C'est à la suite de la mise en place
de l'intranet syndical sur l'intranet groupe de France Télécom en
juillet 2000 que les organisations syndicales de La Poste ont formulé
le souhait de bénéficier d'un dispositif analogue. Une aubaine pour
Martin Vial, alors à la tête de l'entreprise, qui souhaitait de
son côté moderniser l'entreprise en développant l'usage des technologies
de l'information, position qu'il a largement développée et illustrée
dans son ouvrage, La Lettre et la Toile (publié en 2000 chez
Albin Michel).
Très rapidement, les partenaires sociaux et la
direction des ressources humaines du groupe, pilotée par Georges Lefebvre,
conviennent d'ouvrir un accès intranet aux organisations syndicales
représentatives. Après plusieurs mois de négociations, le projet d'accord
est en passe d'être signé en janvier 2002 par six fédérations : CGT,
SUD, FO, CFDT, CFTC et CGC. Mais, fortes de leur expérience de l'intranet
syndical de France Télécom, les fédérations demandent
la possibilité de mettre à jour les informations de ce "panneau
d'affichage virtuel" depuis un poste informatique extérieur à
l'entreprise.
L'accord conclu
chez France Télécom impose en effet aux syndicats de se déplacer
au siège du groupe pour mettre à jour les informations. "Cette demande
nous a posé un important problème de sécurité, explique Raymond
Llianès,
directeur des relations sociales. Accéder à notre intranet hors
de l'entreprise, c'est accéder au système informatique des bureaux
de La Poste qui donne accès aux applications de types bancaires
utilisées par l'entreprise."
Au final, la gestion de cette question
de sécurité a demandé cinq mois de travail aux équipes informatiques
du groupe. La solution retenue passe par l'utilisation de six ordinateurs
portables spécifiques disposant de droits de connexion au réseau.
"Nous avons également formé deux personnes de chaque organisation
syndicales à l'utilisation des outils et au pilotage de ce panneau
d'affichage virtuel." Au total, l'investissement total de La Poste
dans cette opération est compris entre 35 000 et 40 000
euros.
Le lancement
de cet espace syndical virtuel, initialement prévu en juin
2002, est repoussé à la demande des partenaires sociaux,
faute de contenus électroniques disponibles. La
signature de l'accord définitif a finalement été
officialisée le 8 octobre dernier. Quelques jours plus tard, les
60 000 postiers équipés d'un poste de travail informatique
individuel, découvrent les informations mises à leur disposition
par les organisations syndicales.
Les réticences des managers sont
rapidement tombées"
Raymond Llianès, La Poste |
Huit mois après
son lancement, l'opération est jugée totalement fructueuse par la
direction de l'entreprise. "Les réticences de certains managers
sont rapidement tombées", note Raymond Llianès. De nombreux cadres
craignaient en effet que les représentants locaux des organisations
syndicales ne soient informés des décisions de la direction avant
qu'ils n'aient, eux-même, accès à l'information. "Curieusement,
c'est exactement l'inverse qui se produit. Ces panneaux d'affichage
virtuels sont d'abord une excellente source d'information pour les
managers locaux."
Autre impact :
une meilleure lisibilité des positions syndicales de la part
de l'encardement. Avant la mise en place de l'intranet, l'une des
grandes causes de blocage dans le dialogue social, venait de la
ré-interprétation des positions des fédérations syndicales par les
délégués syndicaux locaux. "Aujourd'hui, lorsqu'un directeur
régional de l'entreprise rencontre le représentant d'une section
locale, il connaît déjà via intranet la position de
la fédération."
Face à l'adhésion
générale des collaborateurs à cette source d'information, l'Unsa,
syndicat jugé non représentatif par la direction de La Poste avec
1,1 % des voix lors des dernières élections, a assigné la direction
afin de pouvoir bénéficier du dispositif. Mais la juridiction saisie
a conforté la direction de l'entreprise dans sa position.
A la différence
de Renault, qui dispose d'un accord antérieur, La Poste n'envisage
pas de réduire le nombre de panneaux d'affichages traditionnels.
"Tous nos collaborateurs n'ont pas encore d'accès facile à l'Intranet,
de sorte que la mesure est exclue. Enfin pour l'heure..."
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