poste

Huit mois après son lancement, l'opération est jugée totalement fructueuse par la direction de l'entreprise. "Les réticences de certains managers sont rapidement tombées", note Raymond Llianès. De nombreux cadres craignaient en effet que les représentants locaux des organisations syndicales ne soient informés des décisions de la direction avant qu'ils n'aient, eux-même, accès à l'information. "Curieusement, c'est exactement l'inverse qui se produit. Ces panneaux d'affichage virtuels sont d'abord une excellente source d'information pour les managers locaux."

Autre impact : une meilleure lisibilité des positions syndicales de la part de l'encardement. Avant la mise en place de l'intranet, l'une des grandes causes de blocage dans le dialogue social, venait de la ré-interprétation des positions des fédérations syndicales par les délégués syndicaux locaux. "Aujourd'hui, lorsqu'un directeur régional de l'entreprise rencontre le représentant d'une section locale, il connaît déjà via intranet la position de la fédération."

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Face à l'adhésion générale des collaborateurs à cette source d'information, l'Unsa, syndicat jugé non représentatif par la direction de La Poste avec 1,1 % des voix lors des dernières élections, a assigné la direction afin de pouvoir bénéficier du dispositif. Mais la juridiction saisie a conforté la direction de l'entreprise dans sa position.

A la différence de Renault, qui dispose d'un accord antérieur, La Poste n'envisage pas de réduire le nombre de panneaux d'affichages traditionnels. "Tous nos collaborateurs n'ont pas encore d'accès facile à l'Intranet, de sorte que la mesure est exclue. Enfin pour l'heure..."

Fabien Claire, Le Journal du Management
   
 
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